Un démenti et la bonne volonté réaffirmé ont finalement permis d’éviter le froid diplomatique qui menaçait le climat des relations entre le Mali et l’Espagne. Au cœur de la polémique (heureusement éteinte), des propos supposés du chef de la diplomatie espagnole qui aurait évoqué l’éventualité d’une intervention militaire de l’OTAN au Mali.
Dans les relations entre le Mali et le Royaume d’Espagne, le ciel de l’embellie a brusquement failli se couvrir d’épais nuages sombres. Vent debout contre des propos qui auraient été tenus par le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, le Mali n’a pas tardé à taper du poing sur la table diplomatique posé entre les deux pays. Le ministre espagnol aurait déclaré, dans l’ambiance du Sommet de l’OTAN, tenu le 28 juin à Madrid, ceci : « Une intervention de l’Otan au Mali, nous ne l’excluons pas […] »
En réaction, les autorités maliennes ont très vite manifesté leur vif mécontentement et leur indignation. L’ambassadeur d’Espagne au Mali, José Hornero Gómez, a été convoqué, le vendredi 1er juillet 2022, par le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop. Le Monsieur Diplomatie malienne a vigoureusement condamné des phrases faisant état d’une éventuelle intervention militaire de l’OTAN au Mali. Dans un entretien à la télévision nationale, Abdoulaye Diop a réitéré sans détour sa condamnation : « Nous avons convoqué aujourd’hui l’ambassadeur d’Espagne au niveau du ministère des Affaires étrangères pour élever une vive protestation par rapport à ces propos ». Comprendre par « ces propos », les mots qu’aurait tenu l’homologue espagnol de Diop. Le chef de la diplomatie malienne a estimé que les propos tenus par son homologue espagnol, Albares, sont inacceptables, inamicaux et graves parce qu’ils tendent à encourager une agression contre un pays indépendant et souverain.
Face à la colère de Bamako, l’ambassade d’Espagne au Mali s’est rapidement dite elle-même surprise des propos attribués au patron de la diplomatie espagnole. Et l’ambassadeur José Hornero Gómez d’apporter un démenti formel concernant lesdits propos, dans un tweet publié le samedi 2 juillet 2022. « L’Espagne n’a pas demandé, pendant le sommet de l’OTAN ni à aucun autre moment, une intervention, mission ou une action quelconque de l’Alliance au Mali », s’est défendue la version espagnole. Un démenti espagnol qui sera confirmé par Abdoulaye Diop : « J’ai eu un échange téléphonique avec l’ambassadeur d’Espagne au sujet des propos à lui attribués sur l’éventualité d’une intervention militaire de l’OTAN au Mali. Il a démenti et exprimé son attachement aux relations amicales et de coopération avec le Mali ».
L’Espagne et le Mali évitent de justesse un incident diplomatique car, manifestement, les réponses espagnoles ont eu pour effet de dissiper les malentendus et d’apaiser le courroux malien.
Seydou Fané
Source: Les Échos- Mali