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Bamako By Night, une soirée avec les prostituées, « on ne peut pas travailler pour les policiers »

Au Grand Marché de Bamako, il y a des vendeuses du jour et celles de nuit. Ces deux catégories n’ont pas les mêmes marchandises, ni les mêmes clients. Quelques heures avec ces vendeuses de nuit du Grand Marché de la ville de trois caïmans.

 

Il est 22 heures 30. Nous sommes au cœur du Grand Marché de Bamako, précisément dans le secteur de la gare ferroviaire, en compagnie d’aguichantes filles pratiquant le vieux métier du monde.
Bonsoir, jolie demoiselle !
-Bonsoir, Monsieur !
-Que vous êtes belle !
-Vous pensez ? En tous cas, merci !
-Puis – je connaître votre joli nom ?
-«Fatim», me dit-elle avec un sourire coquin.
-Êtes-vous disposé à aller avec moi dans le trou ‘’wola’’? me lança- t-elle, en me pointant du doigt le coin qui lui sert de chambre de passe.
-A 1.000 FCFA seulement et je te promets une belle partie …, s’exclama la belle de nuit pour mieux appâter votre serviteur.
-Dommage ! ce sera pour une autre fois car je suis épuisé après une rude journée de travail.
D’un pas léger, nous nous dirigeons auprès d’un jeune homme au teint légèrement brûlé assis sur un banc avec deux autres à faire du thé.
Il accepte volontiers notre compagnie. Nous lui offrons 200 FCFA pour renouveler le thé, qui en était au troisième à ses dires.
Il s’appelle Papa et est le maitre des lieux. A ce titre, il reçoit de ces nombreuses filles de joie, la somme de 2.000 FCFA par nuit.
Des fois, il se lève pour faire le tour du coin, afin d’alerter ses éléments de la présence des forces de l’ordre qui patrouillent dans la zone.

«Viens me donner la moitié de mon argent, Batoma. J’ai faim et je n’ai encore rien dans le ventre !», s’écria Papa, interpellant une jeune fille au teint noir dont la saillie postérieure accorche forcement le regard du fait de sa démarche. La jeune fille lui tend un vieux billet de 1. 000 FCFA.

«Faites vite, Founè ! Maï, arrêtez de papoter et venez me donner mes sous, aboie-t-il. ‘’Personne ne rentrera chez elle ce soir avec des arriérés !’’
De teint clair, la nommée Maï a à peine la vingtaine. Tenant en main une grande bouteille de bière, elle m’approche et me demande une clope.

Papa m’apprend qu’il est natif de Medina – Coura et qu’il tient cette affaire qui lui permet d’arrondir ses fins de mois depuis bientôt 20 ans.
Abordée par un jeune client, Batoma se dirige dans un ‘’petit trou’’ parmi les étals des commerçants. A peine quelques minutes et la revoilà.
-«C’est déjà fini ? Tu as vraiment été rapide », lui dis-je.
– « Oui, ce n’est pas de ma faute si le gars est un coq qui ne tient pas plus d’une minute».

Soudain, débarquent des éléments du commissariat du 1er arrondissement de police. Au signal du proxénète Papa, les filles accourent se réfugier sous les moustiquaires auprès de leurs bébés, et font semblant d’être dans les bras de Morphée.

-«Vous nous prenez pour des idiots ? Sortez d’ici tout de suite, on vous a vue à l’instant courir à vive allure. Soit, vous faites comme les autres, soit vous dégagez les lieux », déclara un flic d’un ton sévère. Un autre passe à l’offensive : il tire les couvertures et s’écrie à la vue des nourrissons :
-‘’Vous avez le culot d’amener ici vos bébés ? ‘’
-‘’ Cotisez ! Allez, chacune 2.000 FCFA pour libérer ces policiers ! Je suis fatigué de négocier tout le temps avec eux pour vous laisser tranquilles !», dit le maitre de céans.
-‘’Je n’ai sur moi que 1. 000 FCFA’’, rétorqua Fatim.
-‘’ Jamais ! On ne prend pas mille FCFA ! Nous allons vous embarquer au commissariat avec vos enfants’’, réplique un policier.

La dizaine de filles se concertent et tendent 20.000 FCFA pour ne pas passer la nuit au commissariat.
Les flics se mettent à contrôler les vignettes des rares motocyclistes s’aventurant et surprennent un jeunot pris en flagrant délit de racolage. Il paie et se tire …
-‘’Nous sommes fatiguées par ces policiers. On doit payer 2. 000 FCFA aux 1er, 2è, 3è arrondissements ainsi qu’à la police du chemin de fer. Imaginez si vous gagnez 10. OOO FCFA la nuit, il ne restera plus que 1 000 FCFA, le prix du taxi pour regagner le domicile familial. On ne peut pas travailler pour eux. Moi, je préfère passer la nuit au commissariat. Je ne paierai plus un Kopeck’’ vociféra une fille à la voix rauque, la taille élancée et moins belle que les autres.

Source :  Le Challenger

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