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Assises de Bamako : Le délinquant sexuel au cachot

Avec le consentement de la jeune fille, il l’hébergeait chez lui durant un bon moment. À la barre, père et fille ont soufflé dans la même trompète. Mais les juges ont dit le droit

 

«Vol qualifié, attentat à la pudeur et incitation à la débauche » : tels étaient les accusations retenues contre SM alias Zapa. Ce jeune homme âgé d’une vingtaine d’années environ est passé en Cour d’assises, la semaine dernière pour être jugé conformément à la loi qui réprime les faits de crime à travers certaines dispositions de articles 252, 253, 225 alinéa 4, 229 alinéa 1 du code pénal. Ils peuvent de ce fait donner lieu à des peines criminelles.

En 2019, SM alias Zapa venait de rencontrer fortuitement la demoiselle RT à Sirakoro Dunfing, un quartier populeux de la périphérie de la Commune III du District de Bamako. Si le garçon était dans la vingtaine au moment des faits, la fille elle, était âgée d’environ quinze ans. Du mois, si l’on en croit l’arrêt de renvoi. Cette rencontre entre ces deux individus était au début une relation amoureuse qui a duré environ six mois.

Pendant tout ce temps, les voisins et proches des deux petits tourtereaux ont fait un constat : très régulièrement, la jeune fille fuyait le domicile parentale pour aller se réfugier chez son amant Zapa. Lorsque la fille disparaît de chez ses parents, il semblait qu’elle le faisait à l’insu de ces derniers. Nos n’avons pas pu comprendre si les géniteurs de la jeune fille la recherchait ou pas lorsqu’elle disparaissait du domicile parentale. Mais cependant, il est établi que lorsqu’elle sortait chez elle, c’était pour aller loger chez son amant durant un temps relativement plus ou moins long. L’appétit vient en mangeant, dit-on.

Au départ, RT passait les nuits chez le jeune homme. Lorsqu’elle a commencé à prendre goût à cette autre vie, elle a décidé d’y déménager carrément sans crainte aucune. Et le jeune homme ne faisait rien pour l’en dissuader. Mieux, ce dernier l’hébergeait également sans autre forme de procès. La jeune fille avait commencé à passer juste deux semaines. Avec le temps, sachant qu’elle pouvait passer plus de temps chez son amant, elle a revu son temps à la hausse. Au lieu de deux semaines, elle y passait désormais une vingtaine de jours, sans se soucier d’éventuelles conséquences pouvant découler de son acte.

Avec le temps, HT le père de la fille a fini par prendre l’absence prolongée au sérieux. Il est allé informer les gendarmes du Camp I de cette situation dont selon lui, le jeune homme serait le seul responsable. Par la suite, les officiers de police judiciaire de l’Unité des recherches du Camp I ont retrouvé le garçon concerné. Ils l’auraient fait une sévère mise en garde contre sa pratique consistant à entretenir des rapports intimes avec une mineure. Il semblait que les pandores lui ont fait ces mêmes mises en garde à plusieurs reprises. à chaque fois, leurs avertissements tombaient dans les oreilles d’un sourd.

Le père de la jeune fille a compris que ce n’était pas une chose facile de mettre fin à une telle pratique surtout entre des individus d’un certain âge. C’est ainsi qu’il a décidé de les séparer par la force. Il a envoyé sa fillette dans leur grande famille à Koulouba-Sokonafing, où il l’a même transféré dans un autre établissement scolaire.

Histoire de la faire oublier le garçon. Malgré tout rien n’y fait. Le père de la jeune fille n’avait pas compté avec le courage du jeune homme. Surtout, l’amour qui unissait ce dernier à sa fille. C’est ainsi que, même déménagée chez ses grands-parents, le garçon n’hésitait pas à faire le déplacement pour aller voir la fille là-bas. C’était devenu finalement un problème pour le père qui se souciait de l’avenir de sa fille.

