L’Union africaine a jeté, mercredi 21 mars, les bases de la Zone de libre-échange continentale, la ZLEC. 44 pays membres ont signé, lors d’une session extraordinaire à Kigali au Rwanda, l’accord instituant ce qui à terme pourrait devenir la plus grande zone de libre-échange du monde.
L’Union africaine espère augmenter ainsi de 60% le commerce intra-africain. Aujourd’hui seuls 16% des échanges commerciaux des pays africains s’effectuent avec d’autres pays du continent. L’objectif est ambitieux et le chantier immense. Un marché d’un milliard deux cents millions de consommateurs sans frontières ni barrières douanières, le projet à de quoi faire rêver les plus grands groupes industriels. Mais les pays africains ont de sérieux ajustements à faire. Une zone de libre-échange c’est bien, mais encore faut-il avoir des produits à échanger. Or les économies africaines sont plus similaires que complémentaires. La plupart exportent des matières premières et importent des biens manufacturés. Le Mali aura peu d’intérêt à acheter le cobalt congolais ou le coton burkinabè, mais tous les trois ont besoin de coulis de tomates. Il faudra donc diversifier les économies du continent. D’autre part, ces économies ont d’importantes différences de compétitivité. Et le risque de dumping est grand. L’Afrique du Sud par exemple, pays le plus industrialisé du continent, peut vendre à ses voisins des produits transformés à des tarifs battant toute concurrence. Dans ces conditions, comment les pays moins avancés pourront-ils développer leur industrie ? Enfin, il y aura les réformes législatives, l’harmonisation douanière, le développement des infrastructures. Pour autant, l’Union africaine reste ambitieuse et table sur 2028 pour la naissance du marché commun et de l’union économique et monétaire. Dynamiser le commerce intra-africain En Afrique, 16% du commerce se fait entre pays du continent. C’est faible comparé à l’Europe où 70% du commerce est réalisé entre les Etats membres de l’Union. Et c’est justement l’objectif de la ZLEC que de dynamiser ce commerce intra-africain. Sans barrières douanières, il sera demain plus facile de vendre des yaourts sénégalais en Mauritanie ou des pagnes burkinabè au Maroc. Autrement dit, l’Afrique ne sera plus spécialisée dans l’exportation de matières premières brutes vers le Nord mais développera peu à peu les industries de transformation à destination du marché intérieur. C’est en résumé les arguments des partisans de la ZLEC qui parient également sur le fait qu’en créant un vaste marché d’un 1,2 milliard de consommateurs, l’Afrique attirera les usines chinoises ou européennes. Mais d’ici là le chemin est encore long. Il faudra harmoniser les normes, concevoir des unions bancaires, et éviter la concurrence fiscale entre Etats. Il faudra aussi des infrastructures plus performantes. Pour commercer, il faut des routes et des ports. Voilà pourquoi la ZLEC est une pierre angulaire de l’ambitieux agenda 2063 de l’Union africaine. Cet ensemble de projets humains et économiques visant à faire de l’Afrique un continent émergé.
RFI