En ce jeudi 22 mai 2025, la capitale malienne a accueilli une rencontre diplomatique d’une importance capitale pour l’avenir de l’intégration ouest-africaine. En effet, une délégation de haut niveau composée des Ministres des Affaires étrangères des États membres de la Confédération AES (Alliance des États du Sahel) et du Président de la Commission de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est réunie à Bamako, dans le cadre de consultations préalables à l’ouverture formelle des négociations entre les deux entités.
Bamada.net-Cette initiative fait suite à la décision historique des États membres de l’AES – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – de se retirer de la CEDEAO en janvier 2024, invoquant une profonde divergence de vues sur les priorités sécuritaires, politiques et souverainistes. Depuis, les regards étaient tournés vers l’évolution des relations entre la Confédération nouvellement créée et l’organisation régionale dont elle était membre fondatrice.
Des consultations franches et structurantes
Au cours de cette journée d’échanges, les deux parties ont adopté un Relevé de conclusions qui jette les bases d’un dialogue structuré. Selon le communiqué conjoint consulté par Bamada.net, les discussions ont permis d’aborder des thématiques majeures telles que les questions politiques, diplomatiques, juridiques, institutionnelles et sécuritaires, sans oublier les aspects liés au développement économique et social.
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La réunion de Bamako a été marquée par un esprit de respect mutuel, de responsabilité et de volonté commune de trouver une voie de coopération bénéfique aux peuples ouest-africains. Elle constitue une première étape vers l’établissement d’un cadre de négociation pouvant mener à de nouveaux accords dans le respect des choix souverains des États de l’AES.
Des intérêts partagés malgré les ruptures
Malgré la rupture institutionnelle opérée par la Confédération AES, les deux parties ont souligné l’importance de préserver les acquis de l’intégration sous-régionale, notamment la libre circulation des personnes et des biens, pierre angulaire du projet communautaire ouest-africain.
Les Chefs d’État des deux camps, à travers leurs représentants, ont réaffirmé leur volonté de privilégier l’intérêt supérieur des populations, en mettant l’accent sur le dialogue, la concertation et la paix. Il s’agit d’un signal fort envoyé à une sous-région marquée par l’instabilité, les défis sécuritaires transfrontaliers, et une conjoncture économique difficile.
Une urgence sécuritaire partagée
La convergence des préoccupations autour de la situation sécuritaire dans le Sahel a également occupé une place centrale dans les échanges. Les parties ont reconnu l’urgence de créer les conditions nécessaires à une coopération renforcée, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, qui continue de semer la désolation dans plusieurs pays de la région.
Cette reconnaissance mutuelle de l’ennemi commun – les groupes armés terroristes – pourrait poser les bases d’une nouvelle architecture de sécurité régionale, moins sujette aux influences extérieures, et davantage axée sur des partenariats endogènes.
Un nouveau départ sous le signe de la fraternité
L’ambiance qui a prévalu lors de ces consultations laisse entrevoir une volonté partagée de tourner une page conflictuelle pour écrire un nouveau chapitre fondé sur la fraternité et le réalisme politique. Le communiqué final salue « l’esprit de fraternité et de responsabilité » ayant animé ces échanges, et confirme la poursuite du dialogue entre la Confédération AES et la CEDEAO.
Même si les divergences de fond subsistent, cette rencontre de Bamako pourrait représenter un tournant décisif dans la redéfinition des relations régionales. Elle prouve que le dialogue demeure possible, même après des décisions politiques lourdes de conséquences.
Une région en mutation
Alors que les peuples de l’espace ouest-africain aspirent à plus de souveraineté, de sécurité et de prospérité, la dynamique engagée entre la CEDEAO et la Confédération AES pourrait offrir un modèle alternatif d’intégration, mieux adapté aux réalités contemporaines du Sahel.
L’avenir dira si cette initiative portera ses fruits. Mais pour l’heure, Bamako a offert au continent l’exemple d’un dialogue constructif, guidé non par la confrontation, mais par la quête d’un équilibre régional nouveau.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net