Il a été obligé de contacter le commissariat de police du 8è arrondissement pour cette histoire qui lui coupait le sommeil. Les policiers n’ont pas perdu de temps pour interpeller Zapa. Ces derniers l’ont remis à la Brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfance où une enquête a été ouverte. à la suite de celle-ci, les policiers ont découvert que la veille même de son interpellation, avec la complicité d’un certain « B », Zapa avait braqué deux autres demoiselles en leur soutirant leurs téléphones portables et leurs sacs contenant des effets scolaires. Par la suite, le garçon s’est retrouvé devant un magistrat instructeur qui l’a accusé de « vol qualifié, d’attentat à la pudeur et d’incitation à la débauche ».
De teint clair habillé d’un pantalon Jean assortit d’un pull-over rouge, Zapa s’est présenté à la barre.

L’inculpé a reconnu tous les faits, excepté celui portant sur « incitation à la débauche ». A ce propos, il a affirmé qu’il savait tout sauf que la nommée RT était une mineure. L’accusé s’est défendu en expliquant qu’à ses yeux, la fille était suffisamment grande pour qu’il sorte avec elle. Mieux que çà, il a clairement expliqué, sans se gêner aucunement, qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre. En somme, la fille était donc consentante de tout ce qui s’est passé entre en intimité. Néanmoins, à la barre, l’inculpé s’est confondu en excuses, en demandant pardon à la Cour. Il est allé jusqu’à juré qu’il se méfiera désormais des femmes.

Habillée d’un tissu Wax cousu en robe longue, la jeune fille longiligne, de teint noir, est passée à son tour à la barre. Mine de rien, elle a balayé toutes les déclarations du jeune homme d’un revers de main. Elle s’est vue dans un rôle de le charger maintenant. Elle a ainsi affirmé avoir subit toutes les relations intimes sous la contrainte, et sous la menace d’une arme blanche de la part de celui qui a été son bourreau à l’époque. « Il partait me chercher à l’école pour m’amener et m’enfermer chez lui », explique-t-elle.

Le garçon est repassé à la barre pour répondre à certaines questions qui tenaient les jurés à cœur. C’était de savoir d’abord si la fille était vierge avant, puis à combien de reprises il avait couché avec elle pendant tout ce temps qu’ils ont passé ensemble. Pour lever toute équivoque, le garçon s’est défendu soutenant que la fille connaissait déjà un homme avant lui. Ensuite, il a ajouté ne l’avoir touchée qu’une seule fois.

« Faux », rétorque la victime qui précise qu’ils avaient couché à trois reprises et qu’elle n’avait jamais connu d’homme avant lui. D’où cette précision du juge, selon qui la marge entre une fois et trois fois est très mince ? Ce qui a d’ailleurs provoqué des éclats de rire dans la salle. Partant de tout ce qui précède, les jurés ont décelé une totale incohérence dans les propos de la jeune fille. C’est pourquoi, ils n’ont pas hésité à la qualifier de menteuse. Le juge a estimé que le garçon et la fille sont des individus de mêmes types. Selon le magistrat, ils étaient tous deux consentants dans cette histoire. Lorsque le père de la fille est passé à la barre, c’était pour rappeler qu’il avait maintes fois averti le garçon de laisser sa fille tranquille. Mais en dépit de tout ce dernier continuait à la poursuivre dans le but de la séquestrer afin d’entretenir des relations intimes avec elle.

Pour le parquet, ces actes sont une série de crimes punissables. Sans vouloir faire traîner le débat, le défenseur des citoyens a requis de maintenir le jeune homme dans les liens de l’accusation. Quant à l’avocat, il pense que son client n’est pas un délinquant qualifié, pour n’avoir jamais passé par la case prison. Lorsqu’il s’est prononcé sur le cas des téléphones portables, l’avocat a minimisé la valeur marchande de ces deux appareils, tout en estimant que ces cas ne doivent aucunement être considérés comme des cas de vol qualifié.

Après délibération, Zapa a été reconnu coupable des faits de vol qualifié, d’enlèvement et d’exercice d’actes sexuels sur mineure. Il a néanmoins bénéficié de circonstances atténuantes et écopé de cinq ans de réclusion. Il va devoir attendre deux ans encore car il était au cachot depuis trois ans déjà.

Rokiatou Traoré

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