Annoncée depuis longtemps, la démolition des constructions illicites dans la zone aéroportuaire a débuté hier jeudi 14 janvier. L’opération a été lancée en présence des ministres des Affaires foncières, de l’Urbanisme et de l’habitat, Dionkè DIARRA ; des Transports et des infrastructures, Makan Fily DABO ; de la Sécurité et de la protection civile, Modibo KONE. Cette démolition fait suite à une lettre confidentielle du Président de la Transition, Bah NDAW, en date du 12 octobre 2020 instruisant de procéder à la démolition des occupations illicites. Cette première opération concerne 1 660 hectares.
Le ministre des Affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat, a affirmé que cette démolition est une opération de salut public. Il s’explique en soutenant qu’aujourd’hui toute la zone aéroportuaire est agressée et représente un danger pour la circulation aérienne. Le ministre DIARRA a déclaré que les choses sont telles qu’aujourd’hui l’aéroport de Bamako court le risque de perdre sa licence. Il a expliqué que si l’aéroport perdait sa licence les vols internationaux ne pourraient plus avoir lieu à partir de Bamako. De ce fait, dit-t-il, les Maliens seront obligés d’aller dans les pays voisins pour prendre des vols. Cette raison justifie la légitimité de cette opération, soutient-il.
Aussi, explique-t-il que quand la zone aéroportuaire a été déclarée d’utilité publique, tous les occupants ont été recensés et indemnisés. Selon lui, tous ceux qui occupent la zone actuellement sont des occupants illégaux.
Le ministre DIARRA a souligné que si le Mali perdait aujourd’hui la licence de son aéroport, il lui faudrait des années pour construire un autre pour plus de mille milliards de FCFA. « Pourquoi le pays ferait ça pour des gens qui ne sont pas dans la légalité ? Pour cette raison, aujourd’hui nous sommes plutôt satisfaits d’engager cette opération qui va continuer », a-t-il affirmé tout en rassurant que toute la zone aéroportuaire sera dégagée à court terme.
Le ministre des Transports et des infrastructures, Makan Fily DABO, a ajouté que cette opération est salutaire, car force doit rester à la loi. Il a déclaré qu’il faut que les Maliens se plient à la loi. « La superficie de la zone classée aéroportuaire est estimée à plus de 7 000 hectares. Les Maliens doivent comprendre que les textes sont faits pour nous et chacun à l’obligation de se plier à ces textes. Cette opération se poursuivra pour l’intérêt du Mali, pour l’intérêt de la sauvegarde de notre aéroport international », a renchérit le ministre DABO.
A son tour le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le Colonel Modibo KONE, dira que c’était un devoir pour son département de sécuriser cette opération. Il a indiqué que cette démolition est d’une importance capitale pour l’Etat malien. « Si l’aéroport perdait sa licence, ce serait un grand problème pour notre pays ; raison pour laquelle j’ai donné des instructions fermes aux forces de l’ordre pour sécuriser les lieux », a affirmé le patron de la sécurité.
Depuis plus d’une dizaine d’années, l’Etat du Mali fait face à un incivisme criard et profond du fait de certains élus municipaux, d’agents de l’Etat et de certains citoyens. Le domaine public de l’Etat est morcelé allégrement par des maires, des préfets et des sous-préfets souvent même par des gouverneurs, en violation des dispositions règlementaires. Les bénéficiaires de ces parcelles sont des occupants illicites.
Aujourd’hui, le domaine aéroportuaire classé suivant le Décret n°99-252/P-RM du 15 septembre 1999 portant classement d’une parcelle de terrain à usage d’emprise aéroportuaire d’une superficie de 7194 hectares fait l’objet de lotissements et d’occupations illicites.
En 1995, l’Etat a fait une démolition dans la zone aéroportuaire. Les occupants d’alors ont été indemnisés. Aujourd’hui, sur le même site, les occupations illicites ont atteint une telle ampleur que l’Aéroport est menacé de retrait de sa licence par les autorités de l’aviation civile internationale.
Ce retrait, s’il intervenait, priverait notre pays de vols internationaux et contraindrait pour ce faire nos voyageurs à utiliser les aéroports des pays voisins. Le rapport de l’inspection des domaines et des affaires foncières a mis en exergue l’ampleur et le caractère irrégulier des occupations.
C’est ainsi que le président de la transition a réagi, par une lettre confidentielle n°073/PRM du 12 octobre 2020 en instruisant de procéder à la démolition des occupations illicites.
Les services en charge de l’urbanisme avaient déjà fait les constats administratifs sur l’irrégularité des occupations et les menaces qu’elles représentent pour l’aéroport. Le gouverneur du District a pris un ordre de démolition le 21 mars 2019. C’est ainsi qu’un programme de démolition des constructions illicites a été initié par les ministères en charge des Transports et des Domaines.
Une consultation a été organisée par l’ANAC à la suite de laquelle l’entreprise Africa construction corporation a été sélectionnée (ACC), pour la démolition effective des constructions illicites dans le secteur dit zone prioritaire pour un montant total de 320 888 628 FCFA.
Il a été proposé de commencer par cette zone très proche de la piste de l’aéroport. Elle a une superficie de 1 660 hectares.
Pour rappel, la date du 28 mai 2020 avait été retenue pour la démolition. Toutefois, à la veille de l’opération le Premier ministre d’alors, par une instruction verbale, a ordonné de surseoir à l’opération. Ce qu’il confirmera par une lettre n°2020-0499/PM-CAB du 29 mai 2020. L’argument avancé était le ‘’climat social assez tendu’’. L’entreprise avait déjà engagé des frais pour un montant de 44 millions de FCFA.
Malheureusement, depuis cette décision, il est constaté l’accélération des constructions nouvelles sur le site. Alors, pour les autorités compétentes, il était nécessaire de reprendre ces opérations comme l’a instruit le Président de la Transition.
Ainsi, la commission chargée de superviser les opérations de démolition s’est réunie plusieurs fois et a retenu comme nouvelle date de démolition des constructions illicites ce 14 janvier 2021 dans le secteur dit zone prioritaire dont le financement est acquis et le procès-verbal de constat d’infraction est fait.
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin