L’affaire dite des surfacturations sur l’achat de l’avion présidentiel et d’équipement militaire, n’aurait jamais dû être une « affaire », étalée sur la place publique et pour laquelle le FMI et d’autres partenaires techniques et financiers, menacent de couper leurs aides financières au Mali. Du coup, on se demande qu’est-ce qui se cache derrière ce chantage grotesque qui renoue avec les habitudes néo-colonialistes.
L’ex ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a raison lorsqu’il dit en guise de conclusion dans ses observations en réponse au rapport du Végal sur le sujet : « Certaines des critiques qui se sont exprimées ne peuvent pas nous opposer l’exemple d’une seule armée, à fortiori en guerre, qui organise de la publicité sur ses acquisitions. Et quand on sait que nombre de nos partenaires ne souhaitent pas en réalité que nous ayons une armée forte, il est à craindre que la médiatisation orchestrée autour de ces dossiers, sur lesquels l’Etat n’a occulté aucune information dans le cadre de ses relations avec les institutions et sur lesquels il a d’ailleurs assuré être prêt à suivre les différentes recommandations, ne vise au fond à inhiber notre autonomie de décision et nous faire passer désormais sous des fourches caudines à propos d’une question fondamentale de souveraineté ». En effet, on demande pourquoi l’achat d’un avion présidentiel et d’équipement militaire fait tant de vagues au point de suspendre l’aide budgétaire allouée par certaines institutions financières internationales. C’est bien la première fois que cela arrive au Mali. Et dire, que sous les régimes précédents, les services de contrôles des finances publiques notamment le Bureau du Vérificateur général, ont révélé des manques à gagner pour l’Etat s’élevant à plusieurs centaines de millions de FCFA. Des détournements de fonds publics qui n’ont pas émus certains responsables politiques nationaux pourtant très critiques aujourd’hui dans le dossier « achat de l’avion présidentiel et d’équipement militaire ». Ni même les bailleurs de fonds extérieurs. En tout cas, ils ne l’ont pas fait savoir comme ils l’ont fait sur ce dossier.
L’avion présidentiel était censé marquer notre souveraineté et notre honneur. Puisque jusque-là, le président de la République du Mali se déplaçait en avion loué à plusieurs millions de FCFA. L’achat d’équipement militaire, était censé redonner le moral à des soldats en guerre pour défendre l’intégrité physique du Mali. Qu’on fasse scandale autour de ces deux affaires alors que chaque jour des centaines de millions de FCFA sont détournés de leur objectif principal au grand désarroi des populations pour lesquelles elles sont destinées, il y a de quoi crier au chantage et à la manipulation politique. Si le coup d’Etat de 2012 a eu une grande approbation populaire, c’est que beaucoup de Maliens en avaient assez d’être trompés par les responsables politiques et administratifs parmi lesquels on compte aujourd’hui plusieurs « milliardaires » de la démocratie.
Y a-t-il eu surfacturation dans l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires ? A première vue d’œil, et selon les explications de ceux qui y sont impliqués, notamment l’ex ministre de la Défense et l’actuelle ministre des finances, non ! Le surplus de facture controversé étant réservé aux frais de banques et la marge des fournisseurs. Alors, quel est le but de toute cette cabale médiatique ? D’abord, l’affaire « Tomy » soulevée juste au moment où les autorités gouvernementales du Mali, essayaient d’avoir une vision plus indépendantiste vis-à-vis de la France dans le dossier « gestion de la crise du nord ». Ensuite, la réfection du palais présidentiel, l’achat de l’avion présidentiel, d’équipement militaire… Dossiers dans lesquels, on essaie de bafouer l’honneur du président de la République et par la même occasion, celui de la nation malienne qui se bat contre un ennemi aidé de l’extérieur par les mêmes qui se disent amis du Mali. Si le Mali ne peut se réarmer sans qu’on parle de scandale financier, qui contrôle le réarmement du MNLA et de ses alliés ?
Que les Maliens se ressaisissent et parlent d’une seule voie au lieu de se combattre. Aujourd’hui, œuvrer à affaiblir les institutions de la République, c’est faire le jeu de ceux qui ne souhaitent pas voir le Mali sortir indemne de la crise.
Sinaly