Attention ! Je ne fais pas ici l’apologie de cette secte, comme peuvent le penser certains esprits malintentionnés. Le savant et égyptologue sénégalais, Cheick Anta Diop, était à la fois Kamite et Mouride. L’écrivain Doumbi Fakoli, maître à penser de la secte des Kamites est un disciple de Cheick Anta Diop, la religion en moins.
Selon les penseurs de la secte, un Kamite n’est pas un croyant, mais un savant, un amoureux de la connaissance. Ce sont les fils aînés de la terre et tous les peuples procèdent d’eux et sont leurs enfants, leurs frères. Ils sont les fils aînés de l’humanité.
Les Kémites disposent d’une idée spécifique du Divin. Ils glorifient, divinisent et prient leurs propres ancêtres. Ce n’est pas en priant des dieux extra-africains que l’on comprendra comment fonctionnaient nos ancêtres quand ils étaient les guides de l’humanité. Comme on peut le constater, c’est bien cette pensée kémitique qui fait désordre et suscite autant de courroux et de controverses chez les adorateurs des religions monothéistes de la terre (christianisme, islam).
Selon la philosophie de ce mouvement ethnico-philosophique, un kamite est une personne consciente d’être un descendant des guides de l’humanité dans la voie de Maât contre Isfet. Il ne suffit pas seulement d’être noire de peau. Il faut avoir la superstructure idéologique qui va avec. Aucun peuple ne peut vivre dignement en oubliant de rendre grâce à son patrimoine, en glorifiant les ancêtres des autres peuples et en crachant sur ses propres ancêtres. Originellement, les noms de Kémèt, Kémit, Remetou, Anous, étaient portés par nos aînés les plus lointains de la vallée du Nil, c’étaient des Bantous d’autrefois (Kémet désignant les habitants de la terre des noirs, c’est-à-dire tout l’espace géographique de l’Afrique d’aujourd’hui).
Le savant sénégalais Cheikh Anta Diop était un kamite. Être kamite, c’est vivre dans un paradigme kamite. Il faut aller à la connaissance. Un ignorant n’est pas un kamite. On ne peut pas suivre Maât et être ignorant. Ce sont des gens qui se reconnaissent dans une communauté de valeurs, d’origine et de destin. Des noirs instruits dans plusieurs disciplines intellectuelles et étudiant particulièrement la civilisation égypto-nubienne (non pas pour se délecter du passé glorieux de nos ancêtres, mais pour apprendre son histoire et sa culture et puiser des matériaux qui nous permettent de bâtir une conscience proprement kamite (africaine) en tirer une substance, construire le présent et penser l’avenir.
Les kémites disposent d’une idée spécifique du Divin. Ils glorifient, divinisent et prient leurs propres ancêtres. Ils combattent l’injustice, l’exploitation de l’homme par l’homme, le vivre-ensemble impérial actuel, fondé sur la domination, l’exclusion, le racisme, la hiérarchisation des peuples, des Etats, la violence autorisée des pays ayant la bombe nucléaire sur le reste du monde, la désinformation des médias. Certains peuples, pour adresser un salut disent (Shalom), d’autres (Salamalékum), etc., le kémite dit, «Hotep », qui signifie (paix sur toi, vous).
En l’absence de l’Etat fédéral sur le continent, les kémites ne se reconnaissent pas dans la situation d’exclusion et d’auto-exclusion actuelle de l’Afrique, ils ne se reconnaissent pas dans les Etats inféodés au Dominium des Etats extérieurs, ou dans la coopération impériale actuelle. Ils respectent la femme, la gémellité, l’équilibre de la science et de la nature, l’équilibre de l’économie et de la nature. Ils respectent la norme, la vérité, la justice, l’harmonie, la liberté, ce sont des serviteurs de Maât.
Maât est, dans la mythologie égyptienne, la déesse de l’harmonie cosmique, de la rectitude (ou conduite morale) de l’ordre et de l’équilibre du monde. Pour les anciens égyptiens, l’Isfet représente le désordre, le mal, le dévoiement, le chaos, l’injustice. C’est l’antithèse du Maât.
B.CAMARA, journaliste, Chercheur
Le challenger