À la faveur d’un conseil des ministres extraordinaire tenu hier, mardi 13 mai 2025, l’État du Mali a complètement dissous, à l’instar des autres pays de l’AES, les partis politiques et toutes les organisations à caractère politique au Mali. Cette nouvelle mesure vient compromettre toutes les statistiques des observateurs de la scène politique malienne sur le véritable sort de la démocratie et du multipartisme au Mali.
Pourtant, toutes les garanties avaient été données quant à l’impact de l’abrogation de la charte des partis politiques sur le multipartisme et la démocratie tels que garantis dans la Constitution du 22 juillet 2023. « Cette abrogation ne remet nullement en cause ni le multipartisme, ni la démocratie, lesquels sont consacrés par les articles 39 et 185 de la Constitution », avait rassuré, dans son rapport du vendredi 9 mai dernier, la Commission des Lois Constitutionnelles, de la Législation, de la Justice, des Droits de l’Homme et des Institutions de la République du CNT, saisie pour l’occasion afin d’étudier le dépôt 2025/33 CNT, Projet de loi portant abrogation de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques, et de la Loi n°2015-007 du 4 mars 2015 portant Statut de l’Opposition politique.
Par cette nouvelle mesure, on constate que le gouvernement veut simplement donner une forme juridique à l’application, exclusive, de toutes les recommandations issues des consultations des forces vives de la nation et des Maliens de l’extérieur, tenues du 16 au 17 avril 2025 pour les phases régionales, du District de Bamako et des Ambassades et Consulats, et du 28 au 29 avril 2025 à Bamako pour la phase nationale.
Il faut rappeler que ces consultations recommandent : la dissolution des partis politiques et leur réorganisation par une nouvelle législation sur les partis politiques ; la suppression du financement public des activités des partis politiques ; l’audit du financement public des partis politiques ; la suppression du statut du Chef de file de l’opposition politique ; le durcissement des conditions de création des partis politiques et, un peu plus loin, la révision de la Charte de la Transition en installant le Général d’Armée Assimi GOÏTA comme Président de la République pour un mandat de cinq (05) ans, renouvelable à partir de 2025, à l’instar de ses pairs de l’AES.
À une allure de TGV, dès le lendemain de l’adoption par le Conseil National de Transition (CNT) du projet de loi abrogeant la Charte des partis politiques, le Président de la Transition, Gal Assimi Goïta, promulgue ladite loi avant d’enchaîner, le même jour, par un décret qui dissout les partis politiques et toutes les organisations à caractère politique.
Évitant les conséquences de cette mesure à plusieurs niveaux, le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral, Mamani Nassiré, soutient que « les personnes en exercice dans les institutions politiques et administratives de l’État, en vertu d’une désignation de partis politiques ou d’organisations politiques {telles que le collège de l’AIGE}, peuvent poursuivre leurs missions sans pouvoir se réclamer de leur qualité de représentants de partis politiques ou d’organisations à caractère politique ».
En tout cas, pour le moment, le peuple nage dans un suspense total jusqu’à la concrétisation de la promesse de rédaction d’une nouvelle charte des partis politiques et la réinstauration du multipartisme dans un Mali démocratique tel que défendu dans la Constitution du 22 juillet 2023.
Avant cela, toutes les activités des partis et organisations dissous demeurent interdites sur toute l’étendue du territoire national.
Issa Djiguiba