Cette zone récèle d’énormes potentialités et de merveilleux sites, le plus souvent non officiellement repertoriés
La double crise politique et économique a beaucoup réduit le nombre des touristes étrangers en destination du pays dogon et les villes mystérieuses et jumelles du Mali, Djenné et Tombouctou. La conséquence de cette situation a conduit plusieurs promoteurs et patron d’agences de voyage, de galeries et d’hôtels à fermer ou à licencier beaucoup d’employés. Plusieurs guides ont été contraints de changer de profession pour devenir de petits négociants en affaires dans les autogares de Bamako.
Pourtant, la crise sécuritaire affectait sérieusement les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. Le Mali était désormais sur la liste rouge dans les grands aéroports. Les touristes étaient mis en garde. Les audacieux qui viendraient fouler le sol malien, pour jouir de notre hospitalité légendaire, le feraient à leur risque et péril.
Certes, le Mali dispose de plusieurs sites en dehors des zones rouges. Mais ils ne sont pas encore très connus par le citoyen malien à plus forte raison par le touriste étranger. C’est le cas de Yanfolila dans le Wassoulou. Cette contrée récèle d’énormes potentialités et de merveilleux sites inexploités non répertoriés par l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie (OMATHO). La zone de Yanfolila est réputée par son immense richesse musicale chantée par des artistes connus au-délà de nos frontières. Nous citons feu Toumani Koné, Nahawa Doumbia, Yoro Diallo, Oumou Sangaré etc… Le Wassoulou est à découvrir.
Le Mali doit développer le tourisme local et national. Ainsi les jeunes connaitront mieux l’histoire de leur pays et particulièrement celle des hommes qui ont donné leur vie à cette nation. En plus de son répertoire musical, le cercle de Yanfolila détient un potentiel touristique peu connu des visiteurs nationaux et internationaux. Situé à 280 km de Bamako, Yanfolila a été érigé en cercle le 11 août 1961. La ciconscription couvre une superficie de 9240 km2 pour une population de 212717 habitants repartie entre 12 communes rurales. Les principales ethnies sont les peulhs, les malinkés, les dogons, les bozos et les soninkés. Le cercle de Yanfolila fait frontière à l’ouest avec la préfecture de Mandiana de la république de Guinée, au sud par celle d’Odjéné de la Côte d’Ivoire, au nord par les cercles de Kati et Kangaba, à l’est par le cercle de Bougouni.
Les activités de production sont dominées par l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’orpaillage. Le tourisme n’est pas mentionné dans le registre des priorités de la population. Pourtant Yanfolila regorge de plus d’une quarantaine de sites touristiques. Ils ont trait à l’histoire de notre peuple. Ils rappellent aussi des faits qui sont restés dans les tiroirs de l’histoire.
Le tourisme est en marge des activités génératrices de revenus comme la transformation des produits de première nécessité : le karité, le mais, le miel. Les potentiels touristiques de Yanfolifa l’imposent comme destination touristique nationale et internationale. Plus de 40 sites demeurent inexploités par l’OMATHO. Aucun site de Yanfolila ne figure sur la liste du patrimoine national ou international. Le Musée de la chasse de Yanfolila est construit sur un espace de trois hectares. Il retrace la vie des chasseurs des pays de l’Afrique Occidentale française. Il est composé d’une salle d’exposition permanente. Deux cases rondes sont construites à l’est et à l’ouest de la grande salle. A 50 mètres du musée existe un tas de cailloux symbolisant le «Dankoun», au milieu du croisement de deux chemins. Ce lieu est sacré pour la confrérie de la chasse. C’est le siège des génies protecteurs des chasseurs. Ces esprits veillent sur le chasseur et l’assistent au cours de sa pérégrination dans la brousse.
Les responsables de Yanfolila lancent un vibrant appel au département de la Culture pour hâter la classification de leur zone dans la liste du patrimoine culturel national.
L’ARBRE SACRé DE DJILINFING : Ce village est situé à 17 km environ de la ville de Yanfolila.Il prend son nom à partir d’une rivière. De loin un arbre gigantesque, appelé «Kê» en bambara, attire les regards. Une belle légende entoure cet arbre majestueux. Il serait plus âgé du village de Djilinfing selon notre guide. Cet arbre mystérieux existe depuis des siècles témoigne, le chef de village, Youssouf Sidibé.
