L’Etat veut récupérer ses logements administratifs occupés de façon illicite par des fonctionnaires mais se heurte à leur refus catégorique de les libérer, malgré les sommations et avertissements adressés depuis l’année dernière. Le département des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières a donc décidé de passer à la vitesse supérieure en menaçant de publier la liste des occupants illicites des logements administratifs. C’est Babadian Diakité, conseiller technique au dit département qui le confirme dans un entretien qu’il nous accordé hier. Les bâtiments concernés sont situés pour l’essentiel dans la cité scolaire à Darsalam et Médine. D’autres sont situés au Quartier du fleuve, à Badalabougou SEMA, à la Cité des coopérants à Sogoniko et à l’ex-Odimo à Djélibougou, a-t-il énuméré.
Pour ce qui est des occupations illicites, Babadian Diakité note qu’il existe plusieurs cas de figure. Il faut d’abord distinguer ceux qui occupaient, moyennant payement, ces logements avant l’avènement du décret 94-124/P-RM du 21 mars 1994 fixant les modalités d’attribution de logement à certaines personnalités et agents de l’Etat. Il y a ensuite ceux qui ont bénéficié de ces logements en rapport avec leur fonction et qui refusent de libérer les lieux maintenant qu’ils n’occupent plus ces fonctions. La troisième catégorie concerne les « squatteurs » qui occupent ces logements sans satisfaire aux critères ou avec de fausses autorisations.
Sur plus de 120 logements concernés par la sommation du ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières en juin 2015, seulement une quinzaine d’occupants ont accepté de rendre les clefs, les autres ne cessent d’invoquer des raisons qui, à l’analyse, ne tiennent pas la route. Juste un stratagème pour leur permettre de gagner du temps, estime Babadian Diakité. Ainsi les réfractaires demandent souvent un sursis, le temps qu’ils bénéficient d’un logement social. D’autres estiment impossible de déménager en pleine année scolaire sous peine de perturber les études des enfants.
Mais pourquoi les déloger et à quoi vont servir ces logements une fois récupérés ? Notre interlocuteur assure que l’Etat est dans un besoin criard de locaux, non seulement pour installer des bureaux mais aussi pour loger des personnalités qui remplissent les conditions d’acquisition d’un logement de fonction ou d’astreinte. Babadian Diakité juge inacceptable que l’Etat loue jusqu’aujourd’hui des bâtiments pour loger des services techniques tandis que des personnes continuent à occuper illégalement des maisons qui lui appartiennent. Des maisons que leurs occupants actuels n’ont parfois même pas pris la peine d’entretenir et qui, au fil des ans, se trouvent dans un état de dégradation avancé.
Dans un communiqué du département, le ministre Mohamed Aly Bathily somme les occupants de libérer sans délais ces maisons au risque de se voir déloger par la force. Dans les jours à venir, comme annoncé plus haut, le département entend publier la liste complète des réfractaires et recourir, si besoin est, à des moyens légaux plus rigoureux pour les expulser.
L. ALMOULOUD
Source : Essor