Dans ce contexte d’insécurité et de forte intensité de conflit, comment sensibiliser et soutenir les ONG dans la lutte contre les violences basées sur le genre perpétrées principalement contre les femmes et les filles ?
C’est pour trouver un début de solution à cette problématique que l’ONG Justice & Dignité pour les Femmes du Sahel (JDWS) dont l’objectif est de mettre fin aux violences basées sur le genre et promouvoir les droits des femmes et des filles au Sahel a organisé une série de panels webinaires consacrés à la généralité sur les VBG et leurs conséquences dans le Sahel ; les enjeux de la lutte contre les violences basées sur le genre dans le contexte de l’insécurité et du terrorisme.
Ces activités qui s’inscrivent dans le cadre de la commémoration du 8 mars, Journée internationale de la femme se veulent un cadre de sensibilisation et de formation sur cette épineuse question dans plusieurs pays du Sahel.
Le dernier cas en date, remonte au samedi 17 mars 2023 et était consacré aux moyens par lesquels les acteurs peuvent tous aider à mettre fin à la violence basée sur le genre dans la région.
Pour animer ledit panel, JDWS avait fait appelle Mme Yacine Bakhoum DIOP, spécialiste en Mobilisation de ressources et partenariats ; Ismael Ag Mohamed, Spécialiste Humanitaire ; et Boubacar TRAORE, WHO Psychologue.
La modération était assurée par Aly Ag MOHAMED, Conseiller technique, administratif et juridique, Europe, Membre fondateur de l’ONG JDWS.
Selon les initiateurs dudit panel, la région du Sahel est l’une des plus pauvres et des plus fragiles au monde. Elle est confrontée à des crises humanitaires, crises structurelles prolongées.
Les conflits sont la principale cause de ces crises humanitaires, qui sont également exacerbées par les déplacements forcés, l’insécurité alimentaire, la malnutrition, les risques naturels, les épidémies et les effets croissants du changement climatique.
En outre, la population civile est de plus en plus victime d’attaques ciblées contre son intégrité et ses moyens de subsistance. Ces attaques comprennent la violence sexuelle et sexiste (VSBG), les abus, les enlèvements et le recrutement d’enfants.
Grace est ses actions, elle a également pu impliquer les communautés à religieuses, les leaders religieux, les leaders communautaires, et aussi publics dans ces campagnes de sensibilisation.
Mais, l’une de ses plus grandes réalisations en ce moment reste le lancement de la plateforme en ligne pour servir de mécanisme de reporting pour les cas de violence basée sur le genre.
Dans cette crise du Sahel qui est aussi une crise humanitaire, il y a les violences basées sur le genre qui sont, en tout cas, un volet important de l’intervention des acteurs humanitaires et des acteurs sur le terrain comme JDWS.
A l’analyse de cette crise que vit le Sahel, il ressort que le terrorisme a un réel impact sur la vie des femmes et de leur épanouissement où elles sont, souvent, ces groupes armés empêchent les femmes de jouir de leur liberté, de bénéficier des services sociaux de base qui y en manquent et aussi en tout cas à beaucoup d’impact sur l’accès à la justice.
Par exemple, dans la zone du Liptako-Gourma, autrement appelé la zone des trois frontières entre le Niger, le Mali et le Burkina-Faso des risques ont été identifiés par les acteurs et par JDWS qui déplore le manque de données sur le nombre de violences qui s’y passent.
Dans un contexte d’insécurité généralisée au nord du Mali, les acteurs humanitaires ont constaté que les filles et les femmes n’ont pas la parole.
Ainsi, les groupes terroristes s’adonnent à des pratiques telles que marier de force des femmes sans leur consentement ou bien faire marier des femmes à des hommes sans le consentement des deux parties.
Les jeunes filles qui n’ont pas atteint l’âge de mariage, ou qui sont à des âges très bas sont mariées de force parce qu’il n’y pas d’Etat.
A cause de l’insécurité liée au terrorisme dans certains villages, pour obtenir une protection, on donne les filles en mariage aux hommes armés.
«Avant tu riais parce que c’était la culture, mais actuellement tu as peur d’être attaqué, tu as peur d’avoir des problèmes avec ces groupes armés donc quand ils viennent tu donnes», témoigne l’un des intervenants.
Pire, aujourd’hui on donne des filles à zakat dans les localités comme Ansongo, Gao, etc.
«Quand les terroristes viennent et que vous n’avez pas autre chose à donner, ils vous obligent à prendre votre fille en échange», poursuit le témoin qui conclut que cette situation prévaut dans d’autres parties du pays.
En somme, il y a des violences dans ces zones ou c’est l’omerta qui est la règle. C’est pourquoi, JDWS qui dispose d’une expertise avérée en la matière s’engage à briser le silence autour de ces violences.
Pour ce faire, elle a besoin de l’accompagnement de l’Etat et des partenaires.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info Matin