Le chef du principal parti d’opposition au Zimbabwe, Morgan Tsvangirai, adversaire historique du régime de l’ex-président Robert Mugabe, est décédé mercredi des suites d’un cancer, laissant derrière lui un parti déchiré à quelques mois de l’élection présidentielle.
« Comme vous le savez, le président de notre MDC (Mouvement pour un changement démocratique) Morgan Tsvangirai ne se portait pas bien depuis un certain temps. C’est avec tristesse que j’annonce que nous avons perdu notre icône et notre combattant pour la démocratie », a déclaré l’un des vice-présidents du parti, Elias Mudzuri.
« Nos pensées et prières vont à sa famille, au parti et à la nation », a-t-il ajouté sur son compte Twitter.
Morgan Tsvangirai est décédé à l’âge de 65 ans dans un hôpital de Johannesburg, où il était soigné.
Le parti au pouvoir au Zimbabwe, la Zanu-PF, a immédiatement fait part de ses condoléances. « Très triste en effet. Nous sommes vraiment désolés », a réagi son porte-parole, Simon Moyo.
« Comme vous le savez, le président et le vice-président lui avaient rendu visite (en janvier) pour lui souhaiter bon rétablissement mais Dieu donne et reprend la vie », a-t-il ajouté à l’AFP.
Il y a deux ans, M. Tsvangirai avait révélé qu’il souffrait d’un cancer du côlon pour lequel il effectuait de nombreux séjours médicaux dans des hôpitaux sud-africains.
Opposant de longue date à Robert Mugabe, le leader du MDC avait fait vaciller en 2008 le régime Mugabe.
Il était arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, avant de se retirer du second tour à cause de la campagne de violences menée par le pouvoir contre ses partisans.
– ‘Grand patriote’ –
A l’issue de ce scrutin, M. Tsvangirai avait été nommé Premier ministre d’un gouvernement de coalition resté sous le contrôle de M. Mugabe, qui l’avait battu au scrutin de 2013.
Il devait être le candidat officiel du MDC pour la présidentielle cette année et affronter le nouveau président Emmerson Mnangagwa, successeur de Robert Mugabe.
Mais mercredi, M. Tsvangirai avait cédé la place à la tête du parti à l’un des trois vice-présidents, Nelson Chamisa, laissant penser que son état de santé s’était détérioré.
Il laisse un parti orphelin et affaibli par ses querelles internes. Depuis des mois, le MDC se déchire en vue de sa succession.
Après le décès de M. Tsvangirai, le nouveau président Emmerson Mnangagwa, investi candidat de la Zanu-PF, fait plus que jamais figure de grandissime favori pour la présidentielle.
En janvier, M. Mnangagwa avait rendu une visite de courtoisie très remarquée au chef du MDC à son domicile d’Harare, accompagné de son vice-président, l’ex-chef d’état-major des armées Constantino Chiwenga.
Sur les photos, le président du MDC était apparu frêle mais souriant.
« On se souviendra de Tsvangirai comme étant l’un des plus grands patriotes du Zimbabwe », a réagi mercredi David Coltart, l’un de membres fondateurs du MDC.
« Si comme nous tous, il a commis des erreurs, aucun d’entre nous n’a jamais douté de son engagement à transformer le Zimbabwe pour en faire un Etat moderne, démocratique et tolérant. Si quiconque mérite d’être appelé un héros, c’est MT », pour Morgan Tsvangirai, a-t-il ajouté.
La rédaction