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Assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon : Les larmes à polémique du Président

ibrahim boubacar keita ibk

Une semaine déjà que Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés avant d’être lâchement assassinés par des criminels, qui courent toujours, en sortant d’une interview avec un responsable local du MNLA à Kidal. Dans le cadre des préparatifs pour le rapatriement des dépouilles des 2 éminents journalistes de RFI, une forte délégation du groupe France Médias Monde, conduite par sa Présidente Directrice Générale, Mme Marie Christine Saragosse, a séjourné à Bamako en début de semaine. Au cours de son séjour dans la capitale malienne, la PDG de France Médias Monde a eu une série d’activités parmi lesquelles l’audience accordée par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Chose tout à fait normale en pareilles circonstances. Le hic ! Si cela peut en être un, est que le Président de la république n’a pas su ou n’a pas pu (c’est selon) retenir ses larmes à cette occasion.

 

Le sujet fait débat et enflamme les grins et autres réseaux sociaux de part le pays.
Quelle autre  voix aurait pu mieux exprimer l’émotion et la compassion du Gouvernement et du peuple malien aux autorités françaises, à l’ensemble de la presse du monde, au peuple français, aux collaborateurs et proches des illustres disparus, que celle du Premier Magistrat du pays ? Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, était donc dans son rôle absolu. Face aux épreuves de la vie chaque être humain a ses sentiments personnels et ses particularités. Même les Chefs d’Etat n’échappent pas à cette règle de la nature psychique et émotionnelle de l’homme. Les cas similaires sont nombreux où l’on a vu des Chefs d’Etat et hautes personnalités pleurer des larmes chaudes lors de certains événements graves (décès d’un proche, tragédie nationale, catastrophe naturelle, entre autres. D’ailleurs, on retrouve les mêmes réflexes, sentiments et émotions  chez certains de nos cousins éloignés, les animaux, notamment les mammifères.

Le Président a donc pleuré à raison ou…à tort cela dépend de l’appréciation que les uns et les autres sont aussi en droit d’en faire. C’est d’ailleurs en ce sens que le sujet enflammedepuis lors les réseaux sociaux. Chacun y allant avec son opinion, ses analyses, comparaisons et autres commentaires. C’est de bonne guerre, dans la mesure où un Chef d’Etat n’est pas n’importe qui. Mais avant tout un Président de la république est un homme public. De ce point de vue tous ses faits et gestes sont observés et soumis à l’appréciation de l’opinion, notamment celle de ses compatriotes auxquels ils importent dans leurs moindres détails. La polémique est vive, intensément passionnée souvent. N’est-ce pas tout cela qui confère un sens à notre démocratie dont les socles fondamentaux doivent être le respect des libertés et de toutes les libertés notamment celle relative à l’opinion et à l’expression au nom de laquelle Ghislaine et Claude étaient justement au Mali. On ne saurait vouloir une chose et son contraire en même temps.

Le Président a donc pleuré, parce qu’il en a le droit, en tant qu’être humain. C’est au nom de ce même droit que d’aucuns pensent le contraire. Ceux-ci ne comprennent pas ces « larmes de la honte » ou de « l’expression d’une faiblesse » ou « d’impuissance » face aux causes à l’origine du drame du samedi 2 novembre dernier à Kidal. Pour d’autres également, s’il en est ainsi, le Président aurait « raté » de nombreuses occasions de pleurer dans des circonstances plus ou moins dramatiques. Sur les réseaux sociaux, l’on cite pêle-mêle l’assassinat, de la manière des plus atroces et dans des conditions effroyables et inhumaines, de la centaine de militaires maliens à Aguelhok au début du conflit dans le nord du pays en 2012 par les mains de la même horde de criminels. Il y aussi ceux qui pensent que les graves et meurtrières inondations que Bamako a connu juste après son élection,  auraient pu « émouvoir tant » le Chef de l’Etat de fait qu’il était à l’époque par la volonté de ses compatriotes, dont certains de ses électeurs seraient surement parmi les victimes. Le naufrage d’une pinasse surchargée au large de Konna qui a fait près d’une centaine de morts et disparus, revient très souvent comme un cas qui aurait pu nécessiter « l’extrême émotivité » du Président de la République.
Ailleurs, c’est le dernier en date de la série de dramesque le Mali a connu ces jours-ci, notamment l’incendie qui a coûté la vie à plus d’une dizaine de personnes (tous de la même famille) à Kabala par suite d’une mauvaise manipulation de la bonbonne de gaz butane. Les partisans de cette dernière thèse reprochent au Président de la république « son silence émotionnel ou émotif » lors de ces nombreux drames ayant causé mort et désolation dans des villes, villages et familles du  pays dont il est le Président élu. Des confrères sont allés jusqu’à écrire que « les morts ne se valent pas… ».
Alors, autant le Président a le droit de pleurer, autant l’opinion publique aussi a le droit d’apprécier « les larmes du Président » !
Chacun étant donc dans ses droits, le débat peut continuer, sans autre forme de procès. A condition bien évidemment que le sujet n’affecte pas et n’occulte pas les vrais débats, enjeux et défis de l’heure auxquels notre pays est confronté pour son existence en tant que NATION.
Bréhima SIDIBE

L’indicateur du renouveau

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