Le 16 décembre dernier, l’organe chargé de la liquidation et de la dissolution du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (CMSRFS) a invité, à travers un communiqué radiotélévisé, » tous les ex- membres » dudit comité, auparavant présidé par le capitaine-général Amadou Haya Sanogo, qui sont « détenteurs de véhicules, armements ou tous autres matériels de l’Etat mis à leur disposition dans le cadre ou à l’occasion du service, à les déposer à la Direction du matériel, des hydrocarbures et du transport des Armées à Kati, avant le 23 décembre 2013″. Faute de quoi ils répondront devant la justice.
Quelques jours après la diffusion de cet avis, nous avons été étonnés de constater que la moisson demeure toujours maigre. À notre passage hier, à Kati, aucun véhicule ni arme n’avait été rendu par les éléments concernés à cette Direction chargée de les récupérer et de les centraliser.
Alors que, selon les estimations, tout juste après le coup d’Etat du 22 mars, ce sont plus de 200 véhicules de l’Etat qui ont été enlevés ou retirés de force par des militaires ou des éléments des forces de l’ordre à leurs propriétaires ou conducteurs. En un mot, par des gens qui allaient, par la suite, se présenter comme des membres du défunt CNRDRE.
Après la création sur mesure du CMSRFS, avec à sa tête le capitaine-général Amadou Haya Sanogo, plusieurs véhicules et armements ont été mis à la disposition de l’ex-junte qui a bénéficié également des dizaines de véhicules 4×4 acquis sur fonds publics.
L’appel de l’organe chargé de la liquidation de cette structure ne vise que les seuls véhicules et armements alors qu’à côté de ceux-ci, il y a des dizaines de particuliers qui ont été dépossédés de leurs véhicules au moment du coup d’Etat du 22 mars 20012 ou du contre-coup d’Etat de la nuit du 30 avril au 1er mai 2013. La plupart de ces véhicules sont toujours dans la nature. Aucune structure étatique n’ayant la situation réelle de ces enlèvements, vols ou retraits forcés. Les particuliers qui ont été dépossédés de leurs engins n’ayant, quant à eux, aucun pouvoir de les récupérer auprès des militaires qui continuent à les utiliser ; cela au vu et au su de tous.
C’est dire que l’Etat devrait également penser à ceux-ci, de même qu’aux véhicules et matériels de l’Etat qui ont été enlevés lors du pillage des bureaux des départements ministériels à la cité administrative au moment du coup d’Etat de mars 2012.Il y a donc nécessité urgente de la création d’une commission d’enquête pour lister et récupérer tous les biens volés au cours de ces événements graves que notre pays a connus. L’Etat ne doit pas se soucier de ses seuls biens mais doit aller bien au-delà. En poussant aussi les investigations au niveau des services de l’assiette, dont des responsables ont été obligés de déposer des sacs d’argent auprès des princes du jour. On se rappelle, à cet égard, qu’un banquier s’était vu, sous le règne du capitaine-général, contraint d’ouvrir son institution un samedi après-midi pour servir de la liquidité à des ex-putschistes. En plus de tout ceci, des personnes qui ont été arrêtées lors desdits événements ont vu leurs biens (argent, bijoux, voitures…) confisqués par des soldats dont certains sont connus de leurs victimes.
Compte tenu de toutes ces dérives et du peu d’empressement des détenteurs des véhicules enlevés ou retirés de force à les rendre soit à l’Etat soit à leurs vrais propriétaires, il y a nécessité de mettre sur pied une commission d’enquête en élargissant son champ d’activité à la récupération et à la restitution des biens de toutes les victimes. Y compris l’argent dont des banques et le PMU Mali ont été spoliés lors de ces tristes événements.
Mamadou FOFANA
SOURCE: L’Indépendant