Alors que la campagne arachidière était bloquée depuis un mois et demi, huiliers et État sénégalais sont parvenus à un accord : les premiers acceptent de payer l’arachide 200 F CFA le kilo. En échange, l’État prendra en charge en fin de campagne leurs pertes éventuelles.
Après plusieurs semaines de négociation et de blocage, les huiliers sénégalais et l’Etat se sont mis d’accord sur le déroulement de la campagne arachidière, qui fait vivre des centaines de milliers de paysans à travers le pays. Selon les termes de l’accord signé le 10 janvier, les huiliers acceptent d’acheter l’arachide 200 FCFA le kilo, renonçant à leur proposition de ne payer que 130 FCFA. De son côté, l’Etat a consenti à mettre en place un fonds de soutien, dont l’objectif sera de prendre en charge le résultat du bilan de la campagne de commercialisation pour Suneor, Copeol (fruit de l’union entre Castel et Sofiprotéol) et le Complexe agro-industriel de Touba (CAIT), les trois huiliers. Il est aussi convenu que le ministère des Finances aidera les industriels à décrocher les financements nécessaires à la collecte de l’arachide tandis que l’Etat les accompagnera pour la recherche de débouchés pour l’huile d’arachide.
Campagnes difficiles
Cet accord devrait permettre de sauver une campagne qui s’annonçait sous les pires auspices. Lancée le 9 décembre 2013, la collecte de l’arachide au Sénégal avait débuté très doucement : après trois semaines, 35 000 tonnes avaient été collectées contre 250 000 à 300 000 tonnes que les huiliers auraient pu acheter à pareil moment. Ces derniers refusaient de participer à la campagne, jugeant impossible le maintient à 200 FCFA le kilo le prix officiel. Dans un contexte de chute des cours mondiaux de l’huile d’arachide (plus de 30 % en 2013), les industriels de la filière proposaient 130 FCFA.
Les dernières campagnes arachidières au Sénégal se sont déroulés dans un contexte très particulier. La décision, prise sous la présidence Abdoulaye Wade, d’ouvrir la collecté aux étrangers avait provoqué une envolée des prix aux producteurs, de nombreux opérateurs chinois payant des prix encore plus qu’élevés que le prix officiel (190 FCFA au cours de la campagne 2012/2013). Mais cette ouverture avait aussi plongé les huiliers, privés de graines par cette concurrence, dans de grandes difficultés : tous avaient du coup fermé leurs usines de transformation pendant quasiment toute l’année. Maintenant que les acheteurs chinois ont disparu, le ministre de l’Agriculture a reconnu les dysfonctionnements des précédentes campagnes et le président Macky Sall a ordonné la création d’un comité de réflexion et d’action pour relancer une filière essentielle à l’économie du pays.
Source : Jeune Afrique