Après, on les appelait domestiques. De nos jours, elles sont appelées « aide-ménagères ». Toutes ces appellations n’ont jamais été acceptées par ceux-là mêmes qui les ont baptisés car ces noms ne cadrent pas avec le statut ambigu et honteux de la fonction parce qu’il n’existe nulle part entre les deux parties un accord, un contrat. Dieu seul sait ce que cache cette pratique. Cependant, considérez-vous votre aide-ménagère comme une employée ou une amie ? Pour en savoir davantage, nous avons réalisé un vox pop. Voici les avis de certains Maliens :
Oumou Traoré, Assistante sociale
« L’aide-ménagère ne doit pas être une amie car la définition de l’amitié est vaste. Une amie c’est une confidente une personne à qui on se confie et on partage nos peines. Par contre une aide-ménagère est toute autre chose. Ses tâches consistent à nous aider dans les activités ménagères. Une personne que tu as employée pour des services dont tu ne connais ni la vie, ni la famille encore moins son passé, peut-elle être ton amie ? En plus, cette dernière est chez toi pour un moment et ira chez une autre personne pour le même service. Comme le dit un adage « le linge sale se lave en famille ». Il vaut mieux considérer cette personne comme une collaboratrice sans pour autant tisser avec elle des liens d’amitié. Aussi, il faut le dire la plupart des « bonnes » n’ont pas de sentiments de pitié (hinè) envers leurs patronnes. Quoi que l’employeuse fasse, elles ne sont pas loyales ».
Nabou Toure, Promotrice de Karismétique :
« C’est une employée. La confiance est importante et il faut prendre soin d’elle et contribuer à son éducation en la sensibilisant sur le maximum de sujets possibles. C’est un membre de la famille mais pas une amie. Mais au départ, c’est une employée. Tout dépend de la façon dont elle-même se comporte au fil du temps. Je pense que l’aide-ménagère doit être une employée. Et bien sûr, une employée c’est un être humain comme nous. Nous lui devons du respect et de la considération. Nous devons lui donner une place au sein de la famille conformément à son contrat. Mais trop l’introduire dans notre vie privée peut s’avérer dangereux. Elle doit connaître ses limites dès le départ ».
Salimata Ouolegueum promotrice d’Idena prestation
« Pour qu’il n’y ait pas de confusion, l’aide-ménagère reste une employée. Elle est là pour des tâches précises. Son statut n’est pas une raison de la maltraiter. Ce n’est pas également une femme à tout faire. En tant que maîtresse de son foyer, il y a des tâches qui t’incombent entre autres : la cuisine. La bonne peut cuisiner en cas d’urgence sinon pas tous les jours. La femme doit pouvoir s’occuper de sa chambre, de sa toilette intérieure, de son mari sans pour autant impliquer l’aide-ménagère. Il y a des conversations, par exemple sur sa vie privée, que la maîtresse ne doit pas faire avec la bonne ou l’aide-ménagère ».
Baba Niamaké, Coach en développement personnel
« Elle joue le rôle d’une employée et une amie. Le rôle joué dans la société par les individus dépend de leur caractère, de leur personnalité et de leur environnement éducatif. Certaines de ces aide-ménagères disposent d’une personnalité qui leur permet d’être plus qu’une employée. Certaines sont même considérées comme des membres à part entière des familles qui les emploient. Elles sont alors filles, sœurs, amies, éducatrices entre autres. Pendant que pour certaines, le rôle se limite au travail de l’aide-ménagère à cause de leurs comportements et attitudes qui laissent souvent à désirer »
« Notre « bonne » dort dans ma chambre et ses habits sont rangés dans mon armoire. Elle est plus qu’une copine. C’est une sœur ». Conclut notre interlocutrice qui précise que sa « bonne » exécute bien ses tâches.Diana Sidiki, Co-fondateur de Derhane
Kalifa Traoré, Enseignant
« Une aide-ménagère dans son sens propre est une employée. Une aide-ménagère est également un être humain tout comme son patron ou sa patronne. C’est un être qui réfléchit et elle pourrait contribuer à travers ses analyses également. Nous ne devons pas mettre de barrière entre nos aide-ménagères et nous. Nos relations doivent être fraternelles. Chacun a vécu une expérience dans sa vie et nous aurons tous besoin d’une expérience complémentaire ».
Fatoumata Koita
Source: bamakonews