Quand il y a eu le coup d’État du 19 novembre 1968 du Comité militaire de libération nationale (CMLN), il y avait 300 millions de francs maliens dans le coffre du Trésor public. Les militaires putschistes ont partagé les fonds comme leur butin. Après le 26 mars 1991, pour mieux narguer le peuple, Alpha Oumar Konaré premier président démocratiquement élu, a donné un nouveau nom au mal: la délinquance financière. Comme un virus, la délinquance financière a attaqué toute l’administration publique et les Forces armées malgré l’existence des médecins qui sont le Pôle Économique et financier, le Vérificateur général, le Contrôle général d’État, la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA).
La crise profonde que le Mali traverse a pour source la mauvaise gouvernance. La corruption est à la fois cause et effet de la mauvaise gouvernance. Les Nations unies estiment que «la corruption demeure le défi le plus redoutable pour l’élimination de la pauvreté, la création d’un environnement prévisible et favorable à l’investissement». La démocratie, c’est le règne de la bonne gouvernance. Lorsqu’on dresse le bilan de vingt-cinq (25) ans de démocratie en Afrique, on se rend compte que ses précurseurs ont installé des chefs d’État «voyous et kleptocrates» dans nos pays.
Connaissez-vous la «kleptocratie»? C’est le régime basé sur le vol, une espèce de «République des voleurs et des escrocs» comme l’a si bien dit notre confrère «La Roue» (Paix à son âme). Depuis le 20 novembre 1968, notre pays a basculé dans la «kleptocratie» et resté depuis. Quand il y a eu le coup d’État du 19 novembre 1968 du Comité militaire de libération nationale (CMLN), il y avait 300 millions de francs malien dans le coffre du Trésor public.
Les militaires putschistes ont partagé les fonds comme leur butin. Après le 26 mars 1991, pour mieux narguer le peuple, Alpha Oumar Konaré premier président démocratiquement élu, a donné un nouveau nom au mal: la délinquance financière. Comme un virus, la délinquance financière a attaqué toute l’administration publique et les Forces armées malgré l’existence des médecins qui sont le Pôle Économique et financier, le Vérificateur général, le Contrôle général d’État, la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA).
L’ONG Transparency International publie depuis dix (10) ans un «baromètre global de la corruption en Afrique» qui reflète les vues de quelques 47 000 personnes dans trente-cinq (35) pays du continent.
Selon l’édition 2019, «plus de la moitié des Africains interrogés déclarent que la corruption s’est aggravée», que leur gouvernement ne fait pas assez pour l’enrayer et que les policiers sont, les plus corrompus (47% des personnes sondées estiment que la plupart d’entre eux, sinon tous, sont vénaux), devant les fonctionnaires (39%), les parlementaires (36%), les hommes d’affaires (36%), l’entourage du président (34%) et les juges (34%). À l’échelle mondiale et sur huit (08) ans de 2012 à 2019, douze (12) pays africains se trouvent parmi les vingt (20) lanternes rouges dans le classement des pays perçus comme les moins corrompus.
Les structures anti-corruption: le Mali est l’un des rares pays africains à créer des structures de contrôle qui ne sont pas indépendantes et opérationnelles comme la loi le stipule. Il ya les Inspections de contrôle du ministère de l’Économie et des Finances, le Contrôle financier, le Contrôle général d’État, le Pôle économique et financier, la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (ASCA), le Vérificateur général. Cependant, la véritable plaie qui freine le fonctionnement de ces structures est la pression des plus hautes autorités, la résistance administrative et bureautique.
Les instruments juridiques anti-corruption: l’État malien a institué un Pôle économique et financier, en 2002, au nombre de trois: Kayes, Bamako, Mopti. Ces trois (03) Pôles statuent sur les rapports du Contrôle général d’État, de l’Inspection des Finances, de la CASCA. Le Pôle économique est composé de policiers, de gendarmes et de magistrats.
Le système de gouvernance: le système a pour socle de gouvernance la corruption. Les nominations sont faites sur fond de népotisme. Le clientélisme politico-ethnique est une politique bien ancrée dans la promotion des cadres. Autrefois, les nominations étaient faites sur la base de compétences et du mérite. Maintenant, c’est en fonction des relations avec les plus hautes autorités. Ainsi, les rapports de contrôles sont classés top secrets ou documents confidentiels. Les fautes de détournements de fonds ne sont jamais sanctionnées.
Rapport entre Cadres et l’État: l’argent de l’État et l’argent du dirigeant et cadre sont largement confondus et la plupart de nos présidents ont le comportement de nos grands commerçants qui empochent l’argent de leur business sans tenir aucune comptabilité, et le dépensent sans prendre de reçu. Deux (02) raisons poussent les cadres a volé l’argent public:
– la précarité des régimes poussent les dirigeants à accumuler le plus vite possible, et par tous les moyens, une fortune qu’ils s’empressent de mettre en sureté à l’extérieur.
