Le Mali a un riche patrimoine culturel. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest le pays repose sur des coutumes et traditions qui font la fierté
des maliens à travers le monde. Chaque ethnie a sa culture, propre à elle, et se distingue par elle. Mais, toutes les familles partagent certaines pratiques, qu’elles ont en commun. En effet, depuis plus d’une centaine d’années, les Maliens ont su conserver et préserver celle-ci: retrouver un enfant perdu avec le Tamani ou N’tama en bambara, instrument de musique traditionnel. Il est aussi appelé tambour aisselle, xaat en sérère ou Talking Drum en Anglais.
A travers ce reportage à Bamako, Actusen vous fait de découvrir, avec l’aide d’un griot, les secrets de ce fascinant instrument qui, apparemment, résiste au temps.
Il est 20 heures, dans un quartier de la Commune 5 de Bamako. La Capitale a 6 communes qui regroupent chacune une dizaine de quartiers. Nous sommes un Dimanche soir, moment qui convient à notre interlocuteur. A cause de son métier, le griot du quartier Ousseynou Camara, passe ses journées entre baptêmes, mariages et autres cérémonies.
Il nous reçoit chez lui, entouré de sa femme et de ses enfants. La cinquantaine, il s’est mis dans un grand boubou léger comme pour affronter la chaleur ardente, même après le coucher du soleil, aux dernières heures de la nuit. Ici, c’est la grande famille, plus de 5 gamins jouent ensemble dans la cour en plus d’un autre que la maman fait téter. Installé confortablement sur des chaises au style malien, Camara explique l’utilité du Tamani.
Le « Tamani » est le meilleur moyen pour retrouver un enfant perdu
Depuis les temps ancestraux, le Tamani est utilisé par les griots dans différentes occasions. Il a pu résister aux nouvelles technologies de l’information et de la Communication. Le Tamani est en un tambour en sablier avec son bâton. Il produit un son particulier, très finement, à tel point que l’on dit qu’il parle. En plus des cérémonies, le Tamani est aussi utilisé pour annoncer d’autres nouvelles.
« Quand un enfant se perd, avant d’aller à la radio, on pense d’abord au N’tama. Réservé aux hommes, il consiste à battre l’instrument en faisant le tour de plusieurs quartiers, aux alentours. Ainsi, la population est informée par le batteur de la disparition de l’enfant. Avec le son du Tamani qui a énormément de rythme, chacun tend l’oreille et entend le message du batteur », explique Camara.
Il joue un rôle important dans la société. Il est l’un des anciens instruments utiles de nos jours. Malgré l’évolution du monde, le Tamani ne cesse de s’affirmer, ici, au Mali.
« C’est une très vieille habitude, nous apprend t-il. La nouvelle passe aussi rapidement dans les familles, puisque beaucoup de personnes n’écoutent pas la radio. Le batteur décrit le physique de l’enfant, sa tenue, son identité, et son lieu de résidence»
Tout au long de son parcours, d’autres enfants, au son du Tamani, accompagnent le batteur avec des applaudissements. Ce qui donne une ambiance festive à leur passage.
Tout le long de la procession, poursuit le griot, le batteur ou n’tama fola, en Bambara, demande à quiconque trouve un enfant perdu, correspondant à sa description de l’amener chez le chef de quartier ou à la police.
Ensuite, le chef de quartier ou la police sont aussi avisés et ces derniers pourront ramener l’enfant chez lui, s’il est retrouvé.
Cadeaux offerts au batteur en guise de remerciement
Une fois l’enfant retrouvé, les parents, le cœur rempli de joie, offrent des cadeaux au batteur pour le remercier selon leur niveau de vie. Ainsi un lien se crée entre eux. Ils deviennent même des amis grâce au Tamani, selon Camara.
Quelques heures plus tard, une petite fraicheur commence à s’installer. Mais notre conversation est interrompue par la gouvernante de la maison qui demande quelque chose à son patron. Ousseynou en profite pour prendre des nouvelles d’un vieux batteur de Tamani à sa femme.
Le Tamani ne sert pas uniquement à retrouver les enfants perdus. Cet instrument est surtout présent dans les grands événements. Il suffit de le battre pour que la personne mette la main à la poche aussitôt quand on chante ses louanges. Un véritable business se développe autour du Tamani.
source : Actusen.com