La semaine écoulée, la force Barkhane et les forces spéciales de la TF Sabre française ont lancé un raid sur des positions terroristes au nord du Mali. Une vingtaine de combattants auraient été tués ou capturés, selon l’Etat-major. Cette opération antiterroriste, menée à quelques encablures de la frontière algérienne, ciblerait principalement Iyad Ag Ghali, même si c’est l’un de ses principaux lieutenants, Malick Ag Wanasnat, qui aurait fait les frais.
Ce raid mené par les forces françaises qui aurait touché trois cibles simultanément à quelques centaines de mètres seulement de la frontière algérienne est bien évocateur. Il permet de démentir certaines allégations qui considéraient, jusque-là qu’aux abords de la frontière de notre voisin du nord, les troupes françaises ne pouvaient opérer. Mais aussi, il prouve à suffisance que si la France veut, elle peut bien crever l’abcès terroriste au nord de notre pays. Surtout que c’est un secret de polichinelle qu’elle est bien renseignée sur les activités terroristes dans l’ensemble du Sahel.
Il a été établi depuis fort longtemps par les services de renseignements français, qu’Ag Wanasnat fait partie du dispositif clé du système terroriste d’Ansardine et qu’il faisait la liaison avec les populations du nord, notamment à Kidal, Tinzaouatène et Ménaka. Mais surtout, on savait qu’il était actif sur les réseaux sociaux sans compter que des sources autorisées admettaient qu’il était inséparable d’Iyad Ag Ghali depuis une décade. Pourquoi c’est seulement maintenant que Barkhane prend visiblement Iyad et ses lieutenants comme cibles, alors que depuis des années, ç’aurait dû être le cas ?
Si l’on décrypte les propos du Chef d’Etat-major des armées françaises, après l’opération, le raid aurait été minutieusement préparé avec une parfaite coordination des frappes aériennes et des assauts héliportés sur les objectifs avec l’engagement au sol des forces terrestres. Ce qui explique que l’on était préalablement bien informé sur les cibles et les hommes. Mais l’engagement militaire français actuel aurait pour but d’anéantir le rapprochement en cours entre les différents groupes terroristes opérant au Sahel.
Toutefois, même s’il est indéniable que la France dispose de moyens militaires avérés pour s’attaquer aux cibles terroristes néanmoins, elle ne doit pas continuer à faire cavalier seul dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, notamment au Mali. Elle devrait dorénavant accepter de coordonner toutes ses opérations militaires avec les FAMA. Ces dernières étant constitutionnellement les seules forces habilitées à défendre l’intégrité du territoire national, sauf dans le cas où l’ancienne puissance coloniale œuvre au Mali dans le cadre du néocolonialisme.
Gaoussou Madani Traoré
Par Le Challenger