Les populations de la ville de Kayes commencent petit à petit à prendre goût à la vaccination contre la Covid-19. Cette campagne de vaccination a été officiellement lancée le 24 mai 2021 à la direction régionale de la protection civile de Kayes par le gouverneur, le colonel Moussa Soumaré, en présence des partenaires techniques et financiers, dont l’OMS et l’Unicef. La région de Kayes a reçu 51.500 doses de vaccin, soit 5.150 flacons.
La Région de Kayes a connu une épidémie depuis le 25 mars 2020, à travers neuf de ses dix districts sanitaires (Kayes, Yélimané, Kéniéba, Kita, Bafoulabé, Diéma, Sagabari, Nioro et Sefeto). Le 1er cas positif de Covid-19 à Kayes a été déclaré le 25 mars 2020. Et depuis cette date jusqu’au 5 juin dernier, la région a enregistré 3.177 cas suspects, dont 1.008 confirmés, 776 guéris (77%) et 14 décès. 187 patients (64 à Kayes, 123 à Kéniéba et 9 à Kita) sont placés sous traitement.
Face à cette situation, une initiative mondiale de prévention par la vaccination a été adoptée par les partenaires de l’AMC-Covax pour faciliter l’accès au vaccin contre la maladie à coronavirus. Le Mali a souscrit à cette initiative et a organisé une campagne de vaccination contre la maladie à Covid-19 dans les districts sanitaires de Sagabari, Kéniéba, Kita, Kayes, Koulikoro, Kati, Kangaba, Kalabancoro, Ségou, Sikasso et les six communes du District de Bamako.
L’objectif général de la vaccination est de réduire la morbidité et la mortalité attribuables à la Covid-19. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’accès au vaccin doit être le plus rapide que possible, en commençant par des personnes les plus à risque en fonction de la situation de l’épidémie. Surtout que la date de péremption des vaccins est fixée au mois de juillet 2021. La région bénéficie également de l’appui technique et financier de l’Unicef pour la réalisation des activités de prévention et de lutte contre ces maladies.
Notre équipe de reportage a visité certains centres de vaccination notamment au Camp militaire Mamadou Lamine Dramé, à la direction régionale de la protection civile, à l’hôpital régional Fousseyni Daou, au Centre de santé de référence (CSRef) et au Centre de santé communautaire (Cscom de Khasso).
En ce temps ensoleillé du vendredi 4 juin 2021, les gens qui se rendent au Camp militaire doivent se livrer d’abord à un exercice : se laver les mains au savon sous le regard discret d’un soldat. Après avoir observé ces mesures barrières, le chef d’équipe Mahamadou Sanogo nous a expliqué que sur les 100 doses qui ont été mises à leur disposition, il ne reste plus que 20.
L’affluence a un peu baissé ces derniers temps dans son centre à cause de la multiplication d’autres centres de vaccination à travers la ville. à titre indicatif, son équipe a vacciné 46 personnes en une semaine. Il a souligné qu’après la levée du mot d’ordre de grève par l’UNTM, les autorités administratives et sanitaires ont décidé d’ouvrir des centres au niveau des structures sanitaires publiques (hôpital, CSRef et Cscom).
Après le Camp militaire, on a mis le cap sur la protection civile où opèrent, le lieutenant Mahamadou Sissako et ses éléments. «La vaccination se déroule bien. L’affluence est faible parce que la vaccination se fait actuellement dans plusieurs endroits. Nous pouvons administrer 15 à 16 doses par jour. Aujourd’hui, nous n’avons pas encore commencé, car nous attendons nos doses de vaccin. C’est le Cscom de Khasso qui doit nous ravitailler», a expliqué le lieutenant Mahamadou Sissako.
S’agissant des effets secondaires provoqués par l’administration de la première dose, ce chef de centre a déclaré que quelques cas de céphalées et de fièvre ont été signalés à son équipe qui a pu soulager les patients avec succès.
à notre arrivée dans ce centre, trois personnes, dont un chef de service régional, étaient en attente d’être vaccinées. «C’est une bonne chose. Surtout si on parvenait à parcourir l’ensemble du territoire, bien vrai que le risque zéro n’existe pas», s’est réjoui Guémo Kassogué, chef de la Mission culturelle. Modibo Gory quant à lui a estimé que les autorités doivent intensifier la campagne de sensibilisation et d’information, notamment à travers les sketches pour que les gens acceptent la vaccination.
