Aujourd’hui s’ouvre à Bamako la première réunion AES-CEDEAO sur les modalités de séparation des trois pays (Mali, Niger, Burkina) de l’organisation sous-régionale. Une avancée significative dans les discussions entre les deux parties, intervenant en droite ligne des recommandations de la dernière session du Conseil des Ministres de la CEDEAO tenue à Accra, au Ghana, en avril dernier, consacrée à l’examiner du Plan de contingence et des Modalités de retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté.
A l’issue de cette session extraordinaire qui a réuni les ministres des Affaires étrangères ainsi que leurs homologues des Finances de l’organisation, le Conseil a certes regretté le retrait des trois pays qui bouleverse les équilibres régionaux, mais a plaidé pour “la sagesse et l’unité” afin de préserver la cohésion et le bien-être des peuples de l’Afrique de l’Ouest. De quoi envisager de nouvelles relations apaisées entre les deux organisations ouest-africaines qui vont désormais définir ensemble les modalités de leur cohabitation notamment face à certains défis communs et dans l’intérêt des populations ouest africaines. La rencontre de Bamako s’inscrit dans cette dynamique. Pour rappel, c’est en marge du lancement officiel des festivités du Cinquantenaire de l’organisation que le Conseil des ministres de la CEDEAO a tenu sa session extraordinaire, les 22 et 23 avril 2025, consacrée sur le plan de contingence et les modalités de retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO.
Au menu de cette réunion, les chefs de la diplomatie et leurs homologues des Finances avaient examiné les plans de contingence et les modalités de séparation, notamment “l’impact sur les programmes en cours, la relocalisation des institutions et la poursuite de la libre circulation des personnes et des biens à travers la région”.
En accueillant les délégués, le ministre des Affaires étrangères du Ghana, Samuel Okudzeto Ablakwa, avait planté le décor en réaffirmant l’engagement de son pays envers l’intégration politique et économique de l’Afrique de l’Ouest, avant de saluer le parcours de 50 années de la CEDEAO, non pas sans remercier l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement pour avoir confié au Ghana l’organisation de la session qui revêt une importance cruciale tant pour l’organisation que pour l’ensemble des peuples de la sous-région ouest-africaine. « Bien que les relations puissent être rompues sur le papier, la réalité sur le terrain raconte une autre histoire », avait-il déclaré, mettant en avant les liens culturels et économiques profonds qui unissent les peuples ouest-africains. De son côté, Dr Omar Alieu Touray, le Président de la Commission de la CEDEAO, avait axé son intervention sur l’engagement de la Communauté à préserver ses valeurs fondamentales face au retrait formel du Burkina Faso, du Mali et du Niger, un retrait nécessitant à ses yeux une réponse coordonnée.
Le plan de contingence élaboré par les institutions de la CEDEAO, couvrant cinq domaines critiques, avait alors été présenté : ajustements juridiques et institutionnels ; accès au marché et intégration économique ; coopération en matière de paix et de sécurité ; programmes de développement sectoriel ; et développement humain, y compris l’éducation et la santé.
L’approche que prône visiblement la CEDEAO rejoint dans une large mesure celle de la Confédération des États de l’AES. En effet, des deux côtés, c’est l’intérêt des populations ouest-africaines qui est mis en avant comme enjeu principal des futures négociations et du partenariat à convenir. Quelles retombées donc pour la rencontre de Bamako d’aujourd’hui ? Les conclusions nous édifieront ! ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
Source : Le Soir de Bamako