La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a publié le 24 mars dernier une note sur les tendances des violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire au Mali pendant la période du 1er juillet au 31 décembre 2021. Selon un communiqué de presse, « le nombre de civils affectés par les actes de violence au cours de la période en revue a connu une légère baisse de sept (7%) pour cent par rapport au premier semestre. Au total, entre juillet et décembre 2021, au moins 886 civils ont été tués, blessés ou enlevés/disparus. Cette tendance à la baisse ne s’est pas faite de façon homogène en termes d’auteurs. Les atteintes aux droits de l’homme imputables aux groupes tels que le JNIM et autres similaires ont connu une hausse de 21% comparativement à celles documentées au cours de la période précédente. A contrario, les actes de violence imputables aux milices et autres groupes d’autodéfense communautaires ont enregistré une diminution de 19%. Les actes de violence se sont concentrés dans le centre du pays, notamment dans les régions de Bandiagara, Douentza, Mopti et Ségou avec un glissement vers les régions du sud (Kayes, Koulikoro, Koutiala, etc.) ».
318 civils tués entre juillet et décembre 2021
« De juillet à décembre 2021, la Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) de la MINUSMA a documenté une légère diminution du nombre de civils tués, blessés et enlevés/disparus de sept pour cent par rapport au semestre précédent (948 violations et abus). Au total, 318 civils ont été tués, 225 blessés et 343 enlevés/disparus. Parmi les 886 victimes enregistrées on compte 40 enfants et 65 femmes »
Deux femmes enceintes jugées et condamnées à 24 et 25 ans pour adultère à Kidal
Selon la note de la mission onusienne, « les groupes armés signataires ont été responsables de 46 atteintes aux droits de l’homme notamment, dans les régions de Gao (16), Ménaka (11) et Tombouctou (19). Cela représente une augmentation de six pour cent en comparaison à la période précédente au cours de la laquelle ils ont été impliqués dans 43 atteintes aux droits de l’homme… En l’absence des autorités judiciaires et pénitentiaires à Kidal, au moins 37 personnes, dont deux mineurs, ont été détenues au centre de détention de la Coordination des mouvements de l’Azawad à Kidal (CMA) entre le 1er juillet et le 31 décembre 2021. Au nombre des personnes détenues figuraient également deux femmes enceintes qui avaient été jugées et condamnées à des peines d’emprisonnement de 24 et 25 ans pour adultère par les Cadis (juges traditionnels), basés à Kidal et non reconnus par le système judiciaire officiel du Mali. Ces femmes ont été libérées le 26 septembre à la suite de l’intervention des autorités locales de Kidal, des leaders de la CMA et de la MINUSMA ».
Des restrictions imposées aux femmes de Diré
« Au cours de la période considérée, les femmes ont continué à subir les restrictions imposées par les groupes armés dans les localités contrôlées par ces derniers. Parallèlement aux menaces physiques, ces groupes ont imposé à la population locale des règles telles que le port forcé du voile par les femmes, l’interdiction de rouler sur une moto avec un homme sans lien de parenté. Ainsi, par exemple, dans le cercle de Diré, région de Tombouctou, des femmes à moto derrière un homme étaient systématiquement arrêtées par les éléments armés de ces groupes qui vérifiaient si elles étaient transportées soit par leur mari, leur frère ou leur père. Le non-respect de cette règle pouvant conduire à des flagellations publiques… Les femmes sont également victimes de fouilles corporelles par les éléments des groupes armés qui contrôlent ces zones. Ces derniers palpent les femmes afin de constater le nombre de perles (communément appelée baya) portées par les femmes à leur tour de hanche, dans le cas où elles porteraient plus de deux perles, les membres des groupes armés ont recours à des flagellations et humiliations publiques ».
Des femmes et jeunes filles contre la « zakat »
« Par ailleurs, dans certaines régions notamment dans la région de Gao, cercle d’Ansongo, une nouvelle tendance documentée fait état de l’enlèvement des femmes et jeunes filles en guise de paiement de la « zakat » dans les villages des communes d’Ansongo et de Ouattagouna. Les familles qui n’ont pas les moyens de payer et qui ne possèdent pas de bétail, sont obligées de donner leurs filles en mariage aux membres des groupes armés. Plusieurs cas d’enlèvement et de viol ont été rapportés dans ce contexte ».
Source : Le Challenger