Sur les cinq groupes parlementaires, un seul représentera l’opposition. Trois députés choisissent d’être non-inscrits
L’Assemblée nationale possède désormais un règlement intérieur et compte cinq groupes parlementaires (dont un de l’opposition) et trois non-inscrits. Tel est le bilan de la plénière du vendredi dernier. Une plénière qui a commencé par prendre connaissance de l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui valide définitivement le nouveau règlement intérieur, lequel a pris en compte la remarque de la haute juridiction relative aux non-inscrits dans la répartition des temps de parole lors des questions d’actualité à venir.
Le président de l’Assemblée nationale a ensuite invité les députés à se constituer en groupes parlementaires. Cinq groupes parlementaires se sont alors formés. Sans surprise le groupe parlementaire « Rassemblement pour le Mali », le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta, est sorti comme première force politique de l’Assemblée avec ses 70 députés. Par ordre d’importance, il est suivi du groupe « Alliance pour le Mali » qui regroupe 27 élus provenant de 11 partis. Suivent le groupe dénommé « Vigilance républicaine et démocratique » constitué des élus de l’URD, du PARENA et du PRVM avec 21 députés, du groupe parlementaire ADEMA avec 16 députés et du groupe FARE-SADI qui totalise 10 députés. Trois députés – à savoir Halidou Bonzèye, élu à Ansongo, Elias Goro, élu à Douentza et Bakary Doumbia, élu à Bougouni – ont choisi de rester non-inscrits.
La déclaration politique faite par chacun des blocs à l’issue de la constitution des groupes parlementaires a permis de définir le positionnement de ceux-CI. Le RPM va en toute logique soutenir l’action du président Ibrahim Boubacar Keïta. « C’est dans un contexte économique, politique et social difficile que se sont déroulées les élections que nous venons de vivre », a dit le porte-parole des Tisserands, Seydou Doumbia. La situation s’améliore, mais les défis restent grands et multiples. Parmi les préoccupations à prendre en charge, Seydou Doumbia a cité les problèmes liés à la sécurité, à la paix, à la réconciliation nationale, à la reconstruction du tissu social, à l’amélioration du cadre de vie des populations, à l’employabilité des jeunes, à la promotion du genre et à l’expression concrète de la solidarité.
LUCIDITÉ DANS LES CHOIX. « La réconciliation nationale est une impérieuse nécessité après la rupture du tissu social occasionnée par la guerre. Notre pays a besoin que la vérité soit dite, que justice soit rendue et que les responsabilités soient situées », a t-il estimé. Le groupe parlementaire RPM s’inscrit dans la réussite des missions collectives de tout député, œuvrera avec lucidité dans les choix, respectera la recherche de la vérité et la constance de sincérité dans les comportements de tous les jours, a assuré son porte-parole. Il s’engage à traduire en actes le concept cher au président Ibrahim Boubacar Keïta, à savoir « Pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens ».
Le groupe, a assuré l’honorable Seydou Doumbia, se veut le socle de la majorité parlementaire, le creuset de toutes les bonnes initiatives pour l’élévation du niveau des débats, le professionnalisme dans les activités parlementaires et le respect de la différence telle que l’exige une Assemblée nationale digne du grand peuple du Mali.
Intervenant au nom du groupe parlementaire « Vigilance républicaine et démocratique », Soumaïla Cissé, le challenger de Ibrahim Boubacar Keïta à la présidentielle, a soutenu que « ni l’heure, ni les enjeux ne sont à la distribution d’honneurs, de privilèges, de petits arrangements, de vaines discussions ou d’interminables tergiversations. L’heure et les enjeux sont à l’identification des urgences, au débat positif d’idées, à la recherche concrète de solutions, à l’action et l’investissement prioritaires ». Telle sera la ligne de conduite de son groupe parlementaire.
« Nous nous inscrivons dans l’opposition républicaine et resterons solidaires dans le respect de l’identité de chaque composante du groupe. Nous définirons, par nos propositions et nos amendements, les fondements d’une alternative au pouvoir en place », a poursuivi le député élu à Niafunké. Il a appelé de tous ses vœux l’avènement d’un vrai débat public, aux délibérations fertiles, aux élans patriotiques qui défendent les intérêts nationaux. Il a aussi insisté sur « cette rénovation du fonctionnement de notre Assemblée dans un cadre concerté, apaisé et crédible, instaurant un statut de l’opposition institutionnalisé, dans le respect mutuel, l’esprit de tolérance et la compréhension réciproque de notre pluralité d’idées et de valeurs ».
PRIVILÉGIER LES COMPROMIS DYNAMIQUES. « Nous constituons une force alternative capable d’assurer les responsabilités de l’Etat. Dans cet esprit, toutes les propositions que nous présentons au parlement s’inscrivent dans le cadre de l’amélioration de la bonne gouvernance parlementaire et publique », a précisé Soumaïla Cissé.
Zoumana Tji Doumbia a présenté la déclaration politique du groupe parlementaire « Alliance pour le Mali ». Un groupe qui se veut le porte-parole des populations et qui soutient la lutte contre la corruption. Son soutien va également à toutes les victimes de la crise que le pays vient de connaître. Il appelle au rassemblement des fils du pays pour un renouveau démocratique. Il travaillera au respect de la volonté des citoyens.
Au nom du groupe parlementaire FARE-SADI, l’honorable Guédiouma Sanogo a dit l’appartenance de son bloc à la majorité présidentielle. Son groupe promet d’être le porte-paroles des femmes, des enfants, des jeunes et de toutes les couches vulnérables. Il soutient l’obligation de rendre compte ainsi que la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Parmi les valeurs défendues par le groupe, figurent la solidarité, la probité, la bonne gouvernance, la justice sociale et la défense des masses populaires.
Issa Togo, le président du groupe parlementaire ADEMA a indiqué que son groupe s’est assigné comme tâche de défendre la démocratie et de privilégier les compromis dynamiques et l’intérêt des populations. Le groupe qui s’inscrit dans la majorité parlementaire souhaite que le Parlement travaille pour un Mali qui s’élève, une nation qui gagne, un pays qui corrige ses erreurs. Le groupe parlementaire ADEMA soutient la défense de l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale, l’écoute des sensibilités et la contribution au confort de la démocratie malienne.
Les députés se retrouvent demain pour élire le reste des membres du bureau et éventuellement mettre en place les commissions. Jeudi, ils recevront le roi Mohamed VI du Maroc qui entame une visite dans notre pays.
A. LAM