– l’absence de tout sentiment patriotique fait que nos dirigeants ferment les yeux, se bouchent les oreilles et le nez devant la misère de leurs concitoyens. Après soixante (60) ans d’indépendance, on doit porter un regard critique sur l’un des acteurs de cette souveraineté: les cadres, leur rôle joué dans l’histoire du Mali et la nature de ses rapports avec le pouvoir. L’État est devenu une «Affaire» (un business dans leur main).
L’administration une association de malfaiteurs. Leur seule finalité, c’est de se remplir les poches. On passe de la corruption quotidienne au détournement à grande échelle. Plus on s’enrichit, mieux cela vaut, car on est plus en mesure d’acheter le silence des autres en les compromettant. Et le gouvernement finit par devenir un système où on se tient les uns les autres.
Les noms donnés à la lutte contre la corruption: sous Modibo Keïta, on l’appela «Opération taxi». Sous le régime de Moussa Traoré, «la moralisation de la vie publique ou enrichissement illicite». Sous Alpha Oumar Konaré, «la délinquance financière». Alpha Oumar Konaré a mis en prison une dizaine de Président directeur général (PDG) dont la plupart avait reçu des décorations honorifiques (Ciwara). Les gros détournements de fonds ont commencé sous Moussa Traoré pour connaître leur épilogue sous les régimes des démocrates sincères et convaincus de piller le Mali. Ce qui fut fait pendant ces vingt-huit (28) dernières années et qui continue son chemin, en 2021.Tenez-vous bien.
Ce qu’on a reproché à Moussa Traoré et à ses ministres
RFI annonce en juin 1991 que la somme détournée par les «dignitaires» de l’ancien régime (UDPM) s’élèverait à deux (02) milliards de dollars. Dans L’Essor du 19 avril, quelques chiffres ont été avancés:
L’ancien gouverneur du district de Bamako aurait placé 40 millions de francs CFA à Dakar: une broutille comme aurait pu dire Mathieu Kérékou, mais il était vrai que l’ancien gouverneur venait d’arriver au «pouvoir».
L’ancien ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, reconnaît avoir détourné 165 millions en provenance de l’Organistion mondiale de la Santé (OMS). Hormis cette structure, il y avait plusieurs autres projets comme le projet KBK sur lesquels il a dû pomper.
Un général, ancien maire de Bamako, aurait reconnu deux (02) millions de dollars (l’équivalent de 500 millions de francs CFA) rien que sur le projet construction du marché surélevé de Bamako (style Ouaga pour les connaisseurs). Ces révélations du quotidien L’Essor ne représentent qu’une partie de l’argent volé. Le Point du 8 avril 1991 (N°968): «Les pays en voie de développement ont placé 250 milliards de dollars à l’Ouest, entre 1975 et 1985, dont 150 milliards pour les grosses tirelires de leurs dirigeants.
Un autre ancien ministre, docteur vétérinaire, aurait sur sa conscience selon L’Essor, trois (03) milliards de francs CFA plus d’autres broutilles dépensées à l’aménagement de certaines villas. Ajoutées les villas de la sécheresse au quartier «millionquin»».
L’or du Mali brillait pour le général Moussa Traoré et sa famille
Le Premier ministre de la transition de 1992, Dr Soumana Sako, met en place une commission rogatoire pour retrouver les fonds de l’or volé en Suisse. Le dictateur Moussa Traoré au pouvoir au Mali, de 1968 à 1991 préférait les caisses métalliques pour expédier son or à l’étranger, comme l’ont constaté des douaniers maliens trop scrupuleux. Au moins 169 chargements ont été expédiés de cette manière, entre février 1985 et août 1987, à bord de la compagnie belge Sabena vers la Suisse, via Bruxelles. Le précieux métal devait être fondu à Genève et dans l’usine d’affinage Metalor à Neuchâtel.
«Les expéditeurs étaient selon les lettres de transport aérien dix-neuf (19) braves commerçants de Bamako (Mali). Fin juillet 1990, 267 kilos d’or sont encore exportés. Comment un des pays les plus pauvres du monde est-il capable d’expédier en Suisse de telles quantités d’or ? Après le renversement de Moussa Traoré en mars 1991, le nouveau gouvernement malien émet une commission rogatoire internationale et cherche en Suisse une grosse partie des deux (02) milliards de dollars-l’équivalent de la dette extérieure du pays que le clan du dictateur aurait sortis du pays.
Volé au Mali, l’or de Traoré serait arrivé en Suisse de façon légale, affirmaient les autorités helvétiques. Mais où était passé l’argent ? Placé sur des comptes en banque suisses de la famille Traoré ? Au moment de l’enquête officielle, un des fils de l’ancien dictateur avait déjà vidé les comptes. Six (06) ans plus tard, au terme d’une longue procédure, l’Office fédéral de police de la Confédération helvétique annonçait une grande première: la restitution à un État africain de fonds détournés. La restitution de 3,9 millions de francs suisses (un peu plus de 2,5 millions d’euros).
Source : L’Inter de Bamako