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AFFAIRE DES 49 MILITAIRES IVOIRIENS : Un sac de nœuds et d’incohérences

Décidément, l’être humain est condamné à se dépêtrer indéfiniment dans des situations dont il est lui-même l’instigateur et la victime. Comme un pyromane qui, ayant provoqué un incendie, se démène en sapeur-pompier et se fait dévorer par les flammes. Il y a un mensonge dans l’affaire des soldats ivoiriens… mais dans quel « camp » est-il élaboré et proclamé ? L’Etat ivoirien, qui avait déjà proféré des menaces contre l’Etat transitoire malien, a-t-il, cette fois-ci, décidé de passer à l’action en envoyant des « mercenaires » pour déstabiliser le Colonel Assimi Goïta et ses camarades ? Le gouvernement malien est-il atteint de paranoïa au point de voir le mal partout ?

Nous tenterons de garder la bonne foi et essaierons, autant que faire se peut, d’éviter toute partialité entre les versions officielles malienne et ivoirienne. Un jeu digne des équilibristes les plus habiles, vous me direz !

Il est vrai, quelques ténors de la CÉDÉAO dont Alassane Dramane Ouattara, avaient pris l’habitude de faire de nos autorités de la Transition une sorte de « punching ball » propre à recevoir en permanence leurs coups. ADO était allé jusqu’à prédire une fin rapide au régime militaire qui a renversé, le 20 août 2020, Ibrahim Boubacar Kéita (un de ses amis très proches, dit-on). C’est bien lui qui est à la base de la prise, par l’organe sous-régional, des sanctions économiques contre notre pays. N’est-ce pas aussi de chez lui, la Côte d’Ivoire, que les opposants les plus farouches à la Transition malienne se pavanent en infligeant des diatribes insolentes aux tenants du pouvoir au Mali ? Qui offre donc le gîte et le couvert à ces « flingueurs » de notre Transition, qui leur offre les plateaux de télévision et de radio, les pages des journaux et surtout cette liberté de critiquer et de dénoncer les autorités d’un pays frère et ami ? Ça ne peut être que lui, Alassane Ouattara ! En tout cas, ses impairs envers le Mali et ses autorités exposent ses flancs à toutes sortes de suspicions et d’intentions malveillantes. Les autorités maliennes sont donc en droit de le voir derrière tout projet de déstabilisation de leur pouvoir. C’est à lui seul de prouver son innocence dans cette affaire.

Mais l’expérience m’a appris aussi à me méfier des évidences. Certes, tout accable Alassane Ouattara et le désigne comme coupable idéal d’éventuelles malveillances liées à la venue de ses quarante-neuf compatriotes militaires. Et pour le comble, l’ONU et la MINUSMA nient être au courant de la venue de ce contingent et des armes. Mais les autorités ivoiriennes persistent à présenter ledit contingent comme la relève des précédentes troupes ivoiriennes désormais en fin de mandat au Mali. Elles soutiennent également que ces Forces spéciales ivoiriennes sont venues pour sécuriser les biens matériels et humains d’une certaine Sahel Aviation Services (S.A.S.). Quand bien même ! Que ce soit pour la Minusma ou la S.A.S., il est inenvisageable qu’un contingent de soldats puisse quitter un pays pour un autre sans que les protocoles y afférents soient accomplis et respectés des deux parts. Normalement, une telle mission est traitée d’Etat à Etat, avec une liste nominative du personnel voyageant et une autre descriptive et détaillée du matériel. Où est donc l’ordre de mission sans lequel aucun mouvement de ce genre ne peut s’effectuer d’un pays à un autre ?

Le communiqué du gouvernement malien fait état de professions falsifiées sur les passeports des militaires en question ; les autorités ivoiriennes le démentent formellement. Pourquoi les militaires auraient-ils falsifié leurs professions sur les passeports ? S’il n’y a pas d’ordre de mission officiel, si les passeports présentent leurs titulaires autrement que par la profession “militaire”, alors, les militaires sont arrivés au Mali pour une mission officieuse, dont l’objet est inavouable.

Mais l’inconnu reste le mode opératoire : en envoyant quarante-neuf de ses militaires dans ces conditions, l’Etat ivoirien les a envoyés au casse-pipe et en connaissance de cause. C’est tout simplement grotesque, voire grossier ! Il nous est difficile de résister à la tentative de croire l’Etat ivoirien coupable dans cette affaire. Mais trop de questions demeurent sans réponses pour nous permettre d’avancer un avis tranché. Quel que soit le cas de figure, les organisateurs ivoiriens de ce voyage ont failli à plusieurs niveaux : une mission officielle, qui plus est militaire, ne peut s’effectuer même à l’intérieur sans ordre de mission. La version de la MINUSMA et celle de l’ONU désavouent les gesticulations de l’Etat ivoirien qui vient de se jeter du discrédit, purement et simplement. Et d’en ajouter à la popularité du gouvernement malien par la même occasion.

Tiécoro Sangaré

Source: Les Échos- Mali

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