Prendre part au mariage d’un proche est un acte de générosité, d’amitié et une occasion de faire la fête. C’est pour¬tant lors d’un tel événement que le jeune Agali N’Diketa, âgé de 25 ans et vivant à Gao, a été victime d’un incident qui lui a valu l’amputation de sa jambe. Grâce au CICR il peut de nouveau mar¬cher presque normalement…

C’est en novembre 2012 que tout a bascu­lé pour Agali. Au plus fort du conflit à Gao, le jeune homme participe au mariage d’un cousin. La ville est alors sous le contrôle des groupes armés. Comme c’est la coutume au Mali, après le passage du couple devant le maire, un cortège de motos et de voitures est constitué pour accompagner le couple à son domicile. Sur sa moto, Agali fait partie du cortège qui parcourt bruyamment les rues de Gao, klaxons et cris de joie à l’appui. « Nous avions décidé de faire une grande fête, qui devait commencer par une grande démonstration de joie dans les rues de la ville », se souvient le jeune-homme. « Nous étions tous très heureux et voulions le faire savoir à tout le monde. C’était la joie et le bonheur dans nos coeurs ».

Quelques minutes après le départ du cor­tège, ils sont arrêtés par des individus armés qui leur reprochent leur façon bruyante de célébrer l’événement. Alors que des négo­ciations sont en cours entre les deux camps, des coups de feu sont tirés et dans la pa­nique générale, Agali reçoit une balle dans le pied droit. “ La douleur était si déchirante que j’ai perdu connaissance ”, se souvient‑il. Transporté d’urgence à l’hôpital de Gao, il est pris en charge par l’équipe médicale du CICR. Après différents examens et une radiographie, le verdict médical tombe : la nature de la blessure est telle que le pied doit être amputé. “ Quand j’ai entendu cela, j’étais effondré. J’ai pensé que ma vie était finie. Comment continuer à vivre, comment retrouver du travail avec un seul pied ? ”, se souvient le jeune homme. Pendant ce temps‑là, sa famille insistait auprès de la sous-délégation du CICR à Gao pour que le blessé soit évacué vers un autre hôpital où, espéraient‑ils, l’amputation ne serait pas nécessaire.

Pourtant, l’équipe médicale du CICR était formelle : impossible de sauver le pied. C’est alors que commence pour le jeune homme et sa famille, une période de doute et de réflexion. Après quelques jours de concer­tation, Agali accepte finalement d’être am­puté, et l’intervention a lieu au début 2013. Vers le mois de mars, il est pris en charge par le programme de réhabilitation phy­sique du CICR et admis au Centre ortho­pédique de l’hôpital national de Niamey, soutenu par le CICR.

Là, les spécialistes l’ap­pareillent avec une prothèse parfaitement adaptée à ses besoins, et lui réapprennent à marcher avec son pied artificiel. Comme il a été une victime du conflit armé, tous ses frais, aussi bien à Gao qu’à Niamey, ont été pris en charge par le CICR. Après sa guéri­son complète et sa réhabilitation physique, Agali est ramené auprès des siens à Gao, où il a repris une vie normale.

En octobre 2015, nous l’avons rencontré à Gao. Malgré les problèmes de sécurité toujours présents, il a repris ses activités et c’est avec bonne humeur qu’il a accepté de partager son sentiment avec nous. « Certes, cela a été une grande épreuve, mais je suis content de m’en être remis. Aujourd’hui en­core, quand j’y pense, j’ai de la peine à croire que malgré tout, j’ai pu m’en sortir », ex­plique Agali. « Grâce à mon nouveau pied, j’ai repris mon travail de vendeur ambulant de viande de boeuf.Le CICR m’a beaucoup aidé et c’est grâce à lui que je marche de nouveau ». En réalité, Agali a retrouvé son dynamisme et sa joie de vivre. D’ailleurs, pour celui qui ne connaît pas son histoire, il n’est pas facile de deviner qu’il marche à l’aide d’une prothèse. La mise en place du programme de réhabilitation physique du CICR au Mali, offre désormais à Agali la pos­sibilité de faire régulièrement réparer, sinon remplacer sa prothèse sur place à Gao.

Source: CICR