Les meurtres de responsables de la CMA sont de plus en plus fréquents au Nord Mali, avec plus de trois assassinats au mois de septembre, à Tombouctou et à Kidal. Le 28 septembre dernier, un responsable de la CMA a de nouveau été visé près de la ville aux 333 saints. Yahia Abou El Hammam et sa clique continuent de vouloir retarder le processus de paix au Mali, alors qu’il est pourtant inéluctable.
« On ne meurt pas avant son heure. Comprendra qui voudra ». C’est ainsi qu’a réagi sur Facebook, avec une certaine légèreté, Ahma Ag Mohamed Aly quelques heures après la tentative d’assassinat à son encontre. Ce coordinateur régional de la CMA à Tombouctou a en effet été pris à partie par un commando à moto le 28 septembre, entre Tombouctou et Tin Telout.
Les assassinats ciblés deviennent monnaie courante au Nord Mali. Salem Ould M’Becki, commandant de la CMA au MOC de Tombouctou, a été exécuté au volant de sa voiture le 9 septembre. Le 22 septembre, c’était au tour de deux notables et chefs de fraction de se faire tuer à Kidal. Ces deux victimes, touareg et arabe, étaient également membres de la CMA, cette dernière ayant précisé dans un communiqué que ce crime ne demeurerait pas impuni. Le 28 septembre, à Tombouctou encore une fois, la CMA a été à nouveau visée mais heureusement la victime a eu plus de chance. Si les meurtriers n’ont pas pu être identifiés pour le moment, la façon de procéder est similaire dans les trois cas : un commando à moto crible de balles les victimes en pleine ville ou sur la route.
Quelques jours après la revendication sur les réseaux sociaux du meurtre de Salem Ould M’Becki par Yahia Abou El Hammam, il deviendrait grossier de se demander « à qui profite le crime ? » puisque la réponse est … toujours les mêmes ! Le JNIM continue de plus belle sa politique de terreur et semble déterminé à attaquer la CMA où qu’elle se trouve, à Kidal et Tombouctou au mois de septembre ou déjà le MOC de Gao en janvier 2017 : plus de 50 morts dont des responsables de la CMA.
Les intimidations, extorsions, spoliations, exactions et exécutions sont la marque de fabrique préférée des parias d’Ansar Eddine et d’Al Furqan. Récemment frappé par Barkhane au Nord de Tombouctou, Yahia Abou El Hammam (de son vrai nom Djamel Okacha), émir cloîtré et autoproclamé d’AQMI, est fébrile. Dans un geste d’ultime désespoir, il s’en prend à tous les faiseurs de paix, à tous ceux qui permettent d’apporter un peu d’espoir et d’apaiser les tensions. Malheureusement, la paix et la réconciliation nationale ne font pas partie du projet chimérique de califat du JNIM. De mutilations et de décapitations de civils innocents lorsqu’ils en avaient les moyens en 2012, les promoteurs du djihad islamiste en sont désormais à massacrer des vieillards.
Pourtant, il est étonnant pour un prédicateur de mal connaître sa religion. Plutôt que de transformer les automobiles en passoire, El Hammam ferait mieux de s’inspirer du Coran. Prenons par exemple la sourate 5, verset 32 : « C’est pourquoi Nous avons prescrit aux enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes […] ».
L’« émir » apostat avait déjà tué l’humanité en ce triste mois de septembre. Son dernier geste contre Ahma Ag Mohamed Aly ne pouvait donc qu’échouer.
Partout où ils le peuvent, les combattants du JNIM ne semblent animés que par un seul désir : celui d’ébranler le processus de paix au nom d’un islam qu’ils détournent à leur profit et sans en respecter les fondamentaux. Le sang versé par les djihadistes n’est néanmoins pas suffisant pour masquer la réalité : le MOC se met en place et la paix avance. La CMA répète à l’envi que les attaques ne seront pas impunies. Espérons que cela ne soit pas qu’un vœu pieux et qu’elle puisse inverser le rapport de forces.
Ousman K
La rédaction