A prime abord, rien, absolument rien, n’incitait ce capitaine d’entreprises, qui s’est révélé au grand public par son investissement colossal dans les mines, jusqu’ici un monopole prisé des firmes occidentales dans notre pays, à faire la politique. Mais la grave crise qu’a connue le Mali, et qui a failli lui faire tout perdre, y compris sa présence dans le monde, a passé par là.
Piqué au vif par l’occupation forcée d’une bonne partie de son pays par des djihadistes terroristes, Aliou Boubacar Diallo, jusqu’ici connue dans les affaires, s’est plutôt cru obligé de s’investir dans la politique. Un choix citoyen qui lui vaut tat d’inimitiés, mais qu’il assume sans faiblir.
« Rien ne sera plus comme avant », voilà le leitmotiv du promoteur de Wassoul’or, Aliou Boubacar Diallo, plus connu dans les milieux commerciaux comme cet intrépide acteur économique qui s’est révélé par son investissement colossal dans l’exploitation minière, qui a décidé de s’impliquer résolument dans la politique.
Avec ADP-Maliba, qu’il a porté sur les fonts baptismaux, il a voulu incarner le changement dans son pays à la faveur de la dernière présidentielle dont la sentence est depuis connue : IBK a été élu président de la république avec un fort score électoral, tel que jamais avant lui, aucun autre de ses illustres devanciers, n’a pu revendiquer une aussi grande légitimité.
C’était le sens de l’engagement de Aliou Boubacar Diallo, qui n’a d’ailleurs pas hésité, lui et son nouveau parti, à rallier, dès le départ, la coalition victorieuse d’IBK.
Comme lui, beaucoup d’autres Maliens, jadis absents des joutes politiques, se sont vus aussitôt assignés à une mission citoyenne, celle de ne plus se détourner de la chose publique. D’ailleurs, pour beaucoup d’observateurs neutres de la scène politique malienne, c’est ce regain d’esprit citoyen qui a permis aux populations de sortir massivement, lors de la dernière présidentielle, pour réserver à cette échéance politique un tel score de participation jamais égalé dans le pays.
Dès lors, le citoyen Malien démontre que le temps de l’indifférence vis-à-vis de la chose politique est révolu.
Il ne pouvait en être d’ailleurs autrement quand on voit comment justement le pays s’est remis petit à petit de la crise violente qui l’a frappé, en 2012, grâce à l’intervention militaire des troupes françaises, en appui à l’armée malienne.
C’était en janvier 2013 avant qu’il ne soit stabilisé et libéré par les troupes africaines, notamment tchadiennes qui ont défait les djihadistes terroristes.
Le choix politique de Aliou Boubacar Diallo est parti de là. Il l’exprime lui-même sans ambages en affirmant, telle une profession de foi, qu’il ne lui était plus possible de se mettre en marge de la vie publique dès lors qu’il a subi, la mort dans l’âme, l’occupation forcée des deux tiers du pays par des envahisseurs sans foi, ni loi.
Le fait que, dans l’intervalle de trois jours, les trois villes les plus importantes des régions nord du pays sont tombées, entre les mains des djihadistes, lesquels ont perpétré les pires exactions sur les populations civiles, il n’était plus question, pour lui, de se distancer du terrain politique.
C’est cet éveil citoyen qui l’a poussé dans l’action politique. Pour la quête du citoyen Malien et la recherche pour le réconfort moral du peuple, ce PDG d’entreprise compte désormais s’impliquer en politique et ne compte plus s’arrêter en si bon chemin, même s’il est conscient que ce choix lui vaudra les pires inimitiés de la part de ses potentiels adversaires politiques qui voient déjà en lui une cible privilégié à abattre à tout prix. Et pour cause : un homme qui a fait ses preuves dans l’entreprenariat privé, en réalisant un tel investissement commercial dans un secteur jadis réservé aux seules compagnies étrangères, fera plus facilement, de par son engagement citoyen, des émules, au plan politique, s’il n’est pas anéanti.
Il est encore à ses débuts en politique (un début tout de même prometteur avec la victoire politique de son camp), mais hélas, il a déjà commencé à essuyer des coups-bas de la part de ses détracteurs politiques, lesquels ont entrepris de tout tenter contre lui, y compris jusqu’à déstabiliser ses réussites commerciales.
Déterminé qu’il est à assumer pleinement son engagement politique, Aliou Boubacar Diallo a pourtant tout prévu pour protéger ses entreprises et ses installations minières.
En fait, celui qui a strictement interdit à ses proches de n’utiliser aucun véhicule du patrimoine de l’entreprise dans la campagne, lors de la dernière présidentielle, pour les bons soins de la gouvernance, est aujourd’hui, selon son entourage, dans la logique d’expérimenter une nouvelle forme de gestion de ses entreprises. Histoire, dit-on, de conserver sa totale indépendance d’homme politique de manière à préserver ses propriétés commerciales de quelques collusions politiques que ce soient.
Comme quoi, rien ne semble désormais arrêter cet homme à assumer son choix politique. Pour le rayonnement d’un nouvel esprit citoyen dans le pays.
Sékouba Samaké
Source: info-matin