L’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye (EMP) de Bamako a abrité, le lundi 11 février 2019, la cérémonie d’ouverture de la 6ème session de formation en droit international pénal, droit international des droits de l’homme et droit des réfugiés. Cette session de formation est organisée conjointement par la Fondation René Cassin, Institut International des Droits de l’Homme (IIDH), la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté (FNF), et la Division des Droits de l’Homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA), avec le soutien de l’Ambassade de France au Mali. Au cours de la cérémonie d’ouverture, le directeur régional Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté, Dr Joachim Holden a fait savoir que certains crimes doivent intéresser la communauté internationale qui a l’obligation de poursuivre, de juger et de condamner les auteurs, au nom de toute l’humanité.
La cérémonie d’ouverture de cette session de formation était présidée par le ministre de la justice, garde des sceaux, Tiéna Coulibaly, représentant le premier ministre, en présence du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, Mahamat Saleh Annadif, chef de la Minusma, de Sébastien Touzé de la Fondation Réné Cassin, du directeur régional Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté, Dr Joachim Holden, de l’Ambassadeur de l’Allemagne au Mali, Dietrich Becker, de la représentante de l’Ambassade de France au Mali, Mme Françoise GIANVITI, du président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Malick Coulibaly, du premier vice-président de l’Assemblée nationale du Mali, l’honorable Moussa Timbiné et de nombreuses autres personnalités. L’objectif de la session de Bamako est d’offrir à un public francophone, originaire de la zone sahélo-saharienne, d’Afrique et d’Europe et issu de la famille judiciaire, des organisations des droits de l’homme et des forces de l’ordre ainsi qu’aux officiels gouvernementaux, un accès à un enseignement d’excellence dans le domaine du droit international des droits de l’homme et du droit international pénal et de contribuer à la promotion de ces derniers dans le cadre des institutions nationales des Etats et de leurs juridictions. Dans ses mots de bienvenue, le directeur de la division des droits de l’homme de la Minusma, Guillaume NGefa a fait savoir que la justice et la paix sont interdépendantes et se renforcent mutuellement. Avant de mettre l’accent sur les thématiques qui seront abordées durant cette session dont « L’usage de la force dans le cadre du contre-terrorisme », « La prohibition de la torture dans le cadre de la lutte contre le terrorisme » et « Les groupes armés non-étatiques et droit international ». Selon lui, la MINUSMA, conformément à son mandat issu des résolutions successives du Conseil de Sécurité des Nations Unies, accompagne les efforts du Gouvernement malien, à travers notamment la surveillance régulière de la situation des droits de l’homme. En outre, il dira que de 2014 à nos jours, il y a eu la formation de 639 professionnels venant de 20 pays d’Afrique et d’Europe dont plus de 300 Maliens. Il sera suivi du directeur de la Fondation René Cassin, Pr Sébastien Touzé qui a souligné que les obligations des Etats doivent être redéfinies afin de permettre le développement des actions permettant de lutter efficacement et effectivement contre les responsables de la violation des droits. « Quant au plan universel, peut-on véritablement parler d’une unité, même partielle en vue de défendre un intérêt commun ? La démonstration apportée par les conflits actuels démontre que, sans être vaine, cette unité n’en demeure pas moins encore bien peu envisageable et constitue la principale faiblesse de cette Communauté internationale pour lutter efficacement contre les mouvements terroristes que certains Etats ont d’ailleurs crées de toute pièce à des fins de stratégie politique », a-t-il dit.
«Le Mali fait face à de graves violations des droits de l’homme »
Aux dires du directeur régional Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté, Dr Joachim Holden, le droit international pénal, au même titre que le droit international des droits de l’homme d’une manière générale, est construit en fonction et pour l’intérêt de l’individu. « Le but ultime de notre action constitue l’épanouissement de cet individu dans un environnement stable, sécurisé et apaisé…certains crimes doivent intéresser la communauté internationale qui a l’obligation de poursuivre, de juger et de condamner les auteurs, au nom de toute l’humanité. Partant de l’idée que la garantie de la paix et de la sécurité ainsi que l’épanouissement de l’individu dans un monde pacifique passe nécessairement par la lutte contre l’impunité sous toutes ses formes et le respect inconditionnel des droits de l’homme, la session de Bamako n’en est que porteur de nombreux espoirs pour la zone sahélo-sahélienne», a-t-il souligné. Quant à la représentante de l’Ambassade de France, Mme Françoise GIANVITI, la situation reste critique dans la sous-région, la crise s’accompagne de nombreuses violations dès droits de l’homme, le nombre de réfugiés ne cesse de croître et jamais le besoin d’une justice efficace et équitable n’a été aussi impérieux. «Face à l’horreur, aux exactions, le recours au droit est plus que jamais nécessaire. Car il ne peut y avoir de paix sans justice. Les crimes les plus graves doivent être réprimés, leurs victimes reconnues et le préjudice réparé. Aucune paix durable n’est possible sans une reconnaissance judiciaire de la souffrance subie et une réponse pénale contre leurs auteurs. A cet égard, l’accord pour la paix et la réconciliation réaffirme le caractère imprescriptible des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il exclut toute possibilité d’amnistie pour les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité et violations graves des droits de l’Homme, y compris des violences sur les femme, les filles et les enfants, liés au conflit», a-t-elle dit. Dietrich Becker, Ambassadeur de l’Allemagne au Mali aussi bien que Mahamat Saleh Annadif, chef de la Minusma ont tous indiqué la nécessité de lutter contre l’impunité gage de la promotion et de la protection des droits de l’homme. Le ministre de la justice, Tiéna Coulibaly, représentant le premier ministre a fait savoir que les droits de l’homme font partie des secteurs prioritaires pour le Gouvernement au regard de la situation du Mali. « En effet, depuis l’éclatement de la crise multidimensionnelle en année 2012, le Mali fait face à de graves violations des droits de l’homme et du Droit International humanitaire. Ces violations ont atteint des niveaux jamais connues auparavant. Leurs prises en charge judiciaires nécessite une mise à jour des connaissances pour les actrices et acteurs de la justice, les forces armées et de sécurité, les organisations de la société civile ainsi que les cadres gouvernementaux », a-t-il dit. Par ailleurs, il a mis l’accent sur l’adoption de la loi de protection des défenseurs des droits humains, l’adoption de la Politique Nationale des Droits de l’Homme et son plan d’actions ainsi que l’adoption de la Politique Nationale de la Justice Transitionnelle dont la preuve manifeste est la mise en place de la Commission Vérité Justice et Réconciliation.
Aguibou Sogodogo
Le republicain mali