Les résultats du baccalauréat ont été catastrophiques cette année : le taux de réussite affiché est de 25%. Yacouba Drame invite les enseignants à reconnaître leur forte part de responsabilité et à revoir leur copie pour inverser la tendance.
Après une année scolaire catastrophique, les résultats du baccalauréat malien, session d’août 2019 , ont été rendus publics ce 31 août. On ne s’y attendait peut-être pas, mais ils sont catastrophiques dans l’ensemble : environ 75% de taux d’échec. Une question qui me taraude depuis la proclamation de ces résultats du baccalauréat : pourquoi cet échec ? La réponse à cette question n’est point cachée dans l’antichambre du ministère de l’Éducation nationale, ni même dans l’enveloppe qui contenait les sujets du bac. Elle se trouve dans la main de l’ensemble des acteurs du monde scolaire, en premier lieu les enseignants qui, depuis plus d’une décennie, refusent de considérer ces expressions : se remettre en cause, revoir sa copie, autocritique…
Le non-respect du volume horaire, l’absentéisme, le manque de discipline, le non-respect de la déontologie sont, entre autres, les maux qui gangrènent notre école. À cela, s’ajoute la grève la plus longue menée par les enseignants au cours de ces dix dernières années. Cette grève de près de 5 mois sur les 9 que compte une année scolaire a mis à nu les intentions réelles des acteurs scolaires. Certes, la grève était légitime pour qui connaît les conditions de travail des enseignants, mais le jusqu’au-boutisme des grévistes a joué énormément sur le rendement. Le dernier coup de grâce fut la décision des syndicats de boycotter le calendrier proposé par le gouvernement pour rattraper le volume horaire perdu.
Les enseignants doivent prendre conscience
Il est temps que l’enseignant, sans être vraiment responsable de tous les maux de notre système éducatif, accepte de corriger sa part de défaillance dans ce système.
L’analyse des résultats du baccalauréat malien doit gravement les interpeller. Les enseignants ont tour à tour distribué les cours, surveillé les épreuves et corrigé les copies. Donc, ils savent où se situe le problème, il ne reste qu’à le circonscrire. Toutes choses qu’ils peinent à faire.
Qu’est-ce qui n’a pas été « tenté » dans notre pays pour améliorer la qualité de l’enseignement ? Des assises, des forums, des débats publics,l’introduction des écoles privées , l’enseignement des nouvelles technologies, souvent même des décisions politiques fortes comme la réforme des lycées en 2011. Malgré tout cela, les résultats demeurent toujours catastrophiques.
Aujourd’hui les enseignants peuvent se targuer d’avoir un syndicat fort , mais cela ne suffit pas car les syndicats réclament des droits et peinent à être une force de propositions pour améliorer la qualité de l’enseignement.
A qui la faute ?
Ce taux de 25% est le reflet du niveau de travail des enseignants. Il faut reconnaître que ce taux nous ressemble, nous enseignants, qu’il récompense également l’ensemble de nos acrobaties lors des cours distribués, lors des surveillances ou encore lors des corrections. Qui est surpris par les gymnastiques que certains acteurs de l’éducation font pour se faire une santé ou un nom en termes de bons résultats ?
Ils sont nombreux ces acteurs (souvent appelés chefs) qui dictent des ordres pour avoir un certains taux de réussite. Le système éducatif actuel est pro-élève selon les enseignants, pourtant les résultats ne s’en font pas ressentir.
L’enseignement est un noble métier, il est plus que nécessaire que nos braves professeurs se remettent en cause, revoient les mauvais comportements à bannir de notre système éducatif, pour qu’enfin la vocation puisse l’emporter sur le pécuniaire.
Source: Benbere