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Accusations de fraudes au cours des élections: jusqu’où ira le camp Soumi ?

Soumaïla Cissé est bien en peine, ce coup-ci, dans la contestation des résultats du scrutin du dimanche du 12 août dernier : les observateurs, dans une rare unanimité, accordent tous leur quitus à une élection qui s’est, assurent-ils, déroulée dans la transparence, l’absence de fraude, avec une considérable réduction de la violence ; bref, un scrutin crédible sous toutes ses coutures, aux yeux des observateurs qui saluent ce qu’ils qualifient de ‘’maturité politique’’ du peuple malien. Du coup, la nouvelle croisade de Soumaïla Cissé, proclamant et fêtant sa victoire avant l’heure, prend des allures d’un pis-aller qui ne manque pas d’un certain humour.

 

De toute évidence, ces lendemains de second tour des présidentielles ne chantent pour tout le monde. Et surtout pas pour le challenger du président sortant, Soumaïla Cissé, déjà talonné à distance respectable, depuis la proclamation des résultats du premier de cette présidentielle. Au-delà des chiffres qui n’incitaient guère à l’optimisme, le coup de grâce des observateurs vient couper court à l’antienne de la contestation du fait de fraudes et autres manipulations.
Les avis des différents observateurs convergent vers une organisation et un processus électoral qui ont répondu aux normes internationalement établies de crédibilité, de transparence et d’équité. Tout au plus, ont-ils parfois noté ou déploré quelques dysfonctionnements, d’ailleurs qu’ils n’ont pas spécialement imputés à l’organisateur, mais bien aux aléas d’un pays confronté à une insécurité multiforme. Au demeurant, ces dysfonctionnements paraissaient tout aussi véniels qui ne méritaient pas, et l’opposition tant au premier tour que Soumaïla Cissé au second tour ne l’ont même pas fait, qu’on y prête attention ! Somme toute qu’ils soient de l’Union européenne, de l’Union africaine, les experts africains ou ceux du Mali même comme ceux de Caritas-Mali, cette unanimité dans les conclusions rend obsolète la thématique sous-tendant le refus, a priori, des résultats et apparemment, les accusations de fraudes et de magouilles électorales semblent avoir fait long feu…
Au demeurant, les autorités ont déféré à toutes les instances de la communauté internationale, le plus souvent portées par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne. Ce qui ôtait un argument de poids à toute velléité tendant à porter quelle que contradiction que ce soit. Mais il est vrai que le ministre de l’Administration, un peu par sournoiserie peut-être, a traîné des pieds pour accéder à l’ultime instance de la communauté internationale consistant à publier les résultats bureau de vote par bureau de vote. Il ne le fera… qu’en même temps que la Cour Constitutionnelle proclamait les résultats définitifs du premier tour. Si ce timing rendait de facto forclose toute contestation appuyée sur ces résultats ainsi publiés, Mohamed Ag Erlaf avait de toute façon beau jeu d’avancer avec raison que la loi (électorale, et donc la Constitution) ne l’y obligeait pas.
Que ce soit donc au premier tour comme au second, les observateurs n’avaient en aucun cas signalé des dérapages de nature à remettre fondamentalement en cause la crédibilité, voire la sincérité du scrutin présidentiel, au point de nécessiter une reprise, à tout le moins justifier une qualification de non-équité et d’inégalité ! Du coup, les arguments de l’opposition, réduite d’ailleurs à Soumaïla Cissé, relatifs aux classiques dénis de toute éthique électorale, prenaient une résonnance particulière. En déphasage avec la réalité ! L’absence de réponse de la rue, hormis quelques mouvements signalés par-ci par-là, constituait en soi… une réponse.
Le fait est que l’opposition malienne est bien mal partie à cette présidentielle, en rangs dispersés et dans l’absence totale de points de convergence. La timide tendance à l’unité de vues, amorcée au lendemain du premier tour, n’a pu aboutir, comme nous l’avions déjà souligné en unité d’actions. Déjà, dans les différentes ébauches de coalition de contestations, plus que d’opposition, le groupe des ‘’17 -1’’ ou celui des ‘’18’’, les déclarations ne brillaient guère pas par leur homogénéité et les observateurs avaient eu l’impression que chacun tirait à hue et à dia, sans trop se soucier de cohérence. Les seules contestations des résultats et dénonciations de pratiques frauduleuses n’ont pas suffi à cimenter un groupe qui, de toute façon, n’avait que peu de chose en commun. Et même là, les contestations ont été laborieuses que la Cour Constitutionnelle les a balayées d’un revers de la main, en dépit de certains cas méritant une observation plus poussée, jugent certains candidats auteurs de requêtes. Et comme on le constate, la même solitude continue pour le candidat de la Restauration de l’Espoir, car dans la contestation en cours, aucune personnalité politique, majeure comme mineure, ne pipe mot ! Tout au plus, les postures, tout en calculs, se limitent à des défenses et illustrations, voire en des pré-justificatifs. Certainement pour rallier sous une forme ou une autre le nouveau pouvoir issu du premier quinquennat.
D’ailleurs, comme on en avait déjà les prémisses, l’absence d’appels en sa faveur pour ce second tour a sonné le glas d’une ambition qui doit certainement encore triompher des aléas politiques pour remettre l’ouvrage sur le métier à l’orée 2023.
En somme, on comprend que la compétition présidentielle 2018 a pris des allures d’une équipée solitaire pour le Chef de file de l’opposition.

Yaya TRAORE

Info-Matin

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