Suite à son refus de répondre aux multiples convocations du juge Yaya Karambé à travers des «mandat d’amener», le général-capitaine Amadou Haya Sanogo est enfin rattrapé par l’Histoire. Arrêté à son domicile et conduit enfin devant le juge avant d’être incarcéré, le 27 novembre dernier, dans un lieu tenu pour le moment bien secret, Sanogo paie les frais de son insolence et d’une «trahison» de ses anciens compagnons, en l’occurrence Amadou Konaré, eux aussi mis aux arrêts bien avant.
Rappelons qu’après le coup d’Etat perpétré contre Amadou Toumani Touré (ATT), le 22 mars 2012 par Sanogo, suivi d’«une tentative de contre-coup d’Etat» par le corps des «Bérets rouges», et surtout son bombardement au grade de général quatre étoiles, le capitaine se croyait tout permis. Ayant goûté aux délices du pouvoir après son putsch, il n’avait pas même hésité à se comparer volontiers au Général De Gaulle de la France, bien connu pour son patriotisme et pour sa bravoure.
Ce qu’il oubliait, c’est que contrairement à De Gaulle, il n’a eu ni l’intelligence, ni l’esprit de sacrifice, encore moins la volonté pour chasser les jihadistes et autres terroristes dans leur tentative de prendre le Sud du pays, après avoir fait du septentrion leur bastion. En d’autres termes, il s’est montré congénitalement incapable de sauvegarder l’intégrité territoriale et l’indépendance du Mali. Au contraire, avec son coup d’Etat totalement insensé (à quelques mois seulement de la fin du mandat du président ATT), il a facilité la tâche à l’occupant jihadiste. Et, durant toute l’opération Serval, il ne s’est nullement illustré par des actes de bravoure dignes de figurer dans les annales militaires du Mali. En vérité, le «Lion» de Kati n’était qu’un tigre en papier.
Il faut le dire, c’est l’arrogance de Sanogo qui a fini aujourd’hui par le noyer. En effet, aux premières heures de son débile coup d’Etat, puisque ATT qu’il a renversé était à quelques semaines de la fin de son 2ème mandat et qu’il devait donc partir définitivement du pouvoir, Sanogo se croyait sur des nuages. Il n’hésitait pas à narguer la Cédéao et la Communauté internationale, notamment la France.
Au plan national, il avait engagé la «chasse à la sorcière», embastillant hommes politiques, opérateurs économiques, hommes et femmes des médias…Et là encore, il croyait avoir la bénédiction d’une frange de politiciens (véreux) qui l’applaudissaient et le soutenaient, pensant avoir leur part de gâteau sous le maquillage du MP22. Mais, très vite, ceux-ci déchantèrent, au regard de l’attitude insolente de Sanogo. Notamment l’agression du président de la République par intérim, le Professeur Dioncounda Traoré, passé à tabac dans son Palais de Koulouba. Ce qu’il ne fallait pas faire.
Le vrai matheux Dioncounda ayant compris que sa vie et celle de la République étaient en danger, surtout avec ce têtu de Sanogo, changea de stratégie. Ayant bien compris que «pour attraper un chien, il faut lui donner un os à croquer», il bombarda Sanogo au grade de général quatre étoiles avec tous les droits y afférents. L’homme était alors aux anges et désormais, multiplie par zéro, comme on le dit, ses anciens compagnons avec qui il a fait le coup d’Etat. Se sentant humiliés, ceux-ci se révoltent contre lui à travers une mutinerie qui bien failli faire la peau à Sanogo.
Alors, les nouvelles autorités prennent l’affaire très au sérieux. Une enquête est ouverte et son bras droit devenu désormais son ennemi juré, Amadou Konaré et ses compagnons sont arrêtés. Et c’est depuis leur arrestation que la décadence et la déchéance de Sanogo ont véritablement commencé. Et de sources bien informées, ce sont eux qui ont dévoilé tous les crimes odieux que Sanogo auraient commis. Selon les témoignages de ses propres compagnons, Sanogo aurait perpétré des actes de tortures et divers crimes injustifiables.
Il est donc clair que ce sont eux qui ont enfoncé le clou, ne voulant pas être les seuls à être en prison. Le vin étant alors tiré, Sanogo devait le boire jusqu’ aux calices. Et, c’est ce qu’il est en train de faire actuellement au fond de sa cellule. Un avertissement de taille pour tous ceux qui ont les mains souillées de sang, et surtout aux rebelles du Nord du Mali, notamment aux Mnla et à ses alliés. Même les députés Mnla qui ont été élu députés dès le 1er tour des législatives du 24 novembre dernier, ne seront pas épargné. Wait and see !
Basile ESSO
Source: Le Katois