Octroi d’avantages indus au personnel diplomatique pour un montant de plus de 3 millions FCFA (3 317 352 F) ; paiement de dépenses non éligibles; déficit de caisse pour un montant de 3 millions (3 039 898 F) ; écart sur les valeurs inactives de timbres fiscaux pour un montant de 840 millions (840 876 F), soit un total d’environ 15 millions de nos francs; prise en charge des abonnements télé en trois ans pour un montant global de plus de 2 milliards FCFA (2 943 000 F)… Telles sont, entre autres, des pratiques qui ont précipité dans le gouffre l’Ambassade du Mali à Addis-Abeba (AMAA) en Éthiopie, pendant les exercices 2016, 2017, 2018 et 2019 (1er semestre).
Décidément, les eaux des chancelleries maliennes à l’étranger sont troubles et charrient des affaires plus nauséabondes les unes que les autres. Et son Excellence Fafré Camara, Ambassadeur du Mali à Addis-Abeba et le Secrétaire Agent Comptable (SAC) de la représentation diplomatique, nous donnent des exemples carrément décalés par rapport à l’image qu’on avait ou se faisait dans l’exécution des dépenses de la chancellerie malienne en Éthiopie.
L’Ambassadeur accorde des avantages indus
En effet, Son Excellence Fafré Camara, est l’ordonnateur des dépenses et il a exorcisé la mauvaise gestion depuis sa nomination comme Ambassadeur du Mali à Addis-Abeba et entretenu un flou artistique autour de la gestion des fonds de la chancellerie.
Mais force est aujourd’hui de reconnaître que cette image de bonne gouvernance dans la gestion des fonds de cette chancellerie est en train de partir en lambeaux, tant les coups tordus et autres deals sur les deniers publics prennent de plus en plus de l’ampleur. Les derniers épisodes en date est la soustraction frauduleuse de plusieurs dizaines de millions de francs CFA.
Les premiers responsables dans ces sales affaires ce sont l’Ambassadeur Son Excellence Fafré Camara et son Agent Comptable. Pour l’exécution du puzzle, Son Excellence a accordé, suivant des états de paiement, des avantages non prévus par les textes. Ces avantages se rapportent aux paiements de gratifications lors des fêtes pour le personnel diplomatique de l’Ambassade. Et le total de ces avantages indus s’élève à 3,3 millions (317 352 F). Cette pratique qui constitue une violation des principes de la comptabilité publique a entraîné une gestion non orthodoxe des ressources.
Du coup, le Bureau du Vérificateur général a mis à nu la gabegie, dont les fonds de la chancellerie malienne à Addis-Abeba ont fait l’objet en 2016, 2017 et 2018. Durant cette période, plusieurs irrégularités ont été relevées dans la gestion des fonds destinés à la représentation diplomatique.
La première, et pas des moindres, est la prise en charge des abonnements télé et des aides sans base légale et sans ligne budgétaire prévue à cet effet. Ainsi, le montant des avantages accordés au titre des abonnements télé s’élève à 2 milliards (2 943 000 FCFA.) Cette situation est due au fait que l’Ambassadeur Fafré Camara a autorisé le Secrétaire Agent Comptable à payer des dépenses non éligibles.
L’Agent Comptable entre magouilles et embrouilles
Le Secrétaire Agent Comptable de la chancellerie du Mali à Addis-Abeba, tient une caisse présentant un déficit d’un montant total de 3 039 898 FCFA. En effet, le solde de caisse reconstitué à la date de l’arrêté de caisse du 26 décembre 2019 était de 5 023 220,80 FCFA sur lequel, il y a un décompte de 1 983 322, 80 FCFA en espèces et 2 837 120 FCFA de bons de caisse non autorisés par l’Ambassadeur. Le montant total en espèces et en bons est de 4 820 442,8 FCFA, soit un écart de 202 778 FCFA. Le déficit ainsi constaté comprend la somme des bons accordés sans autorisation requise et l’écart calculé, soit un total de 3 039 898 FCFA.
Et comme si cela ne suffisait pas, le Secrétaire Agent Comptable a effectué un arrêté erroné de la situation des valeurs inactives. Ainsi, sur la base du solde de stock au 31/05/2016, les contrôleurs ont soustrait les ventes de 2016, de 2017 et de 2018 pour avoir le solde du stock au 31 décembre 2018. Ils ont ensuite comparé ce solde à celui arrêté dans le registre au 31 décembre 2018. Du coup, il ressort que le Secrétaire Agent Comptable a arrêté un montant inférieur au montant réel d’une valeur de 840 876 FCFA au titre des ventes des timbres fiscaux.
Bref, la liste des irrégularités, à l’origine des évaporations financières à l’Ambassade du Mali à Addis-Abeba, est loin d’être exhaustive. Et le rapport du Vérificateur général a été transmis à la Justice afin que les personnes concernées par cette gestion calamiteuse puissent s’expliquer sur la destination des sous.
Jean Pierre James
Nouveau Réveil