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Vers la création d’une agence de notation panafricaine : Impact positif sur le Mali

L’évaluation financière des pays est une étape qui influence leur accès aux marchés internationaux et le coût de leurs emprunts. Cependant, les agences de notation internationales suscitent des inquiétudes quant à l’évaluation des risques de crédit des pays africains. Face à ces préoccupations, l’Union africaine (UA) envisage de créer sa propre agence de notation financière panafricaine en 2024, ce qui pourrait avoir des répercussions positives sur les facilités d’endettement du Mali et d’autres nations africaines.

Les agences de notation internationales telles que Moody’s, Fitch et S&P Global Ratings jouent un rôle important dans la détermination de la solvabilité des pays. Leurs notations influencent le coût des prêts et des obligations souveraines des États. Cependant, de nombreux dirigeants africains estiment que ces agences n’évaluent pas équitablement le risque de crédit des pays africains et qu’elles sont enclines à les rétrograder abusivement en période de crises, telles que la pandémie de Covid-19, de mouvements politiques comme les coups d’États, ou de situations sécuritaires dégradées.

En 2020, par exemple, 56 % des pays africains notés par au moins l’une des grandes agences d’évaluation ont vu leur notation dégradée, contre une moyenne mondiale de 31 %. Selon les dirigeants africains, au moins 20 % des critères de notation des pays africains sont fondés sur des facteurs subjectifs, culturels ou linguistiques, sans lien avec les paramètres économiques. Cette situation entraîne une augmentation du coût du crédit accordé aux pays africains.

L’initiative de l’UA : créer une agence de notation africaine

Face à ces préoccupations, l’Union africaine envisage de créer une nouvelle agence de notation financière panafricaine. Cette agence serait basée sur le continent africain et émettrait ses propres évaluations des risques liés aux prêts accordés aux pays africains. Son objectif principal serait d’ajouter un contexte aux informations que les investisseurs prennent en considération lorsqu’ils octroient des prêts ou achètent des obligations souveraines.

Misheck Mutize, expert principal sur les agences de notation financière auprès de l’UA, interrogé par l’agence Ecofin, a souligné que l’objectif n’était pas de remplacer les grandes agences internationales, mais plutôt d’offrir une diversité d’opinions aux investisseurs. Il a noté que les grandes agences internationales prenaient en compte les avis d’autres agences de notation plus petites, reconnaissant leur avantage dans la compréhension des dynamiques nationales.

L’UA espère lancer cette nouvelle agence de notation financière en 2024, avec un soutien croissant du secteur privé. Cette initiative vise à réduire la dépendance des pays africains à l’égard des évaluations des agences internationales et à fournir une perspective plus équilibrée des risques de crédit en Afrique.

Des répercussions positives pour le Mali

En 2019, Moody’s a attribué au gouvernement de la République du Mali une note d’émetteur B3 en monnaie locale et en devises. Cette notation reflète la perception de la solvabilité du pays à ce moment-là. En septembre 2020, la situation économique du Mali s’est détériorée, conduisant Moody’s à dégrader d’un cran la note souveraine du pays, passant de “B3” à “Caa1”. De plus, la perspective de notation est passée de “stable” à “négative”, indiquant une incertitude accrue quant à l’avenir économique du Mali. Cependant, après une revue en février 2021, Moody’s a ramené la perspective de notation de “négative” à “stable”.

Cette décision a reflété un certain rétablissement de la situation économique du Mali. Malheureusement, en février 2022, la note souveraine du Mali a été de nouveau dégradée, passant de Caa1 à Caa2. De plus, l’agence a mis le Mali sous surveillance. La perspective associée à cette note était négative, indiquant des préoccupations continues concernant la stabilité économique du pays.

Toutefois, en septembre 2022, Moody’s a pris une mesure positive en modifiant la perspective du Mali de “Négative” à “Stable”. La notation est restée à Caa2. Cette décision a été basée sur plusieurs facteurs, notamment la levée des sanctions économiques et financières, le règlement de l’intégralité des impayés de la dette publique et le paiement des intérêts de retard aux investisseurs. Ces mesures ont réduit de manière significative les pertes subies par les investisseurs.

Dans ce contexte, la création de cette agence de notation africaine pourrait donc avoir des répercussions positives sur les facilités d’endettement du Mali et d’autres nations africaines. En remédiant aux inquiétudes concernant l’équité des notations, elle pourrait contribuer à réduire les coûts d’emprunt pour ces pays. De plus, en offrant une meilleure compréhension des dynamiques économiques et des opportunités de financement en Afrique, cette agence pourrait attirer davantage d’investisseurs et stimuler le développement économique.

En définitive, l’initiative de l’UA représente un effort pour diversifier les voix et les perspectives dans le domaine de l’évaluation des risques financiers en Afrique. Elle vise à offrir aux investisseurs une vision plus complète et équilibrée des opportunités d’investissement sur le continent. Pour le Mali et d’autres pays africains, cela pourrait signifier un accès plus favorable aux marchés internationaux de financement et des coûts d’emprunt réduits, contribuant ainsi à renforcer leur stabilité financière.

 

Etienne Fakaba Sissoko

Mali Tribune

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