Les autorités du Mali ont arrêté 49 militaires ivoiriens, le dimanche 10 juillet, à l’aéroport de Bamako. Selon les informations, ces soldats arrivés illégalement sur le territoire malien ont été amenés devant les autorités judiciaires compétentes. Qu’en pense la population malienne ?
Youssouf Doumbia, agent comptable
Les autorités maliennes ont effectué un travail qui est à saluer car ils ont très vite agi afin de mettre aux arrêts des mercenaires ivoiriens.
Sékou Amadou Sankaré, étudiant
Je me pose la question de savoir comment les militaires d’un autre pays peuvent débarquer chez nous aussi facilement. Si la Côte d’Ivoire a exigé leur libération, cela veut dire que nos autorités sont au courant de leur arrivée. Je pense qu’il faut tirer cette affaire au clair.
Boureima Traoré, juriste
Détenus depuis quelques jours par les autorités maliennes pour vérification, 49 militaires ivoiriens interpellés ont menti sur leur identité. En plus de cela, ils se trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali en possession d’armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation. C’est encore plus grave. J’invite les autorités maliennses, notamment le ministre de la Défense et celui de la Sécurité à rester vigilants durant les 18 derniers mois.
Béatrice Traoré, enseignant
Je pense qu’il faut éviter l’amalgame de dire les Ivoiriens vont détruire le Mali. C’est une information qui n’est pas fondée et je sais bien, comme beaucoup de Maliens, qu’aucun militaire ivoirien de ce contingent n’était en possession d’armes et de munitions de guerre.
Clément Ouattara, agronome
Je pense que les gens qui sont sur les réseaux sociaux sont en train d’envenimer la situation. Je pense qu’il faut vérifier l’information avant de la balancer. Je pointe du doigt la responsabilité de l’État malien pour la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux.
Mme Kadidiatou Tounkara, policière
Je pense que les autorités ivoiriennes ont menti à propos de la présence de ces soldats dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma). Cela est bien connue des autorités maliennes. Une chose est sûre, le Col Assimi Goïta et son équipe doivent faire extrêmement attention. A mon avis, il faut renforcer davantage les frontières du pays, notamment avec la côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Niger. Ces genres d’opérations sont souvent soutenues par des puissances occidentales.
Hindé Ombotimbé, journaliste
Deux problèmes se posent chez nous. Notre pays est enclavé et a été le théâtre de deux coups d’État militaires en août 2020 et en mai 2021. Cela s’ajoute récemment à la tentative avortée il y a quelques mois et maintenant, 49 soldats supposés mercenaires ont été arrêtés sol malien. Je pense qu’il faut analyser la situation à la loupe avant de se prononcer. Ni les autorités ivoiriennes ni celles du Mali ne m’inspirent confiance. Ce que je peux dire : il a été récemment adopté un calendrier de transition devant permettre un retour des civils au pouvoir en mars 2024. Donc, il faut travailler pour amener Mali à bon port
Mme Mallé Salimata Cissé, greffière
Dans cette situation, on peut dire qu’il y a une violation flagrante du code pénal malien qui incrimine les atteintes à la sûreté extérieure de l’État dont l’atteinte à l’intégrité du territoire. Ce qui est encore plus grave, la Minusma a nié son implication dans cette affaire. Je pense que les autorités de la transition savent ce qu’elles ont à faire et on attend la suite d’ici quelques jours pour me prononcer sur la question.
Moussa Diarra, ingénieur électronicien
Ceux qui disent que ces gens sont des mercenaires sont loin de la vérité. Je peux confirmer quatre versions différentes qui ont été avancées par les militaires interpellés pour justifier leur présence sur le territoire malien : la mission confidentielle, la rotation dans le cadre de la Minusma, la sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne Sahelian Aviation Services et la protection du contingent allemand. J’interpelle les plus hautes autorités maliennes de dire la vérité à la population au lieu de nous distraire avec de faux problèmes. Notre lutte est de contenir la propagation jihadiste et non pas de faire la guerre avec nos voisins.
Propos recueillis par :
Mamadou Sangaré
Source: Les Échos- Mali
