La question mérite d’être posée. Surtout, après l’annonce faite, mi-juin, par le célèbre enquêteur ivoirien. Dans une vidéo, devenue virale, Chris Yapi mettait le président de la Transition en garde contre sur complot visant à l’assassiner. Selon l’activiste ivoirien, Emmanuel Macron et Alassane Dramane Ouattara (ADO) s’apprêteraient à attenter à la vie du colonel Assimi Goïta, soupçonné de vouloir privilégier les intérêts de son pays à ceux de la France au Mali. Et le 20 juillet dernier, le président de la Transition échappait à une tentative d’assassinat, à la grande mosquée de Bamako. Coïncidence ou hasard de calendrier ?
Parti, à Accra, avec les consignes de Paris, lors de
la dernière réunion des chefs d’Etat de la CEDEAO, Alassane Dramane Ouattara (ADO) avait été mis en minorité par ses homologues de l’organisation sous régionale, qui s’étaient opposés à toute sanction radicale contre le Mali, suite au second coup d’Etat à l’issue duquel Bah N’Daw, l’ex-président de la Transition, et son Premier ministre, Moctar Ouane ont été mis « hors de leurs prérogatives ».
Depuis, ni Macron, qui avait décidé de suspendre la coopération militaire entre le Mali et la France, avant de se raviser, ni ADO n’ont digéré leur échec, celui d’imposer au Mali des sanctions économiques drastiques.
Coïncidences troublantes
Pour l’un, comme pour l’autre, c’est une « humiliation » de plus que vient de leur infliger, celui qu’ils appellent avec mépris le « petit soldat malien ».
D’où leur décision de l’éliminer. Physiquement.
« Jamais, Alassane Dramane Ouattara, qui a la bénédiction d’Emmanuel Macron, ne s’avouera vaincu. Et il fera tout pour assassiner le colonel Goïta ».
Réputé pour ses révélations sur les scandales économiques et sociopolitiques, Chris Yapi annonçait qu’ADO entendait appliquer, au président de la Transition malienne, le scénario-Dadis Camara.
« Il va corrompre quelques officiers de l’armée malienne pour assassiner le nouveau président de la Transition », annonçait-il dans cette vidéo.
Mais un mois, seulement après la diffusion de cette vidéo, ce qui était annoncé dans cette vidéo, arriva. Coïncidence ou hasard de calendrier ?
En effet, le 20 juillet dernier, le colonel Assimi Goïta échappe, de justesse, à une tentative d’assassinat. C’était après la prière de la fête de Tabaski, à la grande mosquée de Bamako, au moment où l’imam s’apprêtait à égorger son mouton. Un homme, armé d’un couteau s’attaque au président de la Transition, assis sur son tapis de prière. Il esquive son agresseur, avant sa garde rapprochée ne se charge de luI.
Il s’agit, aux dernières nouvelles, d’Alassane Touré, né en 1991 à Niono, dans la région de Ségou. Il était sans emploi fixe. Et vit à Yirimadio, un quartier péripherique de la capitale.
Autre coïncidence troublante : quatre heures après la tentative d’assassinat du président de la Transition malienne, nous apprenons que deux Français, des ex-officiers, ont été arrêtés à Madagascar pour avoir tenté d’assassiner son président, Andry Rajoelina. C’était, mardi 20 juillet, au soir. Depuis quelques mois, dit-on, le président malgache était en froid avec l’Elysée.
Un « complot » selon les enquêteurs
La piste la plus privilégiée, à l’heure actuelle, par les enquêteurs, reste celle de la déstabilisation du Mali.
On comprend mieux pourquoi, Chris Yapi appelait les Maliens à la vigilance. Et le président de la Transition à la prudence.
« Cher peuple malien, Chris Yapi vous aura prévenu. Protégez votre Transition, ne laissez pas Alassane Dramane Ouattara s’approcher de vos affaires, car il n’a pas de bonnes intentions vis-à-vis de votre pays », poursuivait-il dans cette vidéo.
Aux dernières nouvelles, l’agresseur du président de la Transition ne serait plus un enseignant, comme annoncé ; mais plutôt un homme rompu dans le maniement des armes.
« Il s’agit d’un complot et les vérifications sont en cours pour savoir qui est derrière », indique une source bien informée.
Selon un communiqué diffusé dimanche soir, à la télévision nationale, le présumé auteur de la tentative d’assassinat contre le président de la Transition serait mort en garde à vue.
« Le gouvernement rappelle toutefois que son décès ne fait pas obstacle à la poursuite de l’enquête, dejà en cours au niveau du parquet de la commune II du District de Bamako » precise le communiqué.
Oumar Babi
Source: Canarddechaine