Le Syndicat national des banques, assurances, micro finances, établissements financiers et commerces du Mali (Synabef) a entamé hier une nouvelle grève de 72 heures, après celle observée la semaine dernière. Ce débrayage fait suite à un préavis déposé le 7 octobre dernier, annonçant la reconduction de l’arrêt du travail si aucun compromis n’était trouvé.
En conséquence, seuls les guichets automatiques des banques concernées étaient en service hier. La Banque de développement du Mali (BDM S.A) et la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC) se sont désolidarisées de la grève. Quant à la Bank of Africa, son comité syndical n’est pas membre du Synabef.
La reconduction de la grève est insoutenable pour de nombreux clients, privés des opérations aux guichets. Beaucoup de personnes n’arrivent pas à toucher leur salaire. Rencontré à l’ACI 2000 devant une banque de la place, Mamadou Danfaga, agent de police, était venu pour une opération bancaire. «Franchement, cette situation est inadmissible. Les grévistes doivent tenir compte de la situation actuelle du pays», a-t-il dénoncé, avant d’attirer l’attention des grévistes sur le fait que certains parents qui doivent payer les fournitures scolaires pour leurs enfants, n’ont pas encore touché leur salaire à cause de cet arrêt du travail des banquiers.
Moussa Dembélé, un autre client, a invité les protagonistes à la retenue. « Ils doivent, selon lui, faire passer l’intérêt des clients qui traversent déjà des périodes très difficiles à cause de la situation du pays, devant leurs intérêts personnels».
Les grévistes vont-ils entendre les cris de détresse de leurs clients ? Pas si sûr. Les syndicalistes semblent déterminés à faire aboutir leur lutte. Ils montaient hier la garde dans les cours des banques concernées pour s’assurer du suivi strict du mot d’ordre de grève. À la Banque malienne de solidarité (BMS S.A), le secrétaire administratif du Synabef et ses camarades assuraient le piquet de grève.
«Le dimanche dernier nous étions autour de la table de négociations avec l’Association des banques et établissements financiers (APBEF) et le Comité des compagnies d’assurances (CCA) au ministère du Travail, de la Fonction et du Dialogue social de 17h à 2h du matin, en présence du ministre de l’Économie et des Finances.
Aucun point des revendications n’a été accepté par l’APBEF et le CCA», nous a confié Cheick Oumar Diakité qui a précisé ensuite que seuls les requêtes relatives aux conditions de vie et de travail des pompistes des stations services Shell, Total et Oryx et des agents du Pari mutuel urbain (PMU), ont été acceptées. Quitus a été également donné pour la régularisation de ceux qui travaillaient en gestion déléguée, a encore ajouté le syndicaliste.
Le gouvernement, dans son rôle d’arbitre, s’est beaucoup impliqué dans les négociations, a reconnu notre interlocuteur. Soucieux de la situation du pays, le Synabef a retiré devant le ministre du Travail, de la Fonction et du Dialogue, les points relatifs au directeur général de la Banque de développement du Mali, Brahima Haïdara, à Mme Kané Djénaba Sall et à la transposition et la relecture de la convention collective, a détaillé Cheick Oumar Diakité. Ces concessions n’ont pas pu faire fléchir la position des patrons de banques, a-t-il regretté, menaçant de poursuivre la grève si les doléances ne sont pas satisfaites.
Une source au niveau de l’APBEF indique que les parties vont se retrouver à nouveau autour de la table de négociations afin de parvenir à un compromis.
Babba B. COULIBALY
Source : L’ESSOR