Lors de la 3è audience publique de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) qui se tiendra demain, 14 témoignages sur des cas emblématiques seront entendus sur 200 dépositions étudiées en lien avec le thème retenu : «Les crimes de disparitions forcées». L’information a été donnée par le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé, à la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée mercredi dernier à la Maison de la presse, en prélude à ladite audience. Pour la circonstance, il était accompagné d’un panel de deux journalistes : Abdrahamane Keïta, directeur de publication du journal le Témoin et Arkia Touré.
Les audiences publiques non judiciaires de la CVJR visent trois objectifs essentiels : rendre aux victimes leur dignité et faciliter un début de guérison par la reconnaissance publique des torts qu’elles ont subis; promouvoir la reconnaissance nationale des victimes et l’intégration de leurs récits à la mémoire et à l’histoire nationales et enfin utiliser l’information reçue comme un outil d’éducation et de sensibilisation pour la population, afin de promouvoir le dialogue sur le passé et la réconciliation nationale.
On entend par crimes de disparitions forcées «…l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant de la protection de la loi».
Dans ses propos liminaires, le président de la CVJR a déclaré que la 3è audience publique est très attendue par plusieurs victimes. Selon Ousmane Oumarou Sidibé, des cas emblématiques seront évoqués. Il s’agit «des cas de Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassoum Touré qui remontent à 1962, de celui d’Abdoul Karim Camara dit Cabral (1980)». Aussi, bien d’autres cas historiques très attendus depuis 60 ans sont programmés, a confié le conférencier. La rencontre a également été l’occasion pour le président de la CVJR d’évoquer les différentes missions inscrites dans le mandat de la structure qu’il dirige. Mais aussi de rappeler l’organisation des deux premières audiences publiques par la CVJR respectivement le 08 décembre 2019 sur «les atteintes au droit à la liberté» et le 05 décembre dernier sur «les atteintes au droit à la vie, torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants».
Du 3 janvier 2017 à nos jours, plus de 20.000 dépositions ont été recueillies dans les antennes régionales et auprès des équipes mobiles de la Commission. Pour bien sécuriser et traiter les dépositions, la CVJR a développé et mis en place une base de données qui permet, entre autres, de centraliser les informations et documents recueillis, de préparer des rapports, des statistiques, des graphiques et des cartes.
Aboubacar TRAORÉ
Source: L’Essor