Le 02 novembre a été décrété Journée internationale de lutte contre le crime à l’endroit des journalistes. Pour commémorer cette journée, la Maison de la presse et le Mouvement de protection de la presse contre les violences (MPV-Mali) ont organisé une rencontre ce samedi. Une occasion mise à profit par le président du MPV-Mali, Boubacar Yalkoué, pour fustiger la « lenteur » des enquêtes dans le dossier de l’assassinat des deux journalistes de RFI à Kidal, Claude Verlon et Ghislaine Dupont. Il a aussi interpelé les autorités maliennes par rapport à la disparition du journaliste malien Birama Touré depuis le 29 janvier 2016.
Selon le président du MPV-Mali, Boubacar Yalkoué, non moins fondateur et Directeur de publication du quotidien ‘’ Le Pays’’ et Secrétaire général de l’Assep, « l’objet de la rencontre, c’est la célébration de la date du 2 novembre. Cette journée a été désignée comme la journée internationale de lutte contre le crime à l’endroit des journalistes. Cela est parti d’un évènement tragique qui s’est déroulé à Kidal le 2 novembre 2013 : l’assassinat de deux journalistes français de RFI, venus pour un reportage au Mali ». Et le président Yalkoué de poursuivre: « Jusqu’à présent nous ne savons pas les conditions dans lesquelles ils ont été assassinés, quels sont aussi en réalité les motifs. Une enquête a été ouverte, deux juges ont été désignés (un Malien et un Français). Au niveau de la France, il y a eu quand même des témoignages. Le juge chargé du dossier en France a même effectué un déplacement au Mali en début 2018, à la rencontre de son confrère malien. Et ils ont échangé jusqu’à ce qu’une partie des palettes de téléphone retrouvée sur le lieu du drame a été remise à ce juge d’instruction. Ils ont étudié ces palettes, mais il n’y a pas eu quand même de résultats probants ». Avant de regretter : « Par-delà également, nous avons vu qu’il y a des suspects qui sont dans le dossier. En principe, il devrait quand même avoir un mandat d’arrêt international à leur encontre. Mais, cela n’a pas été fait pour des raisons d’identification d’état civil. Le dossier est au point mort. Au Mali, le juge d’instruction n’a pas bougé d’un iota dans le dossier. Il allait même effectuer un déplacement vers Kidal ; il ne l’a pas fait pour raison d’insécurité dans la zone. Voilà là où nous sommes aujourd’hui dans ce dossier qui n’a pas évolué plus de six ans après l’assassinat de nos deux confrères. Et ce qui nous écœure en tant que journaliste, en tant que Malien, l’évènement tragique s’est déroulé sur le sol malien. Alors, il relevait de leur devoir de faire en sorte que le monde sache la vérité par rapport à cet acte barbare. Malheureusement, tel n’est pas le cas. Raison pour laquelle nous relançons les autorités ; qu’elles fassent en sorte que de tels actes ne restent pas rangés dans leur tiroir, parce que chaque fois on nous fait des promesses, on nous dit que les enquêtes sont en cours, mais au finish on n’a rien comme résultat. C’est dommage ».
Quid du journaliste Birama Touré disparu ?
Se prononçant sur les événements tragiques concernant les journalistes maliens, le président Yalkoué s’est appesanti sur le cas du journaliste Birama Touré, disparu depuis le 29 janvier 2016 jusqu’à présent sans nouvelles. « Ce qui est aussi écœurant, c’est en plein cœur de la capitale malienne qu’il a disparu. Et jusqu’à présent les autorités n’ont pas pu nous dire où est ce qu’il se trouve, son d’état de santé, encore moins les circonstances réelles de son l’enlèvement », a regretté le président Yalkoué. Avant d’expliquer : « Nous avons mené plusieurs activités et c’est l’une des raisons de la création du MPV-Mali qui se bat depuis quelques années qu’on sache la vérité par rapport à cette disparition. Nous sommes en phase avec la famille du disparu et avec toutes les faitières de la presse malienne, à commencer par la Maison de la presse. Nous travaillons ensemble. Et à chaque fois que nous décidons de mener des actions, nous les consultons d’abord et nous cheminons ensemble dans ce cadre. Aujourd’hui, en réalité, c’est une journée de commémoration. Nous sommes écœurés par rapport à tout ce qui se passe ».
Le président du MPV-Mali n’a pas manqué également d’évoquer les conditions difficiles dans lesquelles les journalistes exercent leur métier : « Notre devoir c’est de donner l’information, recueillir des informations et les mettre à la disposition de la population. Nous exerçons dans des conditions extrêmement difficiles. C’est par conviction que nous sommes dedans ». Et le Dirpub de ‘’ Le Pays’’ d’interpeller les plus hautes autorités : « Qu’elles sachent que sans journaliste, difficilement la démocratie rayonnera ; sans journaliste, on risque de tomber dans l’anarchie parce que nous trappons la plume dans la plaie. On n’est ni pour x ni pour y, mais nous donnons tout simplement des informations. Dans ce cadre qui a été érigé par les lois, qu’elles fassent en sorte qu’on puisse exercer ce métier dans une quiétude totale. »
Agoumour
Le Démocrate