L’histoire de cet arbre est aussi liée à l’histoire du grand conquérant africain, Samory Touré. L’almamy attaché aurait été fait prisonnier à «Djilinfing» lors de son passage au Wassoulou. Il aurait été gardé pendant deux jours, à l’ombre du grand arbre. Il a été capturé par le village pour avoir pénétré sans autorisation dans le Wassoulou profond. Les sages du village ont conseillé de ne pas tuer Samory car son sang porterait malheur au village. Cette mise en garde permit à l’envahisseur de recouvrer la liberté. Malheureusement pour les habitants cléments, le chef de guerre est revenu à la tête d’une armée plus puissante se venger l’humiliation qui lui avait été faite. Les sofas auraient creusé des tranchées non loin du gigantesque arbre «Kê» pour mener un combat rude contre le village. Il a siègé pendant 3 mois au village.Cette cachette historique est aujourd’hui en voie de disparition. Seuls les vieux sages du conseil villageois se souviennent de l’emplacement de ce site important à environ 18 km de Yanfolila.
Des CAÏMANS . Ce quartier de Yanfolila abrite une mare qui selon les récits héberge depuis plus de trois siècles plus de 200 caïmans. Mais le point d’eau se tarit. Les reptiles sont obligés durant cette période de sécheresse de rester dans leur trou. Un vieux forgeron est le grand maître chargé de l’entretien de ces animaux. Les habitants de Yanfolila portent un œil vigilant sur ces animaux qui cohabitent avec les hommes. Cette mare sacrée révivifiiée peut-être une merveilleuse nouvelle destination touristique du Mali. Le directeur du patrimoine national, Lassana Cissé, est déterminé à relever ce défi. Le musée de la chasse de Yanfolila est à une dizaine de Kilomètres de la ville. Construit sur plusieurs hectares. Il pourrait être le socle d’une organisation sous régionale des chasseurs. Les reliques de tous les chasseurs qui seront visibles au Musée des chasseurs à Yanfolila.
L’objectif principal étant de réunir les chasseurs africains. Ce Musée de Yanfolila avait pour but de créer un espace entre les chasseurs des différents pays qui ont participé aux rencontres des chasseurs d’Afrique. II devrait devenir un cadre de consultations des guérisseurs et des devins dans la continuité de la pensée africaine de la science occulte.
Le joyau a été créé dans l’idée de garder et de valoriser les objets de la chasse des 7 pays qui regroupaient le festival de la chasse à savoir, le Mali, la Gambie, la Mauritanie, la Guinée, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso . Les rencontres des chasseurs servaient d’espaces d’échanges dans les pays de l’AOF. Le musée des chasseurs valorise la pratique de la chasse qui existe depuis des siècles. Selon Alafou Séni Sidibé, conseiller de la commune de Wassoulou, «aujourd’hui cet espace se trouve dans un état de dégradation très avancée. Il a besoin d’un minimum d’entretien pour faire face à sa mission de sauvegarde du patrimoine de la chasse des pays de l’AOF».
Ce musée sous régional a été construit en 2001 par le département de la Culture. L’histoire de cette institution reste liée à celle des de la Rencontre des chasseurs de l’Afrique de l’Ouest. Ce forum d’intégration réunissait plus de huot pays de l’Afrique pour la promotion de la confrérie de la chasse.
«De sa création à notre passage à Yanfolila, le musée n’a jamais ouvert ses portes au public», a déploré le conseiller communal Sidibé. Le constat est amer. Il n’y a aucune indication qui puisse nous montrer qu’on est dans un musée de chasse. A travers les belles vitres, on voit de loin quelques objets, statues et une tête de biche déposée sur une table. Les portes de la salle principale sont fermées à clé. L’absence de personnel découle d’un manque de volonté politique. Aucun agent n’a été affecté depuis sa création ni par le département de la culture, ni par le conseil de cercle. Le musée est confronté à un problème de budget de fonctionnement.
La circonscription de Yanfolila est aujourd’hui très avancée dans la transformation des produits naturels. C’est un facteur pour attirer les visiteurs aux découvertes des produits à base naturel comme le savon de miel, le gâteau de mais, les pommades de karité et de miel.
Le Wassoulou totalise aujourd’hui plus d’une quarantaine de sites touristiques. La grotte Souloukoufalan, le Samakaba de Samana, le caïman sacré de Filadougou, la tombe du fondateur de Dadougou . Tous ces sites méritent d’être visités. «Nous devons développer le tourisme car notre commune dispose depotentialités averées», a dit le conseiller Sidibé
A.SOW
source : L Essor