Les auteurs iraniens des attentats meurtriers de Téhéran qui, selon un dernier bilan établi jeudi ont fait 17 morts, étaient membres du groupe Etat islamique (EI) et avaient déjà agi en Syrie et en Irak avant de revenir en Iran.
Les attentats ont été commis par des hommes armés dont certains étaient déguisés en femmes et des kamikazes qui se sont fait exploser.
Après avoir rejoint l’EI, les auteurs des attentats, tous morts, « ont participé à des crimes commis par ce groupe terroriste à Mossoul (Irak) et Raqa (Syrie) », a révélé jeudi le ministère iranien des Renseignements.
Ils étaient revenus une première fois en Iran à l’été 2016 « avec l’intention de mener des opérations terroristes dans des villes religieuses » sous la direction d’Abou Aisha, « un haut commandant » de l’EI.
Ils avaient été contraints de quitter l’Iran après qu’Abou Aisha y eut été tué, avant de revenir pour y commettre les attaques à Téhéran.
Le ministère des Renseignements a publié les photos et les prénoms de ces hommes qui, contrairement à ce qui avait été annoncé mercredi, étaient cinq et non six.
« Il y a plusieurs dizaines de combattants iraniens » au sein de l’EI, « notamment en Irak, en Syrie et en Afghanistan », selon Clément Therme, de l’Institut International d’études stratégiques (IISS).
L’Iran est engagé en Irak et en Syrie aux côtés des gouvernements de ces deux pays pour y combattre des groupes rebelles et jihadistes, dont l’EI.
Bien que Washington combatte aussi l’EI, le président américain Donald Trump a estimé après les attentats de Téhéran que « les Etats qui appuient le terrorisme risquent de devenir les victimes du mal qu’ils soutiennent ».
Répugnants
« Le communiqué de la Maison Blanche et les sanctions du Sénat sont répugnants alors que les Iraniens font face à la terreur soutenue par les clients des Américains », a réagi le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif.
Parallèlement au communiqué de Donald Trump, le Sénat américain a en effet voté par 92 voix contre 7 de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran pour « soutien à des actes de terrorisme international ».
L’administration américaine a imposé de nouvelles sanctions contre l’Iran pour son soutien supposé à des groupes « terroristes » du Moyen-Orient, ses essais de missiles balistiques et ses atteintes aux droits de l’Homme.
Depuis l’entrée en fonction du président Trump en janvier, les relations entre Washington et Téhéran qui ont rompu tout lien diplomatique après la révolution islamique de 1979, n’ont cessé d’empirer.
Lors d’un récent voyage en Arabie saoudite, grande rivale sunnite de l’Iran chiite, Trump avait appelé toutes les nations « à isoler l’Iran ».
Sur les réseaux sociaux, des Iraniens se sont également montrés outrés par son attitude au moment où leur pays est confronté aux premiers attentats revendiqués par l’Etat islamique (EI) sur leur sol.
Ils ont rappelé qu’au moment de l’attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trade Centre à New York (3.000 morts), commis par des jihadistes d’Al-Qaïda, ils avaient allumé des bougies à Téhéran en hommage aux victimes.
Les attentats de Téhéran ont visé mercredi deux lieux hautement symboliques de la capitale iranienne, le Parlement et le mausolée de l’imam Khomeini, père fondateur de la République islamique d’Iran née en 1979.
Rôle de Ryad
Les puissants Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime, ont accusé les Etats-Unis et l’Arabie saoudite d’être « impliqués » dans ces attentats.
Mais selon le ministre des Renseignements, Mahmoud Alavi, il est encore trop tôt « pour juger si l’Arabie saoudite a eu un rôle ».
Le guide suprême a lui tenu à minimiser les attaques « qui n’auront aucun effet sur la détermination du peuple iranien ».
Dans une vidéo publiée en mars, l’EI avait menacé l’Iran, affirmant que le groupe allait conquérir ce pays, « le rendre à la nation musulmane sunnite » et provoquer un bain de sang chez les chiites.
Si ces dernières années certaines régions proches des frontières avec l’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan ont été ciblées par des groupes armés, les grands centres urbains avaient jusqu’alors été épargnés.
C’est précisément près de ces frontières que vivent principalement les membres de la minorité sunnite d’Iran.
Source: journaldumali