La justice moscovite va examiner vendredi une demande d’extradition faite par l’Ouzbékistan à l’encontre du Français Eric Cokini, ont indiqué lundi ses avocats niçois, très inquiets sur le sort de cet homme d’affaires arrêté à Moscou le 14 janvier.
Eric Cokini, accusé de «crimes économiques» par les autorités ouzbèkes, était sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis 2011 sans le savoir, ont précisé ses avocats Philippe Soussi et Paul Sollacaro.
Eric Cokini, 48 ans, s’était rendu en janvier «en toute sérénité» à Moscou après avoir été sollicité par l’université de Nice dans le cadre d’un échange universitaire, selon eux. Il a été arrêté à son arrivée à l’aéroport moscovite de Cheremetievo, en provenance de Nice.
Selon ses avocats, le Français a passé une dizaine d’années en Ouzbékistan où il aidait des entreprises françaises, comme la Société générale ou Airbus, à s’implanter, grâce à son carnet d’adresses. Il avait quitté le pays pour s’occuper, à Nice, de son fils atteint d’une leucémie.
UN «RÉGLEMENT DE COMPTES POLITIQUE»
Maître Philippe Soussi estime que son client fait l’objet «d’un règlement de comptes politique» et qu’il «va sortir des écrans radars» dès qu’il se retrouvera en Ouzbékistan. «C’est très nébuleux», a jugé maître Paul Sollacaro. «Nous considérons que la France ne peut pas rester inactive face à une situation urgente», a-t-il insisté, en soulignant que l’Ouzbékistan est «une dictature où se pratique la torture».
Selon le site d’informations ouzbèke Fergana, Cokini «a organisé des livraisons de parfums à Tachkent, et a participé directement ou indirectement à la création de ce business pour le compte de la fille aînée du président (ouzbek), Goulnara Karimova». Karimova, une quadragénaire aux multiples activités allant des cosmétiques à la mode en passant par la chanson, est récemment tombée en disgrâce, alors qu’elle était jusqu’alors considérée comme une possible prétendante à la succession de son père, le président Islam Karimov, au pouvoir depuis 1991. Les déboires ne cessent de s’accumuler pour elle ou ses proches. En octobre 2013, trois chaînes de télévision privées qu’elle contrôlait ont dû cesser leurs activités à la demande des autorités, et plus d’une dizaine de boutiques de vêtements occidentaux à Tachkent, qu’elle ou ses partenaires détenaient, ont été fermées en raison d’accusations d’évasion fiscale.
Selon le site de l’ambassade de France en Ouzbékistan, Eric Cokini a été fait en 2011 chevalier de l’Ordre national du mérite.
AFP