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Baisse du prix de cession du litre de Mali-lait: le niet catégorique des producteurs

La direction de l’usine Mali-lait-SA a décidé, par un avis, en date du mercredi 31 mai dernier, qu’à « compter du jeudi 1er juin 2017, le prix de cession du litre de lait de collecte est fixé à 350 FCFA TTC », au lieu de 400 FCFA, le prix pratiqué, depuis des années, sur la base d’un contrat moral entre les producteurs et l’usine Mali-lait.

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Ayant pris connaissance de cet avis, le président de la Chambre régionale d’Agriculture du District de Bamako, non moins 5e vice-président de l’Assemblée permanente de la Chambre d’Agriculture du Mali (APCAM), chargé des questions d’élevage, également producteur laitier, Sanoussi Bouya SYLLA, a aimé, vendredi dernier dans l’après-midi, à la Direction régionale d’Agriculture du District de Bamako, un point de presse, pour dénoncer le caractère unilatéral de la décision. En plus de la désapprobation du prix proposé par l’usine, les producteurs ont formulé de nouvelles doléances.
D’ailleurs, une réunion d’information de tous les producteurs de lait de Bamako et environ est prévue ce matin à la Direction régionale de la Chambre d’Agriculture du District de Bamako.

Comment est né Mali-lait ?
Selon le conférencier, Mali-lait qui est issu de l’Union laitière de Bamako (ULB), créée en 1967 par le gouvernement, l’UNICEF et la FAO. Elle est opérationnelle depuis 1969. En effet, soutient M SYLLA, c’est au regard de l’importance du potentiel malien en élevage, qu’il a été décidé de créer une unité qui va transformer le lait cru pour la nutrition des Maliens.
Déjà, soutient le conférencier, en 1982, l’usine avait la capacité de traiter 30 000 litres par jour. Aussi, a-t-il révélé, l’usine était établie sur plus d’un hectare à gauche et de deux hectares à droite pour la collecte des eaux usées. Cette superficie était prévue pour son extension en cas de besoin.
En 1994, le Mali a vendu l’ULB à un opérateur économique à qui les producteurs de lait livrent du lait depuis.
Par le passé, a rappelé le conférencier, il y a eu des problèmes sérieux sur lesquels les anciens ministres Madeleine BA et TRETA ont intervenu pour trouver des solutions.
« Cette fois-ci, nous pensons que c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », dira le conférencier. En effet, explique-t-il, depuis 1994, jusqu’à nos jours, les producteurs de lait fournissent à Mali-lait du lait sur la base d’un contrat moral. Et à la fin du mois, chaque fournisseur est payé en fonction de la quantité fournie, en raison de 400 FCFA le litre de lait. Au fait, les producteurs amènent leur lait à l’usine où chacun dispose d’un numéro.

La fausse excuse de Mali-lait
« Nous savons bien que Mali-lait traite du lait en poudre importé. C’est ça la vraie problématique », a martelé M SYLLA. Pour lui, c’est le lait en poudre importé qui fait que les importants efforts consentis par le gouvernement malien, pour que le lait cru malien soit valorisé, n’ont pas produit les effets escomptés.
Par ailleurs, le conférencier a fait un rappel des efforts consentis par le gouvernement pour la valorisation du lait malien. Il a cité le PRODEVALAIT, un projet financé à coût de milliards de FCFA pour la promotion du lait cru local ; la remise de 125 000 doses d’insémination artificielle par le Roi du Maroc pour la performance des animaux de notre élevage dans la production du lait et de la viande ; la création du Centre national d’insémination artificielle, pour développer le lait ; l’exonération de l’aliment bétail, etc.
Selon M SYLLA, en un moment donné, l’excuse de Mali-lait était que la production locale était insuffisante et qu’il lui faut importer du lait en poudre.
« En 2017, nous arrivons à livrer une quantité de lait qu’il ne peut plus prendre. Car la société n’a pas fait le travail de développement nécessaire de l’usine. Et l’usine ne peut pas prendre tout notre lait produit ».

L’avis de la discorde
Le 31 mai, les personnes qui sont parties livrées le lait ont trouvé l’avis en question qui annonce que le prix de cession de litre de lait passe désormais de 400 FCFA à 350 FCFA, à compter du lendemain 1er juin 2017.
Pour eux, rien sur le marché ne saurait justifier cette baisse du prix de cession du litre de lait.
« Aujourd’hui, 10 000 personnes travaillent directement dans les parcs de vaches et la chaîne de production de lait ; sans compter les emplois indirects. Il suffit de passer dans les différents marchés à bétail pour se rendre compte de l’importance du nombre de personnes qui travaillent autour du lait. »
Selon le conférencier, en 1994, année de cession de Mali-lait, le prix de la tonne de tourteau était de 25 000 FCFA. Aujourd’hui, la même tonne est vendue parfois à 175 000 FCFA. Mais le prix du lait n’a pas connu de hausse.
« Une seule personne s’assoit dans son bureau, de façon unilatérale sans appeler ses partenaires autour d’une table ou consulter les autorités publiques, Mme le ministre de l’Élevage et de la pêche dit être surprise de la fixation de ce prix, lors de la cérémonie de commémoration de la journée mondiale du lait, le 1er juin. Il n’a touché ni le ministère ni l’’APCAM ni la Chambre de Bamako dont je suis le président », a-t-il regretté.

Les nouvelles doléances des producteurs
Le conférencier a profité de l’occasion pour réclamer de nouvelles conditions à Mali-lait, à savoir : prendre le lait du matin et mettre un dispositif en place jusqu’à 20 heures pour le lait du soir ; que Mali-lait prenne le lait des samedis et dimanches ; et qu’il mette un dispositif en place pour les jours chômés afin que les producteurs puissent verser leur lait dans un système frigorifique pour le reprendre le lendemain.
Selon M SYLLA, ailleurs, une firme de cette envergure va chercher le lait à la ferme. On ne l’amène pas le lait à l’usine. Du coup, au Mali, les producteurs sont devenus des transformateurs et distributeurs de lait. Toute chose qui se greffe à leurs charges.
Certes, convient-il que le lait est aujourd’hui un enjeu politique, économique et social.
Cependant, note M SYLLA, les producteurs de lait n’ont pas besoin d’actions violentes au regard de la situation du pays.
Ainsi, il a convié tous les producteurs de lait de Bamako et environ, ce matin au siège de la Chambre régionale d’Agriculture, à une réunion d’information.
Pour éviter un affrontement inutile, il dit attendre les bons offices du gouvernement pour que le prix de cession du litre de lait reste à 400 FCFA comme d’habitude ; mais que le lait soit pris matin et soir, les jours fériés et chômés.

L’épreuve de force des producteurs
Le conférencier dit avoir saisi le ministère de l’Élevage et de la pêche, le ministère de l’Agriculture, le ministère du Développement industriel, le ministère du Commerce. « S’il n’y a pas de solution, nous allons à l’épreuve de force. On ne va pas arrêter la production du lait, qui fait vivre des milliers de Maliens. Nous allons verser le lait à Bamako. Si Mali-lait veut imposer son prix de 350 FCFA, nous allons verser notre lait. Parce que nous préférons verser notre lait que de prendre les 350 FCFA le litre ». Et M SYLLA de s’empresser de préciser : « Pour le moment, nous ne sommes pas à ce stade ».
« D’ailleurs, si vraiment, Mali-lait comme aujourd’hui, essaye de faire ce qui l’intéresse, nous demandons qu’il nous dise le prix de son usine, nous allons voir comment la racheter. Tel est l’assentiment de tous les producteurs du lait », soutient M SYLLA.
« S’il ne peut pas, les producteurs sont prêts à reprendre l’usine s’il le veut. En tout cas, nous n’utiliserons pas le lait en poudre, mais uniquement du lait cru malien », rassure le conférencier.
À défaut de statistiques fiable, selon le conférencier, la quantité de lait que Mali-lait prend uniquement le matin passe en moyenne de 12 000 à 15 000 litres par jour (du lundi au vendredi). La production du soir est vendue à d’autres consommateurs. Car à partir de 13 heures, Mali-lait ne reçoit plus de lait.
Face l’arbitraire de l’usine, M. SYLLA est convaincu que l’APCAM et tous les acteurs du monde rural sont solidaires avec les producteurs dans leur noble et juste combat.

Par Sékou CAMARA

 

Source: info-matin

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