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Utilisation abusive des réseaux sociaux : Le procureur général Idrissa Arizo Maiga hausse le ton

Les effets collatéraux des réseaux sociaux ne sont plus à démontrer. Quel regard la justice porte-t-elle sur leur utilisation ?  Le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maiga,  fait le constat que ‘’les réseaux sociaux sont devenus chez nous le moyen le plus usité pour véhiculer les venins de la médisance, de la méchanceté et de la bêtise’’.

 

A la tribune de la 2ème  session ordinaire de la cour d’assises qui a ouvert ses travaux le  28 octobre  2019,  le procureur général près la Cour d’appel de Bamako,  Idrissa Arizo Maiga, est revenu largement sur des nouvelles facettes de l’actualité judiciaire dans le pays. Faisant cas de l’utilisation abusive des réseaux sociaux, il s’est attaqué également à ce qu’il convient d’appeler désormais une banalisation de la violence. « Au constat de la revue statistique des affaires proposées à l’examen de la Cour, il apparait clairement la prépondérance et la propagation de la violence comme mode d’expression de beaucoup de nos concitoyens », a fait remarquer le procureur Maiga.

Suivant ses explications, ‘’sous des formes multiples et variées, ses manifestations les plus graves vont de l’atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle à travers : assassinat, coups mortels, meurtre, coups et blessures volontaires aggravés, terrorisme, viol en bande, pédophilie, etc.’’ Selon lui, ‘’toutes infractions qui, il y a peu, étaient considérés comme extrême, à cause de leur rareté, mais qui aujourd’hui à cause de leur fréquence, et par leur récurrence inclinent à leur banalisation, parfois, au fait divers’’.

Plus qu’une remarque, le procureur démontre que de nos jours ‘’l’habitude ayant fait son effet, toutes ses cruautés émeuvent de moins en moins le citoyen lambda, la tendance à la cécité collective, à l’indifférence glaçante, l’absence totale de considération pour l’autre, l’insouciance malsaine et la propension à la déshumanisation des mœurs, inquiètent et doivent interpeller’’.

Quelle doit être la marche à suivre face à cette nouvelle donne ? Le procureur estime que ‘’la posture de la justice face au crime doit être constante, inébranlable et inflexible pour réparer ce qui peut encore l’être, et sanctionner lourdement au besoin’’.

Cas de publicité donnée aux crimes

De l’intervention du procureur Idrissa Arizo Maiga, on peut comprendre l’autre modalité de la violence. Celle qui, selon lui, ‘’consiste en la publicité donnée aux crimes les plus horribles par leur mise en ligne, sur les réseaux sociaux : viols collectifs en bande, assassinat, phénomène fâcheux selon l’usage qu’on en fait, et dans la plupart des cas, c’est pour se délecter du malheur des autres’’.

Haro sur  les réseaux sociaux

Alors qu’ils sont devenus des outils de communication pour certains, les réseaux sociaux sont également utilisés à  d’autres fins. « Source de progrès pour les esprits sains, les réseaux sociaux sont devenus chez nous le moyen le plus usité pour véhiculer les venins de la médisance, de la méchanceté et de la bêtise. Rançon de la démocratie, ils en sont devenus chez nous les premières tumeurs malignes mais aussi un instrument, privilégié aux mains d’esprits retors, qui s’en servent sans précaution pour laisser libre cours à leurs épanchements de bile contre des citoyens dont ils achèvent de détruire la vie à jamais : plusieurs cas de viols collectifs à Bamako mis en ligne sont des exemples illustratifs », a déploré le procureur général près la cour d’appel de Bamako.

Que faire face à de telles dérives ? Pour le procureur Maiga, ‘’le remède unique à ses dérives, à ses tares sociales qui, envahissent l’espace public de nos sociétés, comme une génération spontanée, reste l’application rigoureuse de la loi’’.

Comme une invite, il a laissé entendre que ‘’les juges doivent déchirer les voiles de l’indifférence et de l’habitude contrairement aux citoyens ordinaires, qui semblent s’en accommoder, là où il n’y a que du mépris à leur réserver’’.

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