Dans un contexte de transition politique délicate et d’enjeux cruciaux pour l’avenir du Mali, les résultats de la dernière enquête Mali-Mètre 2025, menée par la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES-Mali), offrent un éclairage essentiel sur les perceptions de la population. Intitulée « Que pensent les Malien.ne.s ? », cette étude nationale révèle un soutien massif au Président de la Transition, en contraste saisissant avec la défiance persistante envers les partis politiques traditionnels.

Une confiance sans équivoque envers le Président de la Transition

Bamada.net-Le chiffre est sans appel : 72,1 % des Malien.ne.s interrogé.e.s déclarent accorder leur confiance en premier lieu au Président de la Transition. Un score exceptionnel dans un environnement marqué par l’instabilité et les mutations institutionnelles. À l’inverse, seuls 2,6 % des personnes sondées placent le gouvernement de la transition comme leur principal acteur de confiance. Le Conseil national de Transition (CNT), l’autre pilier de la gouvernance actuelle, ne bénéficie pas non plus d’un engouement notable. En tout, 21,1 % des sondés partagent équitablement leur confiance entre les trois principales institutions de la Transition.

Une satisfaction populaire majoritaire

Au-delà de la simple confiance, l’adhésion à l’action du Président de la Transition est encore plus marquée lorsque l’on considère le niveau de satisfaction exprimé par les sondés. L’étude rapporte que 70,7 % des Malien.ne.s se disent très satisfaits, et 23,6 % plutôt satisfaits de son action. Ainsi, 94,3 % des personnes interrogées affichent une satisfaction globale vis-à-vis du Président.

Du côté du gouvernement de la transition, bien qu’il recueille un taux de confiance beaucoup plus faible, il bénéficie néanmoins d’une satisfaction élevée : 41,6 % très satisfaits et 47,4 % plutôt satisfaits, soit un total de 89 % d’opinions favorables. Une performance qui suggère que, malgré la concentration de la confiance sur le Président, les efforts de l’exécutif ne passent pas inaperçus auprès des citoyen.ne.s.

Des disparités régionales, mais un soutien global solide

L’analyse régionale des données met en lumière une satisfaction quasi unanime dans plusieurs régions du pays. Ainsi, Koulikoro (98,1 %), Sikasso (97,9 %), Kayes (94,0 %), Mopti et Tombouctou (95,8 % chacune), Ménaka (98,0 %), Taoudéni et Bamako (92,9 % chacune) expriment une satisfaction massive à l’égard du Président de la Transition.

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Même dans les régions traditionnellement perçues comme plus critiques, les taux restent majoritairement favorables. À Kidal, 78,7 % des sondés se déclarent satisfaits, tandis que 23,0 % ne le sont pas. À Gao, 73,0 % expriment leur satisfaction contre 12,3 % d’insatisfaits. Ces chiffres témoignent d’un consensus national rare en période de transition politique.

Les partis politiques dans la tourmente

En net contraste avec cette légitimité accordée aux autorités de transition, l’image des partis politiques continue de se détériorer. Perçus comme déconnectés des réalités populaires et souvent accusés d’être responsables des dérives antérieures, ils peinent à regagner la confiance de la population.

L’étude ne manque pas de souligner l’ampleur de cette crise de légitimité : la majorité des sondés considèrent les partis politiques comme les acteurs les moins crédibles pour porter les aspirations du peuple malien. Une situation qui pourrait ouvrir la voie à une redéfinition du paysage politique malien, au moment où le pays doit se projeter vers des élections libres et inclusives.

Une démocratie à réinventer ?

Alors que le Mali se prépare à franchir une nouvelle étape de son histoire institutionnelle, les enseignements de Mali-Mètre 2025 soulèvent des interrogations essentielles. La confiance populaire envers le Président de la Transition constitue un socle politique solide. Cependant, cette dynamique ne saurait à elle seule combler les lacunes structurelles d’un système politique en quête de renouveau.

La faible estime envers les partis politiques, la centralisation de la confiance sur une figure unique et la nécessité d’un dialogue inclusif posent les jalons d’une réflexion nationale. Le défi à venir résidera dans la capacité des institutions à traduire cette confiance populaire en réformes concrètes, à bâtir une démocratie plus représentative et à préparer un retour à l’ordre constitutionnel durable.

Une boussole pour l’avenir

En somme, Mali-Mètre 2025 agit comme une boussole, traduisant les sentiments profonds des Malien.ne.s à un moment charnière de leur histoire. Il souligne leur attachement au leadership actuel, leur espoir en des lendemains meilleurs et leur exigence de rupture avec les pratiques du passé.

Pour les dirigeants de la Transition, ce message est clair : la population est au rendez-vous. Reste à savoir si les choix politiques à venir sauront répondre à cette attente historique.