Le 4 mai dernier, 8 soldats maliens tués lors d’une embuscade entre Nampala et Dogofri (Région de Ségou) sont enterrés dans cette ville. Presqu’au même moment à Bamako, le chef de l’Etat, à la tête d’une forte délégation, s’envole pour l’Azerbaïdjan. Ibrahim Boubacar Keïta n’a donc ni daigné prendre part aux funérailles des soldats tombés sur le champ de l’honneur, encore moins renoncé à son déplacement à Baku (Azerbaïdjan) où il a assisté à un simple forum culturel, dont le Mali, en ces temps de crise, ne tire aucun bénéfice. Le voyage du chef de l’Etat en Azerbaïdjan a choqué l’opinion. Mais, IBK ne donne guère l’impression d’être un président qui tient compte des états d’âmes de l’opinion malienne, contrairement à ses devanciers qui ont séjourné au palais de Koulouba : Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré.
Et tout porte à croire que le président Keïta est farouchement déterminé à se plier aux exigences d’un agenda extérieur qui l’éloigne du pays et dont lui seul sait les retombées.
Dès lors, des questions se posent : Ibrahim Boubacar Keïta a-t-il un goût prononcé pour les voyages ? Méprise-t-il les Maliens qui ne cessent de décrier ces déplacements incessants et coûteux? Ou encore adopte-t-il les mêmes attitudes que les chefs de famille qui fuient leur domicile à cause des problèmes ?
A peine revenu de Baku, IBK entame une nouvelle « promenade » au Rwanda, puis aux Emirats Arabes. À Kigali, il a participé à un forum (Transform Africa) qui n’a mobilisé que deux à trois dirigeants du continent. Les autres ayant décidé de rester chez eux et de s’occuper des affaires de leur pays.
A Doha (Qatar), c’est un autre forum qui motiva le déplacement d’Ibrahim Boubacar Keïta. Et, l’on est même tenté de dire qu’IBK devient le « Monsieur forum » du continent. Il est invité à tout. Il participe à tout. Et, il est partout…
De retour à Bamako, le lundi 15 mai dernier, le chef de l’Etat a-t-il eu le temps de consulter les dossiers du pays ? En somme, de s’occuper un peu des problèmes des Maliens ? Le doute est permis. N’empêche, le lendemain, mardi, il s’envole (à nouveau) pour Conakry (Guinée) pour participer au sommet de l’Omvs. Pendant que le président de la République multiplie les déplacements à l’extérieur, le Mali sombre avec la multiplication des attaques au nord et au centre du pays. Au sud, le mécontentement des populations s’accentue de jour en jour. Conséquence ? Les Maliens s’interrogent chaque jour sur l’avenir immédiat de leur pays.
Autant de préoccupations qui doivent inciter (obliger ?) le chef de l’Etat à renoncer à certains voyages à l’étranger. En réalité, ces déplacements n’ont aucun caractère prioritaire, comparés aux énormes problèmes que traverse actuellement le Mali. Faire semblant d’ignorer cette réalité, ou refuser de l’admettre, relève d’un mépris souverain à l’égard d’un peuple qui endure actuellement les pires souffrances de son existence.
En attendant le prochain départ vers une nouvelle destination (?), il faut préciser qu’en quatre ans d’exercice du pouvoir, le président Keïta a effectué 119 voyages à l’étranger. Or, il n’a effectué que 3 petits déplacements à l’intérieur du pays : Mopti, Sikasso et Ségou.
Sambou Diarra