Un vrai faux capitaine de l’armée malienne venu intervenir auprès du commissariat de police du 11e arrondissement en faveur d’un taximan a été rattrapé par la vérité et mis à la disposition de la police militaire. Ledit taximan avait été nuitamment arrêté par la patrouille sans papier aucun, ni immatriculation, sinon une note signée du capitaine Sékou Diarra de la Sécurité d’état demandant à ses collègues en uniforme  d’être indulgents à l’égard de son chauffeur. Non rassurés, les patrouilleurs le mirent aux arrêts d’où l’intervention de son employeur qui a présenté deux pièces contradictoires, notamment un permis de conduire selon lequel il est soldat de 2e classe et une carte professionnelle qui dit qu’ il est capitaine.

Au cours de sa ronde habituelle dans son secteur, l’équipe de patrouille du 11e arrondissement a interpellé à Kalaban coura, tard dans la nuit de samedi, un taximan au volant de son véhicule et l’a conduit à la base pour vérification d’identité. Il avait été sifflé et sommé de présenter ses pièces et celles de son taxi.

Pour tout papier, le taximan a présenté aux agents, un bout de note signé du capitaine Sékou Diarra, en service à la Sécurité d’état(SE). Sur cette feuille, « l’officier » demande à ses collègues en uniforme d’être indulgents envers son chauffeur. Celui-ci paraissait assez suspect aux yeux des policiers pour être libéré en l’état. Il est conduit devant le commissaire. Le lendemain matin, le signataire de la note, c’est- à- dire le capitaine en personne se présente à l’agent en charge de l’enquête. Celui-ci rend les honneurs dûs à un supérieur hiérarchique. Le capitaine Sékou Diarra expose l’objet de sa visite.

L’enquêteur, respectueux de la hiérarchie lui demande la carte grise du taxi. Le capitaine répond que celle-ci est retenue au niveau du service des impôts pour non paiement d’impôt. Le policier lui conseille de vite désintéresser le fisc pour venir ensuite lui présenter la carte pour lui faciliter le travail. Sur ce, le capitaine se retire. Lundi, en raison de  l’absence de l’enquêteur principal pour raison de repos, c’est un collègue qui a pris le dossier en main. Dans le bureau de celui-ci, c’est le capitaine qui fit le garde vous pour l’inspecteur de police, ce qui a intrigué ce dernier. «  Où sont vos pièces ? » Sékou Diarra exhibe sans le lui remettre, un badge non signé et non cacheté. C’était trop maigre.

L’inspecteur l’invite à repasser plus tard pour en discuter avec  le titulaire du dossier. Le capitaine Diarra va voir le commissaire qui lui répète les mêmes choses. Dans l’après-midi, au retour du titulaire du dossier, revoilà le capitaine. Invité à produire ses pièces, il présente deux documents différents. Il possédait une nouvelle carte professionnelle qui n’a rien de commun  avec le badge présenté le matin à  l’inspecteur de police. Ladite carte est parfaitement cachetée et signée du colonel Pangassy au nom du capitaine Sékou Diarra, en service au camp Soundiata de Kati. L’autre document produit par le capitaine est un permis de conduire sur lequel il est soldat de 2e classe, toutefois, c’est le même Sékou Diarra.

Quel document fait foi ? Interrogé sur cette question, il a commencé à balbutier ses réponses et quand les autres agents se sont retirés, il implora l’indulgence de l’enquêteur au nom du lien de cousinage entre Diarra et Traoré. Qui se cache au fait derrière le capitaine Sékou ou le soldat de 2e classe ? Un vagabond, usurpateur de titre. Il est assez connu des archives pour ce jeu dangereux. Dans une Brigade de gendarmerie, il s’est dit commissaire de police et dans un commissariat de police, il est devenu capitaine de l’armée. Sékou a été remis à la police militaire, jugée plus compétente.

Au regard de la célérité avec laquelle il a produit ses faux documents administratifs, Sékou pourrait bien cacher un vaste réseau de faussaires. La police militaire saura t-elle le démanteler ? Là réside la question.

Dénis T Théra 

Source: Autre presse