Non loin de la protection civile, se trouve l’Hôpital régional Fousseyni Dao qui abrite un centre de vaccination. Ici, tout comme au quartier de Khasso, l’équipe mène ses activités dans une salle confortable. L’équipe avait déjà administré 141 doses. «Rien ne nous manque ici. Nous n’avons recensé aucun cas d’effet secondaire jusque-là. Les gens viennent petit à petit. Ils ont besoin d’informations», a commenté Mme Traoré Oumou Coulibaly, membre de l’équipe de vaccination de cet hôpital régional.
Au CSRef, les agents chargés de la vaccination du centre de Légal-Ségou étaient à pied d’œuvre et échangeaient avec les candidats à la vaccination sur l’importance de la campagne. Ils ont reçu 82 doses entre le lundi 31 mai et le vendredi 4 juin 2021. «Les gens commencent à venir.
Surtout que le Développement social fait de la sensibilisation en ville», a affirmé Mody Sakho, coordinateur du Programme élargi de vaccination (Pev) au CSRef de Kayes. Selon Sakho, les populations n’avaient pas compris l’importance de cette campagne et ce sont les agents de santé qui viennent pour la vaccination. Nous avons rencontré Hamadi Kane du Développement social qui était venu se faire vacciner. «C’est bien. Nous encourageons les gens à fréquenter ces centres. Il n’y a aucune crainte par rapport au vaccin», a-t-il assuré.
Après lui, la dame Cely Diop a déploré la campagne d’intoxication en cours pour faire croire aux populations que ce vaccin est mortel. «La Covid tue. Et le seul remède contre cette pandémie, c’est le vaccin», a-t-elle soutenu.
Nous avons achevé notre périple du jour par le Centre de santé communautaire de Khasso. Ici, Mme Camara Fatoumata Siby et ses collègues accomplissent leur mission avec fierté et ne ménagent aucun effort pour mettre leurs interlocuteurs à l’aise.
Dès que quelqu’un entre dans la salle, un membre de l’équipe lui montre une chaise pour s’asseoir. Mme Camara Fatoumata Siby a déploré la faible affluence dans ce centre qui n’avait pas dépassé la trentaine avant vendredi dernier. On a croisé un homme qui racontait ses démêlées au poste frontalier où les éléments sont stricts sur le respect des mesures barrières. Sur ces entrefaites, il tentait de convaincre ses vis-à-vis de l’importance de la vaccination.
De son côté, le médecin-chef du CSRef de Kayes a exprimé sa satisfaction par rapport à l’adhésion progressive des habitants de la Cité des rails à la campagne de vaccination. La campagne se déroule timidement dans la Région de Kayes, malgré la réticence d’une bonne partie de la population à cause de la peur entretenue par certains médias et les réseaux sociaux.
Depuis le lancement officiel de cette campagne, il n’y a pas de bousculade devant les points de vaccination. Apparemment, beaucoup de gens sont désabusés par certains médias et les réseaux sociaux qui leur balancent à longueur de journée des rumeurs et fausses informations sur «la qualité des vaccins» mis à la disposition des 520 vaccinateurs répartis en 260 équipes au niveau de la région.
«Si vous voulez que cette campagne réussisse, il faut que l’administration, en l’occurrence le gouverneur, et les agents de la santé, donnent l’exemple, en se mettant sur la première ligne. Cela va rassurer les populations», a lancé un leader communautaire ayant requis l’anonymat. Certains, par contre, préfèrent se faire vacciner en dernière position, juste le temps pour eux de voir si les produits ne présentent pas de danger chez les «cobayes», c’est-à-dire les gens qui passent en première position.
Le colonel Moussa Soumaré a exhorté les acteurs à renforcer le plaidoyer auprès des différentes couches de la société en vue d’obtenir leur engagement en faveur de la vaccination. Il a également préconisé la gestion des rumeurs et des fausses informations au niveau communautaire, dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Bandé Moussa SISSOKO
Amap-Kayes