L’ancien Président du Burkina Faso, chassé par un soulèvement populaire alors qu’il voulait rester au pouvoir à travers une tentative de modification de l’article 37 de la Constitution, serait-il dans le collimateur de la justice ? Tout porte à le croire dans la mesure où le rapport d’autopsie du corps présumé de l’ancien Président du Burkina Faso, Thomas Sankara, ainsi que le rapport balistique présentés aux familles ont conduit à l’inculpation de plusieurs soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), corps d’élite de l’armée burkinabè dont faisait partie Blaise Compaoré au moment du putsch de 1987.
Selon l’un des avocats de la famille Sankara, Me Benewendé Stanilas Sankara, le rapport sur le test d’ADN n’est pas encore disponible, ajoutant que plusieurs soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l’origine du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, ont été inculpés pour leur implication présumée dans l’assassinat du Président du Burkina Faso, en 1987.
« Le corps de Thomas Sankara a été criblé de balles »
Les examens balistiques et d’autopsie ont mis la lumière sur les circonstances de la mort de Thomas Sankara. Et pour Me Benewendé Stanilas Sankara, « les assassinats du 15 octobre 1987 sont d’origine criminelle ». Plusieurs impacts de balles ont été relevés sur les supposés restes de Thomas Sankara, exhumés en mai dernier, pour les besoins de l’enquête. Selon Me Ambroise Farama, « au niveau des impacts, ce qu’on a pu relever en ce qui concerne le corps de Thomas Sankara, c’est vraiment ahurissant. On peut dire qu’il a été purement et simplement criblé de balles ». Par ailleurs, selon les avocats de la famille Sankara, plusieurs militaires appartenant à l’ancien Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont été déjà inculpés dans cette affaire.
Même si les avocats de la famille Sankara n’ont pas cité le nom de l’ex-dirigeant renversé par la pression populaire, l’implication de Blaise Compaoré qui faisait partie de ce corps d’élite, le RSP, au moment de l’assassinat de Thomas Sankara est actuellement soulevée, d’autant que le chef des putschistes, le général Gilbert Diendéré, est largement soupçonné d’avoir été à la tête du commando qui a abattu Sankara en 1987. Il était alors l’homme de l’ombre et le bras droit de Blaise Compaoré qui a fini au trône pour un règne de 27 ans sans partage. Inculpé d’attentat à la sûreté de l’Etat et de haute trahison pour le putsch qui a échoué, Gilbert Diendéré est actuellement écroué à Ouagadougou.
Autre inculpé dans cette affaire, le médecin colonel-major Fidèle Guébré, qui avait établi le certificat de décès de « mort naturelle » en 1987, en tant que directeur de la santé militaire à l’époque. Il a été inculpé pour « faux en écriture publique ». Me Farama a souligné qu’il fallait attendre le résultat de tests ADN, en cours en France, pour formellement identifier l’ancien chef d’Etat. Thomas Sankara avait été enterré en catimini au cimetière de Dagnoën, en banlieue est de Ouagadougou avec d’autres victimes. Les avocats des familles ont jusqu’à 15 jours pour demander une contre expertise.
Source: Afrik