Dès la naissance, l’enfant dispose déjà de plusieurs capacités sensorielles de base qui vont se perfectionner tout au long de sa croissance. La vision est le dernier sens qui va se développer chez l’enfant. Cependant, cette vision doit être suivie de près pour éviter toute anomalie.
Selon le Pr Fatoumata Sylla, ophtalmologiste pédiatre à l’IOTA, le processus de la maturation de la vision chez l’enfant est particulier, c’est-à-dire qu’il est différent de celui de l’adulte. De la conception de l’enfant jusqu’à la naissance, le système visuel est en maturation. C’est ce qui fait que lorsque l’enfant naît, il ne voit pas très bien. «Les cellules qui doivent travailler pour la vision existent, mais ne sont pas encore au point», explique le Pr Fatoumata Sylla. Jusqu’à l’âge de 12-14 ans, ces cellules commencent à se perfectionner. Toutes les anomalies qui surviennent depuis la grossesse peuvent influer sur le processus de maturation et le retarder ou même l’annuler. C’est ce qui fait que l’enfant peut naître avec des problèmes de vision. Le Pr Fatoumata Sylla indique qu’il faut donc, avant la naissance du bébé, diagnostiquer ce processus. En fait, le processus qui empêche la maturation commence pendant la grossesse et la pédiatre révèle, qu’environ 40% des enfants ont des problèmes de vision au Mali.
Certaines maladies comme la toxoplasmose et la rubéole chez la femme peuvent avoir des impacts sur la vision de l’enfant. Également, certaines maladies qui surviennent et qui touchent les yeux de l’enfant peuvent entraver ce processus. Et pourtant, au moment de perfectionnement du système visuel, aucun processus ne doit le bloquer. Par contre, s’il y a une maladie qui survient et qui touche les yeux ou qui a un retentissement sur l’œil, ces maladies peuvent entraver ce processus. Dans ce cas, si cela se produit avant l’âge de 5 ans, il va avoir des conséquences irréversibles. La pédiatre précise qu’après le traitement, le processus continuera et par conséquent, la vision de l’enfant sera mauvaise tout le restant de sa vie. «On ne pourra rien», assure-t-elle.
Dans le cas où le processus survient après l’âge de 5 ans, la vision de l’enfant sera assez faible, avec toujours la possibilité de rattraper. C’est pourquoi, la pédiatre recommande beaucoup de précautions en ce qui concerne les enfants et surtout préconise les diagnostics précoces. Aussi, le Pr Fatoumata Sylla conseille de faire des dépistages avant l’âge de 2 ans, qui est considéré comme l’âge frontière, période pendant laquelle on peut trouver des solutions. «Toutes les anomalies chez l’enfant doivent être diagnostiquées avant l’âge de deux ans», indique-t-elle car, passé ce délai, les anomalies qui n’auraient pas été détectées seraient difficiles à solutionner.
Par conséquent, l’enfant peut être un mal voyant ou un aveugle toute sa vie. Le Pr Fatoumata Sylla rappelle que dans les 3/4 des cas, les enfants viennent tardivement à la consultation tout simplement parce que les parents ne voient pas l’urgence d’amener les enfants à l’hôpital. Ce retard dans la prise en charge demandera un travail énorme. Pour éviter toutes anomalies liées à la vision de l’enfant, la pédiatre recommande de l’amener très tôt voir un ophtalmologiste, mais, surtout d’intégrer la surveillance de l’œil dans le calendrier vaccinal du bébé.
F. N.
Source : L’ESSOR