La dissension est partie d’un communiqué signé et publié, le 26 avril dernier, par le président du parti, Youba Ba. Actuellement ministre de l’Elevage et de la Pêche, le responsable n’a daigné dépêcher, ce jour-là, un communiqué pour se désolidariser des propos tenus par des partis politiques qui, au sujet de la relecture de la charte, s’étaient réunis à la Mason de la presse pour exiger le respect de la constitution par les autorités. Alors que ADP-Maliba s’était visiblement fait représenter par un certain Abdoulaye Tounkara, un des responsables, Youba Ba a fait un communiqué pour se désolidariser des propos émanant de ce vice-président. « Le comité exécutif de l’ADP-Maliba a appris, par voie de presse notamment sur les réseaux sociaux, la présence d’un de ses cadres à la conférence de presse de certains présidents de partis politiques dans le cadre de la relecture de la charte des partis politiques ». Puisqu’il défend la posture du gouvernement, le ministre Youba Ba a poursuivi en ces termes, « ledit responsable a été présenté comme étant un Vice-Président de l’ADP-Maliba. L’ADP-Maliba tient à préciser qu’il souscrit au respect de la Constitution et des conclusions des Assises nationales de la Refondation qui consacrent toutes la démocratie et le multipartisme (…). L’ADP-Maliba souligne, par ailleurs, qu’il n’a demandé aucun représentant à l’effet de le représenter à ladite conférence. Elle se désolidarise, par conséquent, de tout propos, acte posé par ledit responsable et de toute déclaration ayant sanctionné ladite conférence ».
Des divergences de vue
Un des responsables du parti a répliqué par une déclaration en date du 28 avril dernier. « Je tiens à me désolidariser formellement du communiqué publié le 26 avril 2025 au nom de l’ADP-Maliba. Ce texte, rédigé sans la moindre concertation, résulte d’une décision strictement unilatérale de M. Youba BA, Président du parti », a confié Mamadou dit Hama BAH, trésorier général du Bureau National des Jeunes du parti. D’après lui, la question de la relecture de la Charte n’a jamais été débattue en interne. Aucune instance n’a été consultée, aucun avis collectif sollicité. « Ce passage en force ne répond ni à l’intérêt général, ni aux idéaux démocratiques qui fondent notre parti. Il reflète une volonté manifeste d’amadouer les détenteurs actuels du pouvoir, dans le seul but de préserver un portefeuille ministériel », a répliqué le secrétaire politique de la section de Dioîla, membre du Comité Exécutif et du comité scientifique, secrétaire aux Relations Extérieures et à l’intégration Africaine. Selon lui, une large frange de la base militante du parti, ainsi qu’une majorité des membres du Comité Exécutif rejette tant le contenu que l’esprit du communiqué de Youba Ba. Un communiqué qui, a estimé Mamadou dit Hama, constitue une trahison de la ligne historique et des valeurs fondatrices de l’ADP-Maliba. Et le responsable de signaler que c’est le sieur Abdoulaye Tounkara, vice-président du parti qui a assisté à ladite conférence des partis politiques. Abdoulaye n’a pas été écouté. Nul ne peut être blâmé sans être entendu, a-t-il estimé.
Aliou Diallo, président d’honneur du parti clarifie sa position
Il a supposé que le Mali dispose une Constitution adoptée et promulguée en juillet 2023 suite à un référendum. Cette Constitution a été votée par le Peuple souverain du Mali et a coûté des milliards de francs CFA payés par le Trésor Public malien. Aujourd’hui, l’argent du même Trésor Public malien a été utilisé pour financer des « concertations des Forces vives de la Nation » qui recommandent de désigner le Président de la République du Mali sans élections. Ce qui, pour Aliou, est en contradiction avec l’article 45 de la nouvelle Constitution, stipulant que le Président de la République est élu pour un mandat de cinq (05) ans au suffrage universel direct et qu’il n’est rééligible qu’une seule fois. Le président d’honneur trouvera que c’est une véritable « forfaiture » à l’encontre de la Constitution que les autorités de la transition ont pourtant fait voter ! Il est inadmissible de gaspiller l’argent de l’Etat pour organiser des concertations qui recommandent de violer la constitution. Où va notre pays ? S’interroge Aliou. « Je ne suis pas d’accord avec les conclusions des concertations parce qu’elles nous proposent de violer notre Constitution. Le multipartisme qui a été acquis de haute lutte dans le sang en 1991 doit être préservé de même que l’élection du Président de la République au suffrage universel direct ». « Allons aux élections pour choisir notre Président, nos Députés et nos Maires conformément à notre Constitution. C’est ainsi que nous pourrons, pour Aliou, construire un Mali nouveau dans la stabilité, condition préalable à son essor économique et à son développement durable pour plus de prospérité, de tranquillité et de bien-être du peuple malien ». Ces déférentes sorties prouvent à suffisance le désaccord, disons la fissure se trouvant entre Youba Ba, président du parti et les autres responsables à propos de la trajectoire d’une interminable transition au Mali.
Mamadou Diarra