Les talibans ont reçu un accueil international moins hostile qu’il y a deux décennies quand seuls trois pays (Pakistan, Émirats arabes unis, Arabie saoudite) avaient reconnu leur régime – même si personne n’est encore allé jusque-là pour l’instant. 

“Modérer le régime”

La Chine s’est dite prête à entretenir des “relations amicales” avec eux. Pour la Russie, leurs assurances en matière de liberté d’opinion constituent un “signal positif”. La Turquie a aussi salué des “messages positifs” et l’Iran fait des gestes d’ouverture.

La réponse occidentale est plus dispersée. Les États-Unis pourraient reconnaître un gouvernement taliban s’il “préserve les droits fondamentaux de son peuple”, en particulier des femmes.

Londres ne travaillera “normalement” pas avec le mouvement islamiste radical, qui sera jugé “sur les actes, pas sur les paroles”, a averti le Premier ministre britannique Boris Johnson mercredi.

L’Union européenne “devra parler” aux talibans “aussi vite que nécessaire”, car ces derniers “ont gagné la guerre” en Afghanistan, a déclaré Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.

Mais pour le procureur de la Cour pénale internationale, des crimes et des exécutions en guise de représailles ont été commis dans le pays, qui pourraient relever de violations du droit international humanitaire.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a aussi annoncé une session spéciale le 24 août à Genève (Suisse) pour examiner “les inquiétudes sérieuses” sur les droits humains en Afghanistan.

Autre signal négatif, la statue d’un homme politique de la minorité chiite hazara, Abdul Ali Mazari, tué alors qu’il était prisonnier des talibans dans les années 1990, a été partiellement démolie à l’explosif mercredi à Bamiyan (centre), a indiqué un habitant sous couvert d’anonymat, sans pouvoir dire avec certitude qui avait commis cet acte.

Le mollah Baradar acclamé

Très critiqué, le président américain Joe Biden a défendu lundi la décision de retirer ses troupes, malgré les scènes d’anarchie à l’aéroport de Kaboul qui pourraient longtemps hanter sa présidence.

Les Américains, qui ont envoyé 6.000 militaires pour sécuriser l’aéroport de Kaboul et faire partir quelque 30.000 Américains et civils afghans craignant pour leur vie, et les Occidentaux poursuivaient leurs évacuations mercredi.

Dans la nuit, un vol français est arrivé à Abou Dhabi depuis Kaboul, avec à son bord 216 personnes dont 184 Afghans “de la société civile en besoin de protection”, quatre Néerlandais, un Irlandais, deux Kényans et 25 Français, selon le ministère français des Affaires étrangères.

Quant au Royaume-Uni, il a évacué pour l’instant 306 Britanniques et 2.052 Afghans, selon Boris Johnson. Le gouvernement britannique avait annoncé mardi soir un dispositif destiné à accueillir “à long terme” 20.000 réfugiés afghans.

Le mollah Baradar, numéro deux des talibans, qui dirigeait depuis le Qatar leur bureau politique et négociait avec les États-Unis et le gouvernement afghan, est rentré au pays.

Il a atterri mardi à l’aéroport de Kandahar (sud), capitale des talibans sous leur précédent régime, acclamé par une large foule, selon des images de médias pro-talibans.

C’est la première fois qu’un très haut dirigeant taliban en activité rentre publiquement en Afghanistan depuis qu’ils avaient été chassés du pouvoir par une coalition menée par les États-Unis, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Source